La goutte est une maladie inflammatoire douloureuse. Dans la plupart des cas, c’est l’articulation de la base du gros orteil (hallux) qui est touchée. Lorsque le corps produit un surplus d’acide urique, des cristaux pointus peuvent se former justement dans le gros orteil ou dans d’autres articulations, provoquant des épisodes de gonflement et de douleur appelés crises de goutte. La maladie peut être extrêmement douloureuse. Elle peut être traitée par des médicaments et des changements dans l’alimentation et le mode de vie. Découvrez 14 questions fréquentes pour vous aider à mieux comprendre cette maladie.
1. Qu’est-ce que la goutte (et la crise de goutte) ?
La goutte est une maladie rhumatologique, inflammatoire et métabolique touchant une ou plusieurs articulations, il s’agit d’une forme d’arthrite. La goutte commence souvent par atteindre l’articulation de la base du gros orteil (environ 50% des cas1) et presque toujours une extrémité articulaire comme les doigts de pieds, les genoux, les coudes ou encore les chevilles. La goutte est provoquée par un dépôt d’acide urique au niveau articulaire qui forme des cristaux d’acide urique très douloureux. L’acide urique est un métabolite final – issu de la transformation des purines, qu’on trouve par exemple dans la viande – et est éliminé par les reins.
Une crise de goutte (en anglais gout flare ou gout attack), le nom donné à la maladie lors de poussée, est caractérisée par des épisodes soudains et graves de douleur, de chaleur et de gonflement dans une articulation. La douleur peut être si forte que même un drap posé sur le pied peut s’avérer douloureux.
Dans notre dossier complet sur la goutte, découvrez plus d’informations sur la définition de la maladie
2. Qui est davantage touché par la goutte (groupes à risque) ?
Les hommes sont plus touchés par la goutte que les femmes. Les sources varient entre un facteur 3 et 20. Cela signifie qu’il y a 3 à 20 fois plus d’hommes ayant la goutte que de femmes. On estime qu’un pour cent des hommes de plus de 40 ans souffrent de goutte, mais dans certains pays avec un taux élevé d’obésité comme les Etats-Unis ce chiffre est bien plus élevé (environ 3 à 4% ou 9,2 millions d’Américains atteints par la goutte2). Lisez la prochaine question pour savoir à quel âge les hommes et femmes développent pour la première fois la maladie
Certaines personnes sont plus susceptibles de souffrir de la goutte si elles ont :
– De l’obésité, ou un excès de poids important ;
– D’une insuffisance cardiaque ;
– Du diabète ;
– Des antécédents familiaux de goutte ;
– De l’hypertension artérielle ;
– Des troubles rénaux.
3. A quel âge apparaît souvent la première crise de goutte ?
La première crise de goutte apparaît chez les hommes souvent entre 30 et 50 ans. Chez les femmes la première crise de goutte apparaît souvent après la ménopause, en général après 60 ans ou même 70 ans. Chez les enfants la maladie est rare, quand elle touche ce groupe d’âge elle est souvent associée à des problèmes métaboliques bien définis.
4. Qu’est-ce qui provoque la goutte au niveau physiologique ?
Le corps humain fabrique de l’acide urique lors de la décomposition de substances chimiques appelées purines présentes dans certains aliments et boissons. Ce sous-produit physiologiquement normal passe à travers les reins et il est éliminé par l’urine.
Parfois, le corps produit trop d’acide urique ou les reins ne parviennent pas à le gérer correctement. Lorsque le corps a des niveaux élevés d’acide urique, ou hyperuricémie (>7mg/dl), les cristaux d’acide urique peuvent se concentrer dans les articulations. Ces cristaux pointus, en forme d’aiguille, provoquent la goutte. Cependant, de nombreuses personnes présentant des taux élevés d’acide urique ne souffrent jamais de la goutte.
5. Quelles sont les principales causes et facteurs à risque de la (crise de) goutte ?
Les principales causes de la crise de goutte, c’est-à-dire pouvant augmenter le taux d’acide urique dans le sang (uricémie), sont :
– Hérédité (cause génétiques)
– Consommation excessive d’alcool (notamment la bière et une consommation trop rapide d’alcool – binge drinking)
– Régime, par exemple manger trop d’aliments riches en purines (ex. viande, fruits de mer)
– Âge
– Genre (les hommes sont plus touchés que les femmes)
– Certaines chirurgies
– Traitement de tumeurs (ex. chimiothérapie ou radiothérapie)
– Obésité
– Prise de certains médicaments (ex. diurétiques)
6. Quels sont les principaux symptômes de la goutte ?
Un épisode de goutte s’appelle une crise de goutte. Elle est extrêmement douloureuse et apparaît soudainement. La douleur est souvent si insupportable qu’il devient impossible de poser le pied par terre, de mettre une chaussure ou de se couvrir d’un drap pour dormir. La douleur est si forte qu’une crise de goutte peut réveiller le patient en pleine nuit.
