Hydroxychloroquine

L’hydroxychloroquine est un agent anti-inflammatoire, immunomodulateur, antiparasitaire et antiviral du groupe des médicaments antipaludiques. Depuis le 1er trimestre 2020, l’hydroxychloroquine a été étudiée pour le traitement de la Covid-19, mais son efficacité n’a pas été établie (plus d’informations ci-dessous sous Remarques).

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Noms de la molécule
Hydroxychloroquine, hydroxychloroquinum, hydroxychloroquini sulfas, hydroxychloroquinsulfat

Chloroquine
L’hydroxychloroquine est structurellement proche de la chloroquine, l’hydroxychloroquine est comme son nom l’indique une chloroquine hydroxylée (hydroxy chloroquine). Plus d’informations à ce sujet ci-dessous sous Remarques

Formule de la molécule : 
C18H26ClN3O

Effets :
L’hydroxychloroquine a des propriétés anti-inflammatoires, immunomodulantes (immunosuppressives), antiparasitaires et antivirales. Elle est photoprotectrice, c’est-à-dire qu’elle réduit la sensibilité de la peau aux rayons UV, comme le relève Pharmawiki.ch.

Effet lors de Covid-19 :
Lors de Covid-19 on estime que l’hydroxychloroquine mène à la production de moins d’endosomes à l’intérieur des cellules humaines. Un endosome contient pour simplifier des virus à l’intérieur des cellules (voir infographie ci-dessous). On estime aussi que les endosomes sont plus petits avec la prise d’hydroxychloroquine que sans. De plus, la molécule augmente le pH à l’intérieur des endosomes. Par conséquent, le virus se reproduit moins dans les cellules humaines. Si le virus ne se reproduit pas dans une cellule, cela bloque les infections virales vers d’autres cellules humaines. Ces effets ne semblent pas se manifester dans son utilisation clinique, mais il faut relever que cette molécule fait polémique dans son utilisation contre la Covid-19.

Indications :
– Prophylaxie et traitement du paludisme (malaria). Remarque : l’hydroxychloroquine est peu efficace contre certaines formes de paludisme.
– Polyarthrite chronique évolutive, polyarthrite rhumatoïde (dans cette indication il faut environ 6 mois pour que la molécule devienne efficace1.
Remarque : dans les thérapies des rhumatismes (ex. PR), l’hydroxychloroquine est souvent associée à des DMARDs ou à des corticoïdes.
Lupus érythémateux disséminé (lupus érythémateux systémique) – Lire aussi : L’hydroxychloroquine n’a pas d’impact significatif sur le rythme cardiaque des patients atteints de lupus (06.11.2020)
Syndrome de Sjögren2.
– Photodermatoses
Off label (pas d’indication officielle) : Covid-19 appelé aussi nouveau coronavirus (lire sous Remarques ci-dessous), attention son efficacité n’est pas prouvée et pourrait même être dangereuse selon les dernières études (lire sous Remarques ci-dessous)
Off label : allergie au soleil

Effets secondaires
L’hydroxychloroquine doit être utilisée avec prudence chez les patients présentant une prolongation de l’intervalle QT congénitale ou acquise et/ou des facteurs de risque connus d’allongement de l’intervalle QT.
Les effets secondaires les plus courants sont les nausées et les douleurs abdominales.
Les autres effets secondaires courants sont les suivants :
– perte d’appétit, vomissements, diarrhée
– troubles psychologiques
mal de tête
– troubles visuels tels que les troubles de l’accommodation et la vision floue (changements dans la vision) ou une rétinopathie pouvant aboutir à une cécité. Lors d’une prise trop élevée d’hydroxychloroquine, un risque grave de rétinopathie peut apparaître, cette effet secondaire peut se manifester 10 à 20 ans après le début de la thérapie3. Grâce à des tests réalisés dans les premières années, il est possible de voir l’impact au niveau de la rétine et d’éventuellement arrêter le médicament.
– démangeaisons, éruptions cutanées (rash en anglais)
– arythmie cardiaque
D’autres effets secondaires peuvent survenir comme l’hépatite médicamenteuse, les lésions de la rétine (surtout à dose importante), des troubles hématologiques comme l’anémie ou une baisse de la concentration des plaquettes.
Pour plus d’informations et la liste complète des effets secondaires, veuillez lire la notice d’emballage du médicament et demandez conseil à votre médecin ou pharmacien.

