Le cannabis à l’adolescence peut entraîner de l’anxiété chez l’adulte (étude sur des souris)

BARCELONE – Une nouvelle étude menée sur des souris a montré que l’exposition au cannabis et au stress pendant l’adolescence peut entraîner des troubles anxieux à long terme, caractérisés par la présence d’une peur pathologique. Les travaux menés par le Laboratoire de Neuropharmacologie NeuroPhar de l’Université Pompeu Fabra en Espagne, sous la direction des chercheurs Fernando Berrendero, actuellement à l’Université Francisco de Vitoria, et Rafael Maldonado, ont été publiés dans le journal Neuropharmacology le 8 janvier 2019 (DOI : 10.1016/j.neuropharm.2018.11.016).

Drogue illicite la plus consommée au monde

Le cannabis reste la drogue illicite la plus consommée dans le monde. Son utilisation régulière commence souvent à l’adolescence, ce qui est particulièrement troublant, car cette période est cruciale pour que le cerveau puisse bien mûrir grâce à la réorganisation des synapses neuronales.

Risque d’apparition de maladies psychiatriques à l’âge adulte

De nombreuses données précliniques et épidémiologiques suggèrent que l’exposition aux cannabinoïdes chez les adolescents peut augmenter le risque d’apparition de maladies psychiatriques à l’âge adulte comme la schizophrénie. Les résultats du Plan national antidrogue montrent une augmentation de la consommation de cannabis et une étude récente montre que, ces dernières années, la perception du risque lié à la consommation de cannabis a diminué chez les jeunes, de 12 à 17 ans, le groupe d’âge examiné dans cet article.

Altération de « l’extinction de la peur »

« Dans cette recherche, nous avons étudié les effets de l’exposition simultanée au Δ9-tétrahydrocannabinol (THC), qui est principalement responsable des propriétés psychoactives du cannabis et du stress pendant l’adolescence », a expliqué M.Rocio Saravia et M. Marc Ten-Blanco, premiers auteurs de l’article. Plus précisément, ils ont étudié comment cette exposition pendant l’adolescence affecte l’extinction du souvenir de la peur chez les souris adultes.

Pour ce faire, un stimulus qui devrait être neutre, comme cela pourrait être le cas, par exemple, en voyant le dentiste en blouse blanche, est associé à un stimulus menaçant, qui serait la douleur que nous avons ressentie lors de visites antérieures chez le dentiste, et qui provoque une réaction de peur. Normalement, les réactions de peur diminuent avec le temps à mesure que le stimulus conditionné cesse d’être associé à l’expérience négative. C’est ce qu’on appelle l’extinction de la peur. Mais lorsque l’extinction de la peur ne se produit pas correctement, des troubles anxieux tels que le syndrome de stress post-traumatique, des phobies ou des crises de panique apparaissent.

Le stress, un facteur aggravant

« Nous avons observé que les souris adolescentes traitées au THC et exposées au stress présentaient une extinction de la peur altérée à l’âge adulte. Cependant, cet effet n’a pas été observé chez les animaux exposés séparément à ces deux mêmes facteurs », explique M. Fernando Berrendero. De plus, la résistance à l’extinction de la peur a été associée à une diminution de l’activité neuronale dans l’amygdale basolatérale et le cortex préfrontal infralimbique, ce qui suggère une dérégulation à long terme du circuit régulateur de la peur.

« Nos résultats mettent en évidence l’influence de facteurs environnementaux tels que le stress sur les effets nocifs de l’exposition au cannabis pendant la petite enfance et suggèrent que les conséquences de l’usage précoce du cannabis dépendent largement de l’environnement de son utilisation », ajoute M. Rafael Maldonado, professeur titulaire de pharmacologie à la FPU. « La présence de situations de stress, courantes chez les consommateurs de cette substance, peut aggraver les effets nocifs du cannabis », conclut-il.

Le 9 janvier 2019. Par la rédaction de Creapharma.ch (supervision scientifique par Xavier Gruffat, pharmacien). Sources : Communiqué de presse de l’étude (en anglais). Référence : Neuropharmacology (DOI : 10.1016/j.neuropharm.2018.11.016).

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 09.01.2019
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