Maniaco-dépression (trouble bipolaire)

Dernière mise à jour le : 7 août 2024
Révision médicale par : Xavier Gruffat, pharmacien

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Définition

Définition de la maniaco-dépressionLa maniaco-dépression ou trouble bipolaire (terme moderne) est une maladie caractérisée par un trouble chronique de l’humeur, raison pour laquelle la maniaco-dépression est également appelée trouble thymique. Cette maladie provoque des variations intenses de l’humeur1, mais affecte aussi, le mode de pensée, le niveau d’énergie et le comportement. En effet, le préfixe « bi » dans le terme « trouble bipolaire » se rapporte à l’incohérence entre ces sauts d’humeur qui peuvent se traduire autant par un sentiment de grand bonheur que de tristesse et de désespoir. Le malade passe par des phases caractéristiques que sont la manie et la dépression. Il y a également des phases mixtes et des intervalles libres où le patient n’est ni maniaque ni dépressif.

Trouble bipolaire, terme préféré
Au cours des dernières décennies, le monde médical, en particulier le domaine de la psychiatrie, a délibérément cessé d’utiliser les termes « maladie maniaco-dépressive » ou « maniaco-dépression » pour qualifier le trouble bipolaire. La raison principale est que l’appellation « maniaco-dépression » peut se rapporter à un large éventail d’état de santé mentale et trouble bipolaire permet d’avoir plus de précision dans le diagnostic. De même, il existe trop de stigmates et de négativité associés aux termes « maniaque » et « manie », sans compter le fait que le terme « dépression » soit parfois utilisé avec désinvolture pour décrire un état de tristesse qui ne correspond pas à une dépression clinique.

Il existe en réalité deux types de troubles bipolaires : le trouble bipolaire I et II. Ces types se différencient par l’intensité de la phase maniaque ainsi que de sa durée.

Trouble bipolaire I

Le trouble bipolaire I est caractérisé par des phases maniaques ou mixtes qui apparaissent régulièrement. La phase dépressive peut être présente ou non. Bien que la phase dépressive ne revienne pas forcément, le malade a dû avoir durant sa vie une période dépressive. Pour être diagnostiqué comme bipolaire I, les épisodes maniaques doivent durer au moins 7 jours ou être si graves qu’une hospitalisation est requise. Lorsqu’elles existent, les épisodes de dépression durent généralement au moins deux semaines.

La manie est un état caractérisé par une humeur anormalement élevée ou irritable ainsi que des changements extrêmes au niveau des émotions, des pensées, de l’énergie, de la loquacité et du niveau d’activité. Ce changement varie de légers à graves et peut durer des jours, des semaines voire des mois. Il diffère de la personnalité habituelle, ce qui le rend perceptible par les autres.

La phase maniaque dure au moins une semaine avec une altération du comportement social ainsi que de la présence d’au moins quatre des symptômes suivants :

– comportement excessif, sans notion de limite

– agitation

– estime de soi exagérée, idée de grandeur

– assaillement d’idées, trop grande créativité

– besoin de sommeil diminué, insomnie rebelle

– facilité de contact, mais de manière exagérée

– distraction

Les personnes qui se trouvent dans un état maniaque peuvent avoir un comportement imprudent, source de préjudice physique, social ou financier comme les dépenses excessives, les pratiques sexuelles à risque, la consommation excessive d’alcool ou de drogues, la conduite dangereuse ou encore d’autres activités et prises de décisions imprudentes.

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De façon occasionnelle, des symptômes psychotiques comme les délires ou des hallucinations peuvent apparaître, ce qui peut parfois rendre le diagnostic plus difficile, notamment à cause de certaines similarités avec la schizophrénie ou le trouble schizo-affectif.

Trouble bipolaire II

En cas de trouble bipolaire II, le malade passe par des phases hypomaniaques et dépressives.

La phase maniaque dure au moins une semaine avec une altération du comportement social ainsi que de la présence d’au moins quatre des symptômes suivants :

– comportement excessif, sans notion de limite

– agitation

– estime de soi exagérée, idée de grandeur

– assaillement d’idées, trop grande créativité

– besoin de sommeil diminué, insomnie rebelle

– facilité de contact, mais de manière exagérée

– distraction

La phase hypomaniaque ressemble à la phase maniaque sauf en ce qui concerne l’intensité. En effet, la phase hypomaniaque n’altère pas le fonctionnement social. De plus, elle ne dure pas aussi longtemps.