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Contre-indications :
Le site suisse Pharmawiki.ch résume les principales contre-indications ainsi :
– Hypersensibilité aux 4-aminoquinolines
– Porphyrie
– Anémie hémolytique
– Déficit en glucose-6-phosphate déshydrogénase
– En cas de troubles de la numération globulaire, le traitement doit être interrompu.
– Rétinopathie existante ou limitation du champ visuel
– Myastenia gravis
Psoriasis
– Nourrissons et enfants de moins de 6 ans
En cas d’alcoolisme, il faut être prudent avec la prise d’hydroxychloroquine4.
Pour plus d’informations et la liste complète des contre-indications, veuillez lire la notice d’emballage du médicament.

Interactions
L’hydroxychloroquine a un fort potentiel d’interaction avec divers médicaments, comme le relève le site Pharmawiki.ch. Il s’agit notamment de médicaments toxiques pour le foie, de glucocorticoïdes, de méthotrexate, de digoxine et d’antibiotiques (sélection).
Pour plus d’informations veuillez lire la notice d’emballage du médicament.

Sous quelle forme (formes galéniques) ?
L’hydroxychloroquine est notamment disponible sous forme de comprimés (comprimés filmés).

Médicaments vendus en Suisse (mise à jour : novembre 2022) :
Original :
Plaquenil® (cette marque est également celle commercialisée aux Etats-Unis)
Générique(s) :
Hydroxychloroquine Zentiva®

Remarques :
– La FDA (agence de régulation des médicaments) recommande depuis avril 2020 de n’utiliser l’hydroxychloroquine que chez des patients hospitalisés ou prenant part à des études cliniques5.
– Avant de commencer une thérapie avec l’hydroxychloroquine, il peut être recommandé d’effectuer un examen de la vue. En cas de traitement pendant plus de 5 ans à base de cette molécule, il est également conseillé d’effectuer un examen de la vue annuellement6.

