La bière sans alcool – appelée en terme marketing 0.0 (ou NA de l’anglais : Non-Alcoholic) – est toujours plus consommée dans le monde. De 2022 à 2023 les ventes de bière, vins et spiritueux ont augmenté de 32% aux Etats-Unis1. Dans certains pays comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, ces boissons représentaient environ 10% des ventes de bière à la fin 2019, selon The Economist. Au niveau mondial, en 2022 les boissons sans alcool comme les bières ou vins représentaient moins de 1% de toutes les ventes d’alcool. Même si ce chiffre est bas, le grand groupe de bière belge AB InBev s’attend à ce que les bières sans ou à faible teneur en alcool (moins de 3,5% en volume) représentent 20% des ventes globales d’ici 2025. Les ventes de bière sans alcool sont en augmentation dans de nombreux pays, il suffit de voir les rayons de supermarchés toujours plus remplis de bière à 0% (ou moins de 0,5%) en teneur d’alcool. Autrefois réservée aux femmes enceintes et à certains groupes religieux, la bière sans alcool semble faire finalement une véritable percée dans la population.
Bière sans alcool
Aux Etats-Unis en tout cas, pour qu’une bière puisse être qualifiée de sans alcool, elle doit avoir moins de 0,5% d’alcool. Traditionnellement les marques de bière utilisaient des méthodes de filtration ou de distillation pour enlever l’alcool de ces boissons. Mais des techniques plus récentes permettent de modifier le processus de fermentation, pour faire en sorte que le sucre de la boisson de ne se transforme pas en alcool.
Deux raisons probables à ce succès
L’augmentation des ventes de bière sans alcool est probablement liée à deux raisons. La première est que le goût des bières sans alcool en comparaison avec celles avec alcool a été fortement amélioré comme on l’a vu ci-dessus ces dernières années. Il est vrai qu’on sent encore une différence mais sauf peut-être pour des passionnés ou spécialistes, les bières sans alcool sont tout à fait “buvables”. Certains vont même jusqu’à affirmer qu’il n’y a presque plus aucune différence de goût entre une bière avec ou sans alcool. D’ailleurs les marques de bière l’ont bien compris, en adoptant le même nom que la bière originale (ex. Heineken avec alcool et Heineken sans alcool). A l’époque les bières sans alcool portaient souvent un autre nom que la bière avec alcool.
La deuxième raison est une tendance de fond, les jeunes ont moins envie de boire d’alcool cherchant un mode de vie plus sain que leurs aînés. Dans la plupart des pays d’Occident (Amérique du nord, Europe), les adolescents commencent à boire de l’alcool plus tard qu’à l’époque, toujours selon The Economist. Les jeunes adultes âgés entre 20 et 40 ans boivent aussi moins d’alcool. En l’an 2000, 47% de la population mondiale buvait de l’alcool (au moins une boisson alcoolisée par année) contre 43% en 2016, selon l’OMS. Les fabricants de bière semblent l’avoir bien compris puisqu’environ 50 marques de bière de la société Heineken – l’un des leaders dans le monde de ce secteur – ont désormais une bière de la marque sans alcool.
Bière plus chère à produire
Il faut savoir qu’une bière sans alcool est plus chère à produire qu’une bière normale, car il faut rajouter une étape de production en retirant l’alcool en tout cas pour la méthode traditionnelle. Dans beaucoup de pays le fabricant de bière peut vendre une bière sans alcool au même prix plus ou moins qu’une avec alcool, notamment car les taxes ou impôts sur l’alcool ont de facto disparu.
Peu calorique
Un avantage de la bière avec – et surtout sans alcool – en comparaison avec d’autres boissons, sauf l’eau, est sa faible quantité de calories. Cela en fait une boisson idéale pour la belle saison. Pour votre prochaine fête, pensez aussi à acheter de la bière sans alcool, vos invités pourront ainsi prendre le volant sans aucun risque. Et surtout ils vont vivre statistiquement plus longtemps, surtout si l’habitude de boire moins d’alcool perdure.
Bon pour la santé
C’est une bonne nouvelle d’un point de vue médical, car une consommation excessive d’alcool peut diminuer de 20 ans l’espérance de vie, ce qui est bien plus que le tabac qui diminue l’espérance de vie en moyenne d’une dizaine d’années. Il faut savoir que l’alcool, même en petite quantité, est carcinogène (provoque le cancer). L’alcool tue par maladies (ex. hépatite) ou accidents 3,3 millions de personnes par an dans le monde, selon l’OMS. Et dans une bière, l’alcool est la seule substance véritablement néfaste pour la santé. Si elle est fortement réduite, c’est un clair avantage pour la santé. Il faut savoir qu’environ 80% des personnes qui achètent des boissons sans alcool achètent aussi des boissons alcooliques, selon des données américaines2. Autrement dit, pour ces personnes même une petite diminution de la consommation s’avère bénéfique. Il semble que certains consommateurs boivent aussi moins de sodas et plus de bières sans alcool, un autre avantage pour la santé. Selon une étude de 20243 réalisée par Molly Bowdring, psychologue clinique à la prestigieuse université de Stanford, plus de la moitié des personnes qui buvaient des bières ou autres boissons alcooliques sans alcool (ou moins de 0,5%) rapportaient qu’elles consommaient moins d’alcool pour cette raison.
Mise en garde
Dans certains cas, les bières sans alcool, qui peuvent comme on l’a vu contenir jusqu’à 0,5% d’alcool, ne sont pas recommandées. Il s’agit notamment des personnes dépendantes à l’alcool (alcoolodépendance) qui sont en cure de désintoxication. Parfois, même une faible quantité d’alcool peut faire replonger dans l’addiction une personne sobre. Les femmes enceintes ne devraient également pas consommer de la bière (ou toute autre boisson alcoolique) sans alcool ou à faible quantité d’alcool. Car cette substance est néfaste pour l’enfant à naître même en très petite quantité. Finalement, certaines personnes atteintes de maladies comme l’épilepsie ne peuvent jamais consommer d’alcool même en quantité infime.
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Article mis à jour le 1er septembre 2024. Par Xavier Gruffat. Source principale : The Economist – Source secondaire : Magazine Superinteressante, France 2, The New York Times. Infographie : Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch). Relecture : Seheno Harinjato (Rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies)
Références scientifiques et bibliographie :
- The New York Times, via le journal brésilien Estado de S.Paulo du 31 août 2024
- The New York Times, via le journal brésilien Estado de S.Paulo du 31 août 2024
- DOI : 10.1111/add.16452