Bien que l’hypomanie soit moins handicapante que la manie, le trouble bipolaire II est souvent plus débilitant que le trouble bipolaire I, car la dépression chronique associée est plus fréquente.

La phase mixte, comme son nom l’indique associe les symptômes de la manie et de la dépression.

La phase dépressive est caractérisée par un ralentissement de l’activité physique et psychique, une grande fatigue, une perte de goût des activités quotidiennes. Une grande tristesse envahit le malade jusqu’à insinuer une envie de suicide. La phase dépressive peut commencer insidieusement et sans crier gare, au tournant d’une phase maniaque.

Il est important de noter que le patient aura également, entre ses phases maniaco-dépressives, des phases neutres, ou aucun symptôme de la maladie n’est présent.

On peut encore noter le cas particulier du trouble bipolaire à cycles rapides (appelé trouble cyclothymique). Ce trouble bipolaire est caractérisé par la survenue de 4 épisodes maniaco-dépressive par an au moins. Les personnes atteintes ont un état d’humeur chroniquement instable et connaissent une hypomanie et une légère dépression pendant au moins deux ans. Les personnes atteintes de cyclothymie peuvent avoir de brèves périodes d’humeur normale (euthymie), mais ces périodes durent moins de huit semaines. Dans ce cas, le traitement de choix sera différent. Le médecin utilisera plutôt la carbamazépine que les sels de lithium, car ces derniers sont inefficaces en cas de trouble bipolaire à cycles rapides.

Il existe d’autres troubles bipolaires et apparentés spécifiés et non spécifiés Autres troubles bipolaires et apparentés spécifiés et non spécifiés. Si une personne ne répond pas aux critères diagnostiques de la bipolarité I, II ou de la cyclothymie, mais qu’elle a quand même connu des périodes d’élévation anormale de l’humeur cliniquement significatifs, on considère qu’il s’agit d’un autre trouble bipolaire spécifié ou non spécifié.

Trouble de la personnalité limite (borderline) et trouble bipolaire, quelles différences ?

Bien que le trouble de la personnalité limite (TPL) et le trouble bipolaire présentent des symptômes similaires et sont souvent confondus l’un avec l’autre, il s’agit d’affections distinctes.

Le TPL implique une période de longue date de changements brusques et momentanés d’humeur, de comportement et d’image de soi, souvent déclenchés par des conflits dans les interactions avec d’autres personnes. L’automutilation non suicidaire est également fréquente dans le TPL, mais pas dans le trouble bipolaire.

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Le trouble bipolaire est différent du TPL, car il implique des épisodes distincts et de plus longue durée de manie (on parle aussi d’hypomanie) ou de dépression. Plusieurs éléments peuvent déclencher des épisodes maniaques ou dépressifs, comme les changements de sommeil, le stress, les médicaments et la consommation de substances.

Causes

Causes maniaco-dépressionLes personnes atteintes de troubles bipolaires présentent des changements physiques dans leur cerveau, bien qu’aucune cause spécifique ne soit connue1. Cependant, il existe un facteur génétique qui semble jouer un rôle. Il semblerait que l’expression ou la non-expression de certains gènes soient une des causes d’apparition d’un trouble bipolaire. Cela aurait des conséquences sur la transmission du flux nerveux par les neurotransmetteurs, ainsi que sur les hormones. Le médecin recherche d’ailleurs des antécédents familiaux chez un malade, avant de poser un diagnostic de maniaco-dépression.

En effet, les personnes dont un membre de la famille proche (du premier degré) est atteint de trouble bipolaire, courent un risque 10 fois plus élevé de développer une maniaco-dépression que le reste de la population. Le risque de souffrir d’une maniaco-dépression est de plus ou moins 2% dans la population non à risque. Ainsi, chez les personnes avec des antécédents familiaux, le risque peut augmenter à 20%.