Indication de l’hydroxychloroquine contre la Covid-19
Résumé de l’effet : inexistant ou très faible, autant en prévention qu’en traitement, selon les dernières études publiées – fin juillet 2020 une vaste étude brésilienne a montré la non efficacité de l’hydroxychloroquine autant en prévention qu’en traitement – le puissant journal conservateur The Wall Street Journal, plutôt proche de Donald Trump, estimait dans un article publié le 1er août 2020 que l’hydroxychloroquine n’avait aucun effet contre la Covid-19. En octobre 2020, l’OMS estimait que que l’hydroxychloroquine n’avait pas d’effet significatif contre la Covid-19.
Une étude publiée au Brésil le 7 avril 2020 utilisant l’hydroxychloroquine et portant sur 80 patients n’a pas montré un effet statistiquement positif de l’hydroxychloroquine, comme le relève le principal d’information du Brésil Uol.com.br (rattaché à la Folha de S. Paulo).
Selon le Dr Derek Lowe, une référence scientifique aux Etats-Unis, trois études publiées à la mi-avril 2020 soit deux en Chine et une en France n’ont pas montré une efficacité ou bénéfice de l’hydroxychloroquine7.
Etude publiée dans The Lancet le 22 mai 2020
L’hydroxychloroquine (ou la chloroquine) a été jugée inefficace pour traiter des patients hospitalisés du Covid-19. Ces deux molécules augmentent même le risque de décès et d’arythmie cardiaque. Cette vaste étude portant sur environ 15’000 malades du Covid-19 a été publiée le 22 mai 2020 dans la  prestigieuse revue scientifique The Lancet (DOI : 10.1016/S0140-6736(20)31180-6). Les chercheurs estiment qu’ils n’ont pas été en mesure de confirmer un bénéfice de l’hydroxychloroquine ou de la chloroquine, lorsqu’elles sont utilisées seules ou avec un antibiotique de la famille des macrolides comme l’azithromycine, sur des patients hospitalités du Covid-19. Chacun des schémas thérapeutiques, par exemple hydroxychloroquine seule, chloroquine seule ou en association avec un antibiotique, a été associé à une diminution de la survie à l’hôpital et à une augmentation de la fréquence des arythmies ventriculaires quand utilisés contre le Covid-19. Les résultats de cette étude mènent logiquement à déconseiller l’utilisation de l’hydroxychloroquine ou la chloroquine en thérapie, c’est-à-dire lorsque les patients présentent des symptômes du Covid-19.
Etude peu favorable à l’efficacité de l’hydroxychloroquine en prévention sur des sujets en bonne santé (3 juin 2020)
Une nouvelle étude américaine publiée le 3 juin 2020 est arrivée à la conclusion que l’hydroxychloroquine – un médicament développé à l’origine contre la malaria – ne protège pas les personnes en contact avec celles infectées par le SARS-CoV-2 (le virus à l’origine du Covid-19). Autrement dit, ce médicament ne semble pas avoir d’effet préventif en tout cas chez des personnes jeunes et en bonne santé. Dans leur étude, les scientifiques ont prescrit l’hydroxychloroquine à des personnes qui avaient été à proximité d’une personne infectée de façon avérée pendant au moins 10 minutes sans protection de la bouche ou des yeux à une distance inférieure à 1,80 mètre. Plus tard, les personnes concernées sont tombées elles-mêmes malades avec le Covid-19 avec la même probabilité que les personnes de contact qui avaient reçu un faux médicament inefficace (placebo). Les scientifiques ont publié leur étude le 3 juin 2020 dans le journal The New England Journal of Medicine (DOI : 10.1056/NEJMoa2016638). L’équipe de David Boulware, de l’université du Minnesota, a recherché des participants pour son étude sur les canaux de médias sociaux et sur les plateformes de médias traditionnels. Les volontaires ont reçu le médicament par courrier avec la demande de le prendre selon les instructions. L’admission devait avoir lieu au plus tard quatre jours après le contact non protégé. Dans les semaines qui ont suivi, les chercheurs ont interrogé les participants à plusieurs reprises sur leur état de santé. 107 des 821 personnes de contact sont tombées malades avec le Covid-19 dans les 14 jours. La proportion de patients souffrant du Covid-19 était à peu près la même dans les deux groupes – le groupe hydroxychloroquine et le groupe placebo. Par conséquent les chercheurs écrivent dans leur article que l’hydroxychloroquine n’est donc pas adapté à la prévention du Covid-19. Mais une limitation à cette étude provient du fait que les participants étaient principalement jeunes et n’appartenaient à aucun groupe à risque. Il conviendra d’examiner dans le futur si le médicament peut être utilisé à des fins de prévention chez les patients à haut risque.

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Pourquoi les scientifiques et médecins ont-ils pensé à la chloroquine et ses dérivés ?
Depuis des années les scientifiques savent que la chloroquine et ses dérivés comme l’hydroxychloroquine ont un effet in-vitro contre les coronavirus. Au début de la pandémie en Chine (fin 2019 et début 2020) les médecins et scientifiques chinois ont commencé à utiliser ces médicaments.

Trump et hydroxychloroquine
Le président américain Donald Trump a affirmé le lundi 18 mai 2020 prendre de l’hydroxychloroquine à titre préventif (prophylactique) depuis une semaine, comme l’affirmait le Wall Street Journal (WSJ) dans son édition papier du 19 mai 2020. M. Trump a été testé négatif plusieurs fois au Covid-19. Le WSJ, classé à droite et donc plutôt favorable à Donald Trump, relève toutefois dans son article que certains scientifiques ont mis en garde contre son utilisation menant dans certains cas à des effets secondaires dangereux, notamment au niveau cardiaque. Selon ces spécialistes, le 18 mai 2020 d’autres études étaient nécessaires.

Protocole du Prof. Raoult :
Le Prof. Didier Raoult est un scientifique français qui affirmait dans une vidéo publiée sur YouTube le 25 mai 2020 croire encore à l’efficacité de l’hydroxychloroquine si le médicament est pris au tout début de l’infection, soit dès les premiers symptômes. Selon le protocole du Prof. Raoult, à l’IHU Méditerranée, à Marseille en France les patients présentant des pathologies cardiaques à risques étaient ou sont écartés du traitement par hydroxychloroquine et azithromycine par un ou plusieurs électrocardiogramme (ECG). Selon lui, aucun décès par effets secondaires du médicament hydroxychloroquine n’a été constaté à l’IHU Méditerranée sur 3308 malades. Selon le Prof. Raoult, c’est en tout début de l’infection, dès les premiers symptômes, que l’efficacité est maximale. D’où l’intérêt de tester au maximum les patients par des tests PCR. Dans sa vidéo publiée le 25 mai 2020, il affirmait avoir dans son hôpital marseillais le taux de mortalité, de 0,5%, le plus bas au monde. Il est difficile de vérifier ces informations pour le moment.

