SAN FRANCISCO – La maladie de Huntington, appelée aussi chorée de Huntington, est une maladie héréditaire dans laquelle les cellules nerveuses du cerveau se détériorent progressivement. La maladie entraîne des mouvements incontrôlés, des problèmes émotionnels et une perte de la capacité de penser (cognition). Il n’existe pour le moment pas de médicament ou traitement permettant de guérir de la maladie même si certaines mesures aident à mieux prendre en charge la maladie et ses symptômes. La maladie de Huntington à l’âge adulte, la forme la plus courante de ce trouble, apparaît généralement dans la trentaine ou la quarantaine. Les personnes atteintes de cette forme adulte vivent généralement 15 à 20 ans après l’apparition des premiers signes et des symptômes1. Mais les choses pourraient changer grâce au fol espoir de la thérapie génique, notamment l’extinction de gène (gene silencing en anglais).
Graves symptômes, chorée
Les premiers signes et symptômes de la maladie de Huntington peuvent inclure l’irritabilité, la dépression, de petits mouvements involontaires, une mauvaise coordination et des difficultés à apprendre de nouvelles informations ou à prendre des décisions. De nombreuses personnes atteintes de la maladie de Huntington développent des mouvements saccadés ou des secousses involontaires connus sous le nom de chorée. À mesure que la maladie progresse, ces mouvements deviennent plus prononcés. Les personnes touchées peuvent avoir des difficultés à marcher, à parler et à avaler2.
Une maladie génétique
On reçoit de nos parents notre code génétique, c’est-à-dire l’ADN. La maladie de Huntington est une maladie héréditaire dite dominante. Cela signifie que si le gène codant pour la maladie est présent sur notre ADN, la maladie se développe dans 100% des cas. L’ADN est transformé dans nos cellules en ARN. Cette dernière est responsable de la production de protéines. Dans le détail, la maladie mène à des mutations du gène HTT qui provoque la maladie. Le gène HTT fournit des instructions pour la fabrication d’une protéine appelée huntingtine. Bien que la fonction de cette protéine ne soit pas claire, elle semble jouer un rôle important dans les cellules nerveuses neurones du cerveau. La protéine huntingtine est anormalement allongée, elle est coupée en fragments plus petits et toxiques qui se lient entre eux et s’accumulent dans les neurones, perturbant les fonctions normales de ces cellules. La maladie de Huntington touche environ 3 à 7 personnes sur 100’000, d’ascendance européenne. Aux Etats-Unis, actuellement environ 30’000 personnes souffrent de la maladie3.
Extinction de gène (gene silencing)
Comme la protéine huntingtine, codée par l’ADN, s’avère toxique. Une idée est de rendre le gène silencieux en “collant” sur l’ADN un petit bout d’ADN pour l’empêcher de fabriquer de l’ARN ou en “collant” sur l’ARN un autre bout d’ARN (ex. RNAi, miRNA, siRNA) pour l’empêcher de produire des protéines. En français on parle d’extinction de gène, en anglais gene silencing. Des entreprises travaillent sur cette thérapie tout simplement révolutionnaire. C’est notamment le cas du Dr. Dietrich Stephan, interrogé dans l’émission TechNation de la NPR (radio publique américaine) en octobre 20214. Le scientifique à la tête de l’entreprise NeuBase basée à Pittsburgh aux Etats-Unis développant notamment cette technologie expliquait qu’il devrait bientôt être possible de pouvoir rendre ce gène silencieux. En fait, l’idée dans ce cas précis est d’inactiver l’ARN codant pour la protéine huntingtine. Selon lui, le traitement génétique pris en injection devrait commencer si possible avant l’apparition des premiers symptômes pour limiter au maximum la destruction de neurones. En septembre 2022, le traitement mis au point par sa société se trouvait en phase préclinique5.
Milliers d’autres maladies génétiques rares
La technologie de l’extinction de gène peut être utilisée pour guérir des milliers d’autres maladies génétiques. De nombreux espoirs sont permis. Mais il y a aussi des coups durs, comme une étude clinique sur des êtres humains qui a été arrêtée en septembre 2021 par la FDA (agence américaine des médicaments) à cause de cas de cancers dans une autre étude détectés sur une grande majorité de souris un an après qu’elles aient reçu la thérapie génique en question6. De toute façon, pour les patients atteints de ces milliers de maladies génétiques rares, ces nouvelles technologies sont leur seul espoir. Les vaccins à ARN contre la Covid-19 (Pfizer, Moderna) qui ont permis de sauver des centaines de milliers de vies démontrent que les thérapies basées sur l’ADN et l’ARN sont probablement l’avenir de la médecine.
Par Xavier Gruffat (pharmacien dipl. de l’Ecole Polytechnique de Zurich, dipl MBA). Source principale : NPR (radio publique américaine de grande qualité). Autres sources : U.S. National Library of Medicine, Healthline.com, Neubasetherapeutics.com, The Economist. Lire aussi les références dans l’article et en bas de l’article. Relecture (Seheno Harinjato, rédactrice chez Creapharma.ch). Crédit photo : Adobe Stock.
Dernière mise à jour : 11.09.2022
Références scientifiques et bibliographie :
- Dossier sur la maladie d’Huntington des U.S. National Library of Medicine, accédé par Creapharma.ch le 26.10.2021
- Dossier sur la maladie d’Huntington des U.S. National Library of Medicine, accédé par Creapharma.ch le 26.10.2021
- Rarediseases.org, site accédé par Creapharma.ch le 26 octobre 2021
- KQED, une radio affiliée à la NPR basée à San Francisco produisant l’émission TechNation. Lien accédé par Creapharma.ch le 26.10.2021
- Site Internet de Neubasetherapeutics.com, accédé par Creapharma.ch le 12 septembre 2022
- U.S. FDA Placed a Clinical Hold on BMN 307 Phearless Phase 1/2 Gene Therapy Study in Adults with PKU Based on Interim Pre-clinical Study Findings, 5 septembre 2021, accédé par Creapharma.ch le 26 octobre 2021