Notons que les facteurs environnementaux ne sont pas des causes en soi, mais des facteurs déclenchants chez les personnes déjà fragiles au niveau génétique. Ces facteurs peuvent être le stress, le manque de sommeil, la consommation de substances excitantes et/ou illicites, comme les drogues, l’alcool fort et en excès. Les moments difficiles de la vie, comme le deuil, les difficultés conjugales, sociales ou professionnels, carence affective et agression sexuelle peuvent précipiter une personne fragilisée dans la maladie.

Un problème majeur chez les personnes maniaco-dépressive, est le fait qu’en phase dépressive, leur manque d’estime de soi peut les pousser à consommer davantage d’alcool ou parfois même de la drogue et les entraine inexorablement vers une dépression plus profonde.

Il y a autant d’hommes que de femmes atteints de maniaco-dépression.

L’inflammation, cause de la dépression
Certains chercheurs estiment que la dépression et notamment la maniaco-dépression pourraient avoir, chez certains patients, une origine inflammatoire. En effet, des scientifiques ont observé que 40% des malades psychiatriques (y compris la maniaco-dépression) avaient des taux trop élevés de molécules typiques d’une réaction inflammatoire (ex. cytokine, protéine C réactive) dans leur sang.
C’est pourquoi des psychiatres n’hésitent plus à prescrire des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’aspirine ou le célécoxib pour soigner la dépression. Lire davantage dans la partie traitement

Personnes à risque

Les personnes à risque de développer une maniaco-dépression sont les personnes dont un membre de la famille proche souffre déjà de maniaco-dépression, car c’est une maladie touchant les personnes ayant des prédispositions génétiques.

Les autres facteurs de risque sont l’environnement social, professionnel et familial. C’est-à-dire l’histoire de la personne. Qu’a-t-elle vécu de dramatique (deuil, viol), de stressant (mobbing, surcharge au travail)? Tous ces événements qui vont déclencher la maladie chez des personnes génétiquement disposées à la maniaco-dépression. Notons bien que ces facteurs ne représentent pas les causes de la maladie, mais bien des facteurs déclenchants.

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Il est important de remarquer que le déni de la maladie aussi bien par le malade que son entourage proche retarde la prise en charge du patient, aggravant davantage la maladie. La mise en place rapide d’un traitement médicamenteux et un soutien psychologique réduit fortement la durée et l’intensité des crises aussi bien maniaques que dépressives. On améliore donc la qualité de vie de la personne maniaco-dépressive, ainsi que la qualité de vie de ses proches. De plus, on évite les comorbidités (consommation excessive d’alcool, abus de drogues) et les conséquences induites par ces dernières et les complications de la maladie, comme le risque suicidaire, notamment. Ainsi, avant de juger une personne et de l’étiqueter alcoolique ou toxicomane, il faudrait avant tout vérifier que cette personne ne souffre pas de trouble bipolaire, par exemple.

L’âge moyen d’apparition est de 25 ans, mais, plus rarement, il peut commencer dès la petite enfance ou aussi tard que dans la quarantaine ou la cinquantaine.

Symptômes

Lors de maniaco-dépression, le malade passe par différents épisodes maniaques et dépressifs. Le malade vit des périodes neutres également. Ces épisodes neutres sont des intervalles libres où le patient n’est ni maniaque ni dépressif.

Un aspect important des changements d’humeur est qu’ils s’éloignent de votre état habituel et que le changement d’humeur se maintient pendant une longue période. Cela peut durer plusieurs jours ou semaines dans le cas de la manie et plusieurs semaines ou mois dans le cas de la dépression.

Les phases maniaques durent en tout cas une semaine et peuvent englober les symptômes suivants :

– diminution du besoin de sommeil, insomnie ;

– agitation ;

– idée de grandeur, estime de soi exagérée ;

– facilité de contact, perturbation sociale ;

– idées qui défilent, très grande créativité ;

– distractibilité ;

– comportement excessif, disparition des limites sociales ;

– hallucinations, délires (dans les épisodes maniaques les plus graves) ;

– changements d’humeur soudains et graves, comme passer de la joie à la colère et à l’hostilité ;

– discours rapide et pensées qui s’emballent ;

– augmentation de l’énergie et diminution du besoin de sommeil ;

– impulsivité accrue ;

– comportement imprudent et risqué.

Le comportement excessif peut résulter en un état euphorique intense (de pur bonheur) ou au contraire de grande irritabilité.

