Plus de quatre ans et des milliards de dollars de recherche après le début de la pandémie de Covid-19, le Covid long reste une crise de santé publique mal comprise, et on manque de clarté quant à son impact sur les patients atteints de maladies auto-immunes. Une étude présentée le 16 novembre 2024 au congrès médical de rhumatologie ACR Convergence 2024 suggère qu’un système immunitaire dérégulé est un moteur possible du Covid-19 long. Ce travail de recherche suggère également que les rhumatologues peuvent offrir un aperçu pertinent dans le traitement des patients souffrant des deux conditions.
Le Covid long provoque des symptômes souvent invalidants chez des millions de personnes dans le monde – 17 millions rien qu’aux États-Unis – et pourtant, on ne sait pas grand-chose sur ses causes ni sur la manière de le traiter. Cette maladie complexe, associée à plus de 200 symptômes très divers, a probablement plus d’une cause pour différents symptômes chez une même personne. C’est en partie pour cette raison que l’hypothèse de Dr Leonard Calabrese retient l’attention. Le Dr Calabrese est rhumatologue, immunologiste et chercheur à la très renommée Cleveland Clinic.
« Cette hypothèse a de profondes implications cliniques, suggérant que des traitements souvent utilisés par les rhumatologues pourraient potentiellement jouer un rôle dans le traitement ou la prévention des conséquences post-infectieuses du Covid-19, y compris le Covid-19 long », a déclaré le Dr Calabrese.
« Étant donné que la recherche scientifique dans ce domaine évolue quotidiennement, il est important que les cliniciens soient au courant des données susceptibles d’affecter le traitement des patients atteints de troubles auto-immuns », déclare-t-il.
En juin 2024, les Académies nationales des sciences, de l’ingénierie et de la médecine aux Etats-Unis ont publié une nouvelle définition large du Covid-19 long, indiquant que tout symptôme inexpliqué persistant pendant plus de trois mois après l’infection par le Covid-19 peut être diagnostiqué comme Covid-19 long. Cette institution suggère également que de nombreuses affections courantes peuvent relever de cette définition, notamment des troubles auto-immuns tels que le lupus, la maladie de Sjögren et la polyarthrite rhumatoïde (PR).
Dr Calabrese s’est dit très préoccupé par la formulation et l’interprétation de la nouvelle définition de cas, en particulier par l’inclusion des troubles rhumatismaux à médiation immunitaire dans les conditions requises pour le diagnostic de la maladie. Il pense qu’il faudra plus de temps et une évaluation critique des données supplémentaires pour évaluer plus précisément son utilité dans les soins cliniques et la recherche.
Mais comme le note Dr Calabrese, « en août 2024, les données sont loin d’être claires quant à la question de savoir si l’auto-immunité est un moteur de l’ensemble ou même d’une partie du long spectre clinique du Covid».
Il est clair que l’infection par le Covid-19 génère des auto-anticorps – c’est-à-dire des anticorps contre les propres tissus d’une personne, comme ceux observés dans les maladies auto-immunes. Mais le rôle de ces anticorps dans le Covid long est moins clair, en partie parce qu’ils sont différents d’une personne à l’autre. Normalement, dans une maladie auto-immune comme la polyarthrite rhumatoïde (PR), les anticorps ont tous la même cible. Les personnes en bonne santé peuvent également avoir des auto-anticorps, ou ceux-ci peuvent apparaître en cas d’infection et disparaître ensuite sans causer de dommages.
Des études récentes sur des animaux renforcent l’idée que l’auto-immunité est un facteur déterminant du Covid long. Dans ces études, les chercheurs ont transféré à des souris des anticorps provenant du sang de patients humains atteints de Covid long. La plupart des souris ont ensuite développé des symptômes similaires à ceux des donneurs humains, en particulier une sensibilité accrue à la douleur.
Cependant, il reste encore beaucoup à faire. Certains chercheurs pensent qu’il existe un élément déclencheur avant l’activation des auto-anticorps, comme des morceaux de virus persistants – une autre explication courante du Covid long.
« L’établissement d’un petit modèle animal du Covid long pourrait potentiellement constituer une percée pour comprendre la cause de la maladie et tester de nouvelles thérapies », déclare-t-il. « Le rôle de l’auto-immunité dans le Covid-19 et le Covid long est clairement un travail en cours, et la communauté des rhumatologues a beaucoup à ajouter sur la base de sa vaste expérience des maladies inflammatoires à médiation immunitaire et de l’auto-immunité. »
Le 16 novembre 2024. Par Xavier Gruffat (pharmacien). Source : communiqué de presse en anglais fourni par l’ACR (adapté en français par Xavier Gruffat). Ces informations vous sont présentées par Creapharma.ch et ne sont pas sponsorisées par l’American College of Rheumatology (ACR), ni n’en font partie.