L’articulation concernée pas la goutte (souvent la base du gros orteil) présente les signes classiques de l’inflammation : une peau rouge, douloureuse, chaude et tuméfiée, d’où l’utilisation particulièrement recommandée d’anti-inflammatoires dans le traitement de la goutte.
Différences entre hommes et femmes
Les hommes et les femmes peuvent ressentir les symptômes de la goutte différemment. Chez les hommes, la douleur se situe généralement dans les extrémités inférieures, comme le gros orteil, la cheville ou le genou. Les femmes ressentent une douleur initiale dans les extrémités supérieures, comme le poignet, les doigts ou le coude1.
7. Combien de temps dure une crise de goutte ?
Une crise de goutte peut durer plusieurs jours, souvent de 3 à 7 jours (certaines sources parlent de 3 à 10 jours3), voire des semaines4. Ensuite la douleur disparaît progressivement. Aux Etats-Unis, la moyenne de la durée d’une crise de goutte est de 4 jours. La douleur dans les articulations est souvent la plus forte dans les premières 12 heures après le début de la crise de goutte. Il faut savoir que même sans traitement, la crise se résorbe en quelques jours et souvent en moins d’une semaine.
8. Comment le médecin diagnostique-t-il la goutte ?
Pour diagnostiquer la goutte, le médecin ou professionnel de la santé peut observer les symptômes ou signes cliniques de cette maladie. La plupart du temps cela suffit, car les symptômes sont assez clairs. Le médecin peut aussi effectuer une ponction au niveau du liquide de l’articulation atteinte par aspiration, la présence de microcristaux d’acide urique (MAU) confirme la goutte. L’analyse de ces cristaux se fait au microscope en général au cabinet médical. Certains spécialistes estiment que cette analyse des cristaux au microscope et l’unique moyen d’établir un diagnostic correct de la goutte. En effet, le taux d’acide urique peut également donner des indications sur le diagnostic, mais de faux diagnostics sont possibles. Le rhumatologue est le médecin spécialiste de la goutte. Mesurer le taux d’acide urique dans le sang peut aussi aider le médecin à identifier de la goutte ou un risque de goutte. De plus, une étude publiée en septembre 2023 (DOI : 10.1002/art.42523) a montré que des niveaux élevés d’acétyles de glycoprotéines (en anglais : glycoprotein acetyls) – un marqueur connu de l’inflammation – étaient présents dans les échantillons de sang des personnes au cours des mois ou des années précédant leurs premières crises de goutte. Les personnes dont les taux d’acétyles des glycoprotéines étaient plus faibles développaient moins souvent la goutte. Les taux élevés d’acétyl glycoprotéines ont également permis de prédire quels participants à l’étude présenteraient des crises de goutte récurrentes5.
9. Quelles sont les principales complications de la goutte ?
Les complications de la goutte sont assez nombreuses, on peut citer tout d’abord les tophi (pluriel de tophus), c’est-à-dire des dépôts de cristaux d’urétates de calcium au niveau des articulations. D’autres complications sont les calculs rénaux ou urinaires, l’insuffisance rénale, des déformations articulaires, des risques plus élevés d’infarctus du myocarde et d’AVC.
Une goutte non traitée peut entraîner des dommages permanents aux articulations.
10. Quels sont les principaux traitements (médicaments) contre la goutte ?
Contre la goutte on distingue deux types de traitements : le traitement de la crise de goutte aidant à contrôler les symptômes et celui qui prévient de futures crises.
Traitement de la crise
Pour contrôler les symptômes et traiter la crise, les principaux médicaments sont :
– les AINS comme l’ibuprofène ou la naproxène en prise orale qui peuvent réduire la douleur et le gonflement. Si possible, essayez avec votre médecin ou pharmacien de trouver la dose efficace la plus faible d’AINS pour diminuer la douleur ou l’inflammation (cela permet notamment de diminuer le risque d’effets secondaires au niveau cardio-vasculaire et gastro-intestinal, y compris à long terme) ;
– la colchicine qui peut réduire l’inflammation et la douleur si ce médicament est prise dans les 24 heures suivant une crise de goutte, attention toutefois à l’effet secondaire qu’est la diarrhée. La colchicine est administrée par voie orale ;
– les corticostéroïdes peuvent soulager la douleur et le gonflement. Ces médicaments sont pris par voie orale (ex. prednisone) ou par injection.