Les épisodes hypomaniaques durent plus de 4 jours. Les hallucinations sont toujours absentes.

Certaines personnes atteintes de trouble bipolaire présentent des symptômes de type maniaque plus légers. C’est ce qu’on appelle l’hypomanie. Avec l’hypomanie, vous pouvez vous sentir très bien et trouver que vous pouvez faire beaucoup de choses. Les personnes hypomanes peuvent souvent bien fonctionner dans des situations sociales ou au travail.

Pendant un épisode hypomaniaque, il est possible de ne pas avoir l’impression que quelque chose ne va pas. Mais les proches peuvent remarquer les sautes d’humeur et les changements de niveau d’activité et de pensée qui sont inhabituels. Après l’hypomanie, vous pourriez connaître une dépression sévère.

Les phases dépressives, en général plus graves que les phases maniaques1, sont caractérisées par les symptômes suivants :

– grande tristesse inexpliquée et croissante ;

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– grand désespoir, douleur morale, fatigue ;

– pleurs incontrôlables ;

– autodépréciation continuelle, auto-culpabilisation exagérée ;

– difficulté à se mouvoir, à aller de l’avant (ralentissement moteur) ;

– difficulté à trouver des nouvelles idées à se concentrer ou à prendre des décisions (ralentissement psychique) ;

– difficulté d’endormissement, réveil précoce ;

– difficulté, peu d’envie de s’alimenter ;

– difficulté à parler, s’exprimer, à se faire comprendre ;

– aucun dynamisme, manque de motivation ;

– sentiments de désespoir ou d’inutilité ;

– irritabilité ;

– idée suicidaire.

Lors de trouble bipolaire I, le patient passe par des épisodes maniaques récurrents avec ou sans épisodes dépressifs.

En cas de trouble bipolaire II, le patient passe par des épisodes hypomaniaques avec des épisodes dépressifs.

Episodes 
Les troubles dépressifs appelés épisodes peuvent durer plusieurs jours, ses semaines ou même des mois, comme les troubles maniaques1

En cas d’épisodes maniaques excessifs ou au contraire de profonde douleur morale, le malade peut avoir des idées suicidaires. Les tentatives de suicide peuvent être spontanées aussi bien que mûrement réfléchies. Il est aussi possible que les malades commettent des homicides en voulant sauver leurs proches et en se suicidant après. Ceci dans l’idée de sauver leurs proches.

La plupart du temps, les personnes qui vivent un épisode maniaque ne sont pas conscientes des conséquences négatives de leurs actions. Avec le trouble bipolaire (maniaco-dépression), le suicide est un danger omniprésent – certaines personnes deviennent suicidaires lors des épisodes maniaques, et pas seulement lors des épisodes dépressifs.

Si une personne connaît un épisode maniaque intense, surtout si elle a des hallucinations et des délires, elle peut avoir besoin d’être hospitalisée pour se protéger et protéger les autres d’un danger éventuel.

Diagnostic

Le diagnostic de la maniaco-dépression consiste en la récolte des symptômes présentés par le patient. Le médecin, suite aux différentes plaintes du patient, essayera de déterminer en premier lieu d’autres possibilités des dérangements intellectuels, somatiques ou psychotiques.

En clair, le médecin essayera de voir les différentes causes possibles d’un cycle menstruel perturbé ou la survenue d’une insomnie rebelle ainsi qu’un refus marqué de s’alimenter.

Une fois assuré de tout cela, le médecin pourra poser un diagnostic dit différentiel, de trouble bipolaire, c’est-à-dire qu’il aura exclu d’autres maladies.

Les symptômes d’une maniaco-dépression sont tout de même bien caractéristiques : ce balancement de l’humeur d’un extrême à l’autre, de la manie à la dépression profonde. Comme ces épisodes surviennent en général l’un après l’autre avec des périodes neutres (intervalles libres), le médecin devra être très vigilant et attentif à ces différents signaux. À côté des symptômes de manie et de dépression, le médecin tiendra également compte des addictions (alcools, drogues), des troubles alimentaires, de l’insomnie ainsi que des troubles digestifs comme la constipation et autres.