– En Suisse l’hydroxychloroquine est disponible sous forme de comprimés pelliculés (Plaquenil®, en auto générique Hydroxychloroquine Zentiva® et depuis le mois de mai 2020 en générique provenant du laboratoire Sandoz). En Suisse, jusqu’en mai 2020 il n’existait pas de vrais génériques, par manque de rentabilité comme l’expliquait le site Pharmawiki.ch dans un éditorial en allemand.

Ivermectine :
A la différence de l’hydrochloroquine, en avril 2021 (date de mise à jour de ce dossier), plusieurs études favorables ont montré une efficacité de l’ivermectine contre la Covid-19 (prévention et traitement). Mais l’ivermectine fait polémique et il faudra attendre probablement juin 2021 (étude probable de la FDA américaine selon le Washington Post du 8 avril 2021) pour avoir une position tranchée et définitive.

Différences entre hydroxychloroquine et chloroquine 
– La chloroquine a été développée en premier par l’industrie pharmaceutique, dans les années 19408 ou selon certaines sources même dans les années 19309. L’hydroxychloroquine est apparu par la suite dans les années 1950 comme dérivé oxydé de la chloroquine. Le but de l’hydroxychloroquine était notamment de diminuer la toxicité de la chloroquine, en particulier au niveau oculaire. Un autre objectif était de diminuer la résistance de la chloroquine dans la lutte contre la malaria (paludisme)10.
La chloroquine (Nivaquine®) n’est plus disponible sur le marché suisse depuis l’année 2019.
L’hydroxychloroquine semble moins toxique que la chloroquine, c’est-à-dire présente moins d’effets secondaires graves11.

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News :
Lupus : une dose plus faible d’hydroxychloroquine liée à davantage d’hospitalisations (étude) (13.11.2022)
L’hydroxychloroquine n’a pas d’impact significatif sur le rythme cardiaque des patients atteints de lupus (06.11.2020)

Sources & Références : 
Sources : 
Pharmawiki.ch, France 2 (journal télévisé), Compendium suisse des médicaments, France-Info, UOL.com.br/Folha de S.Paulo, CNN.com, The Wall Street Journal, vidéo YouTube du Prof. Raoult (du 25 mai 2020), Mayo Clinic.
Références :
The Lancet (DOI : 10.1016/S0140-6736(20)31180-6), The New England Journal of Medicine (DOI : 10.1056/NEJMoa2016638)

Crédits photos :
Adobe Stock

Rédaction : 
Xavier Gruffat (pharmacien suisse)

Dernière mise à jour : 
13.11.2022 (sans mise à jour de la partie spécifique à la Covid-19)

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Livre en anglais : Mayo Clinic Guide to Arthritis, Managing joint pain for an active life, Lynne S. Peterson, 2020, Mayo Clinic
  2. Livre en anglais : Mayo Clinic Guide to Arthritis, Managing joint pain for an active life, Lynne S. Peterson, 2020, Mayo Clinic
  3. Congrès ACR, 2022, présentation online (press) de la Dre Jacquelyn Nestor, rhumatologue au Massachusetts General Hospital aux Etats-Unis
  4. Livre en anglais : Mayo Clinic Guide to Arthritis, Managing joint pain for an active life, Lynne S. Peterson, 2020, Mayo Clinic
  5. The Wall Street Journal, édition papier du 19.05.2020
  6. Livre en anglais : Mayo Clinic Guide to Arthritis, Managing joint pain for an active life, Lynne S. Peterson, 2020, Mayo Clinic
  7. Folha de S.Paulo, journal imprimé du 20.04.2020
  8. Le Figaro, consulté le 13 avril 2020
  9. Congrès ACR, 2022, présentation online (press) de la Dre Jacquelyn Nestor, rhumatologue au Massachusetts General Hospital aux Etats-Unis
  10. Folha de S.Paulo du 10 avril 2020 et 18 octobre 2020
  11. The Wall Street Journal, édition papier du 19 mai 2020

Lire aussi :


Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 13.11.2022
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