Prévention de la crise
Les médicaments qui aident à réduire les niveaux d’acide urique (en dessous de 6 mg/dL) et agissent par conséquent à prévenir de futures crises sont notamment :
– l’allopurinol, en prise interne (ex. comprimé)
– le febuxostat, en prise interne (ex. comprimé)
– le probénécide, en prise interne (ex. comprimé)
– le pegloticase, administré sous forme de perfusion intraveineuse. Remarque : ce médicament n’est pas disponible dans tous les pays.
11. Comment bien gérer une crise de goutte ?
Lors d’une crise de goutte, vous pouvez suivre les conseils suivants :
– Évitez l’alcool et les boissons sucrées ;
– Buvez beaucoup de liquides ;
– Surélevez l’articulation ou les articulations ;
– Mettez de la glace sur l’articulation ou les articulations ;
– Limitez tout stress sur l’articulation ou les articulations, laissez l’articulation touchée par la goutte au repos pendant au moins 24 heures après le début de la crise ou jusqu’à ce que la douleur cesse.
Si vous avez la goutte, contrôlez vos niveaux d’acide urique chaque 6 mois et ayez comme objectif d’avoir un taux d’acide urique inférieur ou égal 6,0 mg/dl. Lire aussi la question 4.
12. Comment prévenir la goutte ?
Vous pouvez prévenir la goutte en apportant des changements à votre style ou mode de vie :
– Buvez beaucoup d’eau pour aider vos reins à mieux fonctionner et éviter la déshydratation ;
– Faites régulièrement de l’exercice pour garder un poids santé. Un excès de poids augmente l’acide urique dans votre corps et exerce une pression plus importante sur les articulations.
– Faites de votre mieux pour limiter les purines dans votre corps, car ces substances chimiques peuvent déclencher l’accumulation d’acide urique. Les aliments et les boissons contenant des taux élevés de purine incluent : l’alcool, la viande rouge et les abats (le foie, par exemple), les mollusques et crustacés, les sauces, les boissons et aliments riches en fructose (sucre des fruits), les protéines d’origine animale. Toutes les protéines d’origine animale peuvent potentiellement conduire à des niveaux élevés d’acide urique. Lire aussi : Alimentation en cas de goutte
– Certains médicaments peuvent entraîner des taux élevés d’acide urique. Ces médicaments comprennent : les diurétiques, les immunosuppresseurs ou des médicaments utilisés pour ralentir le système immunitaire (courants dans les transplantations d’organes, par exemple).
Il faut savoir que la goutte ne peut pas être guérie, selon les U.S. Centers for Disease Control and Prevention (CDC)6.
13. Quand consulter un médecin ou autre professionnel de la santé ?
Si vous ressentez une douleur soudaine et intense dans une articulation, appelez immédiatement un professionnel de la santé comme votre médecin traitant ou votre rhumatologue. Si l’articulation est chaude et enflammée, vous pourriez justement avoir la goutte – ou un autre problème comme une infection.
14. Est-ce que la goutte est dangereuse ou grave ?
Oui, si la maladie n’est pas traitée correctement. En effet, la goutte peut mener à un endommagement permanent de l’articulation et à une destruction du tissu. Les lésions des articulations et les gros tophi (cristaux sous la peau) peuvent entraîner des déformations – en particulier des mains et des pieds – et peuvent même conduire à la perte de l’usage normal2. Il existe d’autres troubles associés à la goutte non traitée comme des maladies rénales. C’est pourquoi il est si important de maîtriser la maladie à un stade précoce.
Lire notre dossier complet sur la goutte
Dernière mise à jour : 16 novembre 2024. Par Xavier Gruffat (pharmacien). Sources : découvrez les sources directement dans le texte ou sur notre dossier complet sur la goutte. Crédits photos : Adobe Stock.
Références scientifiques et bibliographie :
- Site Internet goutalliance.org, accédé le 9 octobre 2022
- Brochure en anglais “Go for six with gout”, Gout Education Society, 2019 – Alliance for Gout Awareness, juillet 2023
- Newsletter de la Mayo Clinic, Mayo Clinic Health Letter, page 2, édition d’avril 2017 parlant notamment de la goutte
- Newsletter de la Mayo Clinic, Mayo Clinic Health Letter, page 6, édition de décembre 2024 parlant de la goutte
- Newsletter mensuelle sur la santé (health) de la Harvard Medical School, édition de décembre 2023
- Resources for Gout Patients, document print de Alliance for Gout Awareness, accédé en novembre 2023 au congrès américain ACR Convergence 2023, San Diego, Californie, Etats-Unis