Le médecin prendra également en compte les antécédents familiaux, vu que la maniaco-dépression peut avoir une origine héréditaire, bien que cela ne soit pas encore bien expliqué scientifiquement. Il est important que le médecin recherche aussi bien les antécédents maniaco-dépressifs dans la famille proche, ainsi que d’autres signes comme l’anorexie, les suicides et tentative(s) de suicide, les troubles comportements comme les TOC (Troubles obsessionnels compulsifs) ou encore les troubles alimentaires.

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Complications

En cas de trouble bipolaire, c’est surtout le fonctionnement social de la personne malade qui est affecté. Il ne faut pas négliger les aspects physiologiques comme la qualité du sommeil, l’alimentation ou encore le cycle menstruel chez la femme maniaco-dépressive.

La complication principale de la maniaco-dépression est l’envie suicidaire ainsi que le risque d’homicide de proches dans l’idée de sauver son entourage et soi-même. L’homicide étant en général suivi du suicide du malade. Le suicide peut être soigneusement prémédité ou au contraire survenir spontanément. Cette complication majeure représente un défi social important.

À cela s’ajoutent les comorbidités. Les personnes souffrant de maniaco-dépression peuvent verser dans la consommation excessive d’alcool, de stimulants et autres drogues illicites, avec les conséquences que cela implique (profonde dépression, euphorie, danger de la route, hallucinations,…)

Le malade est souvent très fortement angoissé. Cela l’amène à être hypocondriaque (ayant toujours peur d’être malade, d’attraper tous les virus et bactéries du monde). Ces angoisses profondes peuvent s’aggraver et l’amener vers un état de délires hallucinatoires.

En cas de phase dépressive, le patient pourra être sous-alimenté, vu son rejet de l’alimentation et perdre du poids. Une anémie peut survenir, à cause des manques. Il est possible que le malade devienne anorexique. Des troubles urinaires peuvent également survenir du à la déshydratation. Ceci étant bien sûr lié au trouble alimentaire.

Sa difficulté d’endormissement ainsi ses réveils précoces pousseront le malade vers un état dépressif encore plus profond, ne l’aidant pas à s’en sortir. L’insomnie étant un indice pour le médecin pour poser un diagnostic. L’amélioration du sommeil est aussi un marqueur permettant de juger de l’amélioration de l’état du malade.

Comme beaucoup de personnes dépressives de sexe féminin, des complications au niveau du cycle menstruel, avec absence de règles (aménorrhée) peuvent survenir.

Chez l’homme comme chez la femme maniaco-dépressif, il peut survenir un trouble de la libido.

Traitements

Le traitement de la maniaco-dépression pour les adultes consiste à :

– traiter autant les phases maniaques et dépressives de la maladie ;

– prévenir les rechutes des épisodes maniaques et dépressives ;

– prévenir les complications comme le risque suicidaire.

La prise de médicaments diminue fortement la période maniaque. Cette dernière passe de 6 mois en général à 6 semaines au maximum.

Suivant la gravité des épisodes maniaques et dépressifs, le médecin aura recours à la prescription de différents médicaments psychotiques, à la psychothérapie. Lorsque l’intensité de la phase maniaque est très forte, elle peut devenir une urgence médicale et demander une hospitalisation. Lorsque le traitement médicamenteux est inefficace, le médecin peut passer à d’autres molécules ou à une association médicamenteuse. Quand cela reste sans résultat, il peut également avoir recours à l’électroconvulsivothérapie.

Médicaments contre la maniaco-dépression

Il existe différents médicaments contre la maniaco-dépression :

– Les médicaments thymorégulateurs ou régulateurs de l’humeur comme les sels de lithium, le valproate de sodium, le divalproex sodique, la carbamazépine et la lamotrigine.

– Les antipsychotiques atypiques comme l’olanzapine, l’aripiprazole, la rispéridone, la lurasidone, l’asénapine, la quétiapine ou le ziprasidone.

Remarquons que le valproate (attention contre indiqué chez la femme en âge de procréer), la carbamazépine et la lamotrigine sont utilisés habituellement contre l’épilepsie.

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Les médecins suivent des schémas de prise en charge de la maladie et donneront en première intention, les sels de lithium, plutôt que la carbamazépine par exemple. Cependant, lorsque le trouble bipolaire est à cycle rapide, le médecin prescrira la carbamazépine en première intention, car les sels de lithium sont inefficaces.

Ces médicaments ont des effets secondaires parfois importants, raison pour laquelle différents suivis seront proposés au patient pour éviter les toxicités, une attaque hépatique (du foie), par exemple.

Les médicaments pour la thyroïde peuvent aussi parfois agir comme des stabilisateurs d’humeur. Des études ont montré des résultats positifs dans la réduction des symptômes chez les personnes atteintes de troubles bipolaires difficiles à traiter et à cycle rapide.

La phase dépressive est traitée parfois avec des antidépresseurs1.

Les prestataires de soins de santé prescrivent souvent des neuroleptiques (antipsychotiques) de deuxième génération ou atypiques en association avec un stabilisateur d’humeur pour les personnes atteintes de trouble bipolaire. Ces médicaments aident à la fois les épisodes maniaques et dépressifs.

Les signes suivants sont des signes de toxicité du lithium (surdosage en lithium). Appelez immédiatement votre médecin ou rendez-vous aux urgences les plus proches si vous présentez les symptômes suivants :

– Vision floue ou une vision double.

– Pouls irrégulier.

– Battements cardiaques extrêmement rapides ou lents.

– Difficulté à respirer.

– Confusion et étourdissements.

– Tremblements ou convulsions sévères.

– Excrétion de grandes quantités de pipi.

– Mouvements incontrôlés des yeux.

– Ecchymoses ou saignements inhabituels.

Il faut retenir que les médicaments pour le trouble bipolaire doivent être pris de façon constante, comme prescrit.

De même, n’arrêtez jamais de prendre vos médicaments à moins que votre fournisseur de soins de santé ne vous dise de le faire. L’arrêt brutal des médicaments peut provoquer des effets secondaires graves et déclencher des épisodes sévères.

Électroconvulsithérapie

L’électroconvulsithérapie est effectuée à l’hôpital, sous anesthésie générale. Elle s’effectue durant 1 mois, 1mois et demi à raison de trois séances par semaine. Elle consiste en l’application d’un courant électrique (très connu sous le nom d’électrochoc). Ces décharges électriques permettent de calmer les patients, qui lors d’épisodes maniaques sont très confus et souvent très agités. Ce traitement était répandu autrefois, car les médecins disposaient de peu de médicaments.

Stimulation magnétique transcrânienne (SMT)

Cette thérapie fait appel à une courte bobine électromagnétique qui fait passer un courant électrique dans le cerveau. Les prestataires de soins de santé l’utilisent parfois pour traiter la dépression résistante aux médicaments. Il s’agit d’une alternative à l’ECT. La TMS n’est pas douloureuse et ne nécessite pas d’anesthésie générale.

Traitement de la dépression à base d’anti-inflammatoires

Comme on l’a vu dans la rubrique causes, la maniaco-dépression pourrait avoir une origine inflammatoire chez environ 40% des patients. Ceux-ci et seulement ceux qui présentent une quantité anormale de molécules inflammatoires (citokines, protéine C réactive) dans leur sang peuvent profiter de l’effet anti-inflammatoire de certains médicaments. Autrement dit, chez les patients qui n’ont pas de molécules inflammatoires en excès dans leur sang, un traitement à base d’anti-inflammatoires est inefficace.

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Les traitements utilisés pour soigner la maniaco-dépression chez les individus avec un profil inflammatoire sont surtout des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’aspirine et le célécoxib. Dans certains cas, les médecins ont observé qu’après quelques jours de traitement à base d’AINS les symptômes dépressifs étaient nettement réduits. Les AINS peuvent être associés à des traitements classiques comme le lithium.

Traitement à la kétamine
La kétamine, un anesthésique, administrée à faibles doses par voie intraveineuse, s’est avérée avoir des effets antidépresseurs et anti-suicidaires à court terme chez les personnes atteintes de troubles bipolaires.

Privation de sommeil lors de dépression
dépression symptômeLa privation de sommeil (en anglais sleep deprivation) peut s’avérer être une méthode efficace en tout cas chez une partie des patients. La privation de sommeil peut être partielle (dormir 3 à 4 heures suivi par un réveil forcé pendant 20 à 21 heures) ou totale (privation de sommeil pendant 36 heures). En effet, une méta-analyse ou revue d’études publiée en 2017 a montré que la privation de sommeil partielle ou totale permettait de réduire rapidement les symptômes de la dépression chez environ 50% des patients souffrant de la maladie. Cette étude a été réalisée par des chercheurs du Perelman School of Medicine à l’Université de Pennsylvanie (University of Pennsylvania) aux Etats-Unis. L’avantage de la privation de sommeil par rapport aux antidépresseurs est sa rapidité, en effet les antidépresseurs (chimiques) mettent souvent des semaines avant d’être efficaces alors que la privation de sommeil mène à des effets sur les symptômes de la dépression souvent en moins de 24 heures.
Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs américains ont analysé 66 études publiées sur une période de 36 ans (après l’année 1974 comprise). Cette étude a été publiée le 19 septembre 2017 dans le journal scientifique Journal of Clinical Psychiatry (DOI : 10.4088/JCP.16r11332). Lire davantage

La psychothérapie ou thérapie par la parole

La psychothérapie est un terme qui désigne une variété de techniques de traitement visant à vous aider à identifier et à modifier les émotions, les pensées et les comportements troublants. Travailler avec un professionnel de la santé mentale, tel qu’un psychologue ou un psychiatre, peut vous apporter, à vous et à votre famille, soutien, éducation et conseils.

La psychoéducation

La psychoéducation est la façon dont les professionnels de la santé mentale enseignent aux gens leur état de santé mentale. Le trouble bipolaire étant une affection complexe, le fait d’apprendre à connaître cette affection et la façon dont elle peut affecter la vie peut aider le patient et ses proches à mieux la gérer et à y faire face.

Thérapie du rythme interpersonnel et social (IPSRT)

Cette thérapie est conçue pour aider à améliorer les humeurs en comprenant et en travaillant avec les rythmes biologiques et sociaux de la personne traitée. L’IPSRT est une thérapie efficace pour les personnes atteintes de troubles de l’humeur, y compris le trouble bipolaire. Elle met l’accent sur les techniques permettant d’améliorer l’observance du traitement (prise régulière des médicaments), de gérer les événements stressants de la vie et de réduire les perturbations des rythmes sociaux (différences quotidiennes dans les comportements habituels). L’IPSRT enseigne des compétences qui permettent de se protéger contre le développement de futurs épisodes maniaques ou dépressifs.

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Thérapie axée sur la famille

Cette thérapie s’adresse aux adultes et aux enfants atteints de troubles bipolaires et à leurs aidants. Au cours de ce traitement, les proches vont participer à des séances de thérapie comprenant une psychoéducation sur le trouble bipolaire, un entraînement à l’amélioration de la communication et un entraînement aux techniques de résolution de problèmes.

Thérapie cognitivo-comportementale (TCC)

Il s’agit d’un type de thérapie structurée et axée sur les objectifs. Le thérapeute ou psychologue aide à examiner de près les pensées et les émotions. L’objectif est de parvenir à comprendre comment les pensées affectent les actions. Grâce à la TCC, le patient peut désapprendre les pensées et les comportements négatifs et apprendre à adopter des schémas et des habitudes de pensée plus saines.

Bons conseils

Lors de maniaco-dépression, que l’on soit dans la phase maniaque ou dépressive, il est impératif d’accepter sa maladie et de prendre ses médicaments correctement. Ceci est d’autant plus important que le traitement a pour objectif d’améliorer la qualité de vie du malade, mais également de prévenir les accès de manie ou de profonde dépression et de lui permettre de vie sa vie le plus normalement possible.

Il est également important que le malade, ainsi que son entourage comprennent bien la maladie et ses différentes phases (manie, hypomanie, dépression, intervalle libre), afin de le soutenir et de l’encourager.

La personne atteinte de trouble bipolaire est de loin pas folle. Bien que les causes de la maladie ne soient pas encore bien définies, il faut absolument qu’elle accepte son état et qu’elle prenne ses médicaments. La compliance étant un facteur primordial au succès du traitement.

De plus, si un traitement ne semble pas lui convenir, à cause d’une faible efficacité ou encore de trop nombreux effets secondaires, il est absolument essentiel d’en parler à son médecin, à son psychiatre, afin de changer de médicament. Il n’est pas nécessaire de subir les effets secondaires, si ces derniers ne s’atténuent pas avec le temps. Le dosage adéquat du médicament doit être discuté et mis en place entre le patient et le médecin.

Par ailleurs, il est essentiel d’arrêter de boire et de consommer du tabac, car ils peuvent interférer avec les médicaments que vous pouvez prendre. Ils peuvent également aggraver le trouble bipolaire et déclencher un épisode d’humeur.

Tenez un journal quotidien ou un tableau d’humeur pour garder une trace de vos pensées, sentiments et comportements quotidiens. Cela peut vous aider à prendre conscience de l’efficacité de votre traitement et/ou vous aider à identifier les déclencheurs potentiels d’épisodes maniaques ou dépressifs.

Maintenez un horaire de sommeil sain. En effet, le trouble bipolaire peut grandement affecter vos habitudes de sommeil et des changements dans votre fréquence de sommeil peuvent même déclencher un épisode. Privilégiez un horaire de sommeil régulier, notamment en vous couchant et en vous levant aux mêmes heures chaque jour.

Faites de l’exercice. Il a été prouvé que l’exercice améliore l’humeur et la santé mentale en général, il peut donc aider à gérer vos symptômes liés au trouble bipolaire. Comme la prise de poids est un effet secondaire courant des médicaments contre le trouble bipolaire, l’exercice peut également aider à gérer le poids.

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La méditation. Il a été démontré que la méditation est efficace pour améliorer la dépression qui fait partie du trouble bipolaire.

Gérez le stress et entretenez des relations saines. Le stress et l’anxiété peuvent aggraver les symptômes de l’humeur chez de nombreuses personnes atteintes de trouble bipolaire. Il est important de gérer votre stress de manière saine et d’essayer d’éliminer les facteurs de stress lorsque vous le pouvez. Une grande partie de cela consiste à entretenir des relations saines avec des amis et des membres de la famille qui vous soutiennent, et à laisser tomber les relations toxiques avec les personnes qui ajoutent du stress à votre vie.

Prévention

Il n’est pas possible de prévenir la maniaco-dépression, vu que les causes de la maladie ne sont pas encore véritablement élucidées. Cependant, des facteurs génétiques seraient un des facteurs causant des troubles bipolaires. Ainsi, si un membre de la famille souffre ou a souffert de troubles bipolaires, il s’agira d’être vigilant et de reconnaître rapidement les symptômes de la maladie, afin que le malade puisse recourir rapidement au traitement.

Afin de ne pas allonger le temps de souffrance de la personne malade, il est primordial que son entourage le soutienne et ne nie pas la maladie. Une prise en charge rapide, qu’elle soit médicamenteuse ou psychologique est un facteur déterminant pour éviter la survenue des crises et diminuer leur intensité. La personne maniaco-dépressive pourra alors mener une vie normale.

La prise correcte des médicaments améliore rapidement l’état du malade en réduisant ses épisodes maniaques et/ou dépressifs à quelques semaines au lieu de quelques mois. On évitera également les complications de la maladie, comme l’anorexie ou encore le risque suicidaire.

À côté du traitement médicament, il sera très conseillé de suivre une psychothérapie et de bien éduquer le patient et son entourage, afin que tout le monde comprenne bien la maladie et ses conséquences.

Ainsi, une bonne prise en charge de la personne maniaco-dépressive et une bonne éducation de l’entourage proche, permettra également d’éviter les comorbidités (abus d’alcool, de substances illicites) et empêchera la personne malade de sombrer plus profondément dans son trouble bipolaire. Médication et information vont donc de pair dans la prise en charge d’une personne maniaco-dépressive.

News (actualités) : 
– La privation de sommeil contre la dépression, une alternative aux antidépresseurs

Nom anglais : 
Bipolar Disorder, Manic Depression (ancien terme)

Crédits photos & Infographies : 
Adobe Stock, Pharmanetis Sàrl

Historique de la mise à jour – Dossier revu médicalement :
– 07.08.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien)

Références scientifiques et bibliographie :

  1. SANJEEV NANDA (M.D.), Mayo Clinic a-z Health Guide, WHAT YOU NEED TO KNOW ABOUT SIGNS, SYMPTOMS, DIAGNOSIS & TREATMENT, 2nd edition, Rochester, Mayo Clinic Press, 2023.

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 07.08.2024
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