Avec du contenu exclusif du Danemark traduit en français
Un sous-variant du variant Omicron du virus à l’origine de la Covid-19 (SARS-CoV-2) est en train d’attirer l’attention des scientifiques. Jusqu’à présent, trois sous-variants d’Omicron ont été décrits : BA.1, BA.2 et BA.3. Dans le monde entier, les variants BA.1 représentent la plupart des cas d’Omicron. Le variant BA.2 a déjà été détecté dans plusieurs pays, notamment d’Europe comme au Danemark.
Comme le variant Delta, le variant Omicron a généré lors de sa réplication des “petits frères” : des sous-types qui ne diffèrent du génome initial que par une ou deux mutations, comme l’expliquait le 20 janvier 2022 le Ministre de la Santé français Olivier Véran. En fait, la différence entre les sous-variants d’Omicron BA.1 et BA.2 est plus grande que la différence entre le variant original (Wuhan) du SARS-CoV-2 et le variant Alpha, selon ce site danois de référence (Statens Serum Instituts). Dans le détail, BA.1 et BA.2 présentent de nombreuses différences dans leurs mutations dans les domaines les plus importants. Pour le moment au Danemark, l’analyse initiale des données ne montre aucune différence dans les hospitalisations pour le sous-variant BA.2 par rapport au BA.1.
Nombre de cas très élevé au Danemark
Au Danemark, le sous-variant BA.2 serait devenu majoritaire, pays où le nombre de cas quotidien est reparti à la hausse depuis quelques jours. Dans ce pays nordique, ce variant remplace progressivement le BA.1, le variant Omicron «classique». Selon le site de référence de la Johns Hopkins aux Etats-Unis il y a eu au Danemark en 24h du 19 au 20 janvier 2022 40’868 nouveaux cas, c’est presque le record comparé au 27 décembre 2021 qui avait enregistré 41’204 nouveaux cas. Du 19 au 20 janvier 2022 le Danemark a compté 16 décès, ce qui est significatif pour un pays de 5,8 millions d’habitants. Selon le site danois Politiken, le nombre de décès du 20 au 21 janvier en 24h était de 21. C’est aussi la preuve que le variant Omicron continue probablement à tuer de façon importante, à la différence de ce que relèvent certains journalistes, en tout cas le doute est possible.
Vaccins beaucoup moins efficaces (que contre Delta) contre l’infection
Au Danemark, 80.81% de la population est entièrement (fully en anglais – ndlr. on ne sait pas si cela inclut ou non la dose de rappel) vaccinée, toujours selon des statistiques de la Johns Hopkins. De façon intéressante, le nombre de personnes infectées rapportées é 100’000 habitants n’est pas très différent entre les vaccinés et les non vaccinés (environ 800 pour les non vaccinés et 700 pour les vaccinés), comme on le peut le voir dans le graphique ci-dessous ou ici (sous : Bekræftede antal smittede per 100.000 for uvaccinerede og vaccinerede). Le vaccin semble protéger contre l’hospitalisation, mais on ne sait pas si ce sont des cas Delta ou des cas Omicron. L’efficacité des vaccins contre l’hospitalisation au Danemark est actuellement d’un facteur 3 à maximum 4, donc plus d’un facteur 10 ou même 20 comme parfois avancé. Cela veut dire qu’un Danois vacciné a plus ou moins le même risque d’attraper la maladie et 4 fois moins de risque d’être hospitalisé qu’un non vacciné. Nous n’avons pas vu d’informations sur la mortalité au Danemark, aux Etats-Unis une étude californienne avait montré que les vaccinés et les non vaccinés avaient très peu risque de mourir avec Omicron (un seul décès dans la cohorte, on ne sait pas si personne vaccinée ou non), comme Creapharma.ch en avait parlé.
Autres pays
D’autres pays connaissent également une augmentation des cas de BA.2 comme par exemple, la Grande-Bretagne, la Norvège et la Suède – mais apparemment, l’augmentation de leur nombre ne se situe pas jusqu’à présent au même niveau qu’au Danemark, comme l’explique ce site danois de référence (Statens Serum Instituts).
Pas de distinction
Jusqu’à présent, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a pas fait de distinction entre l’Omicron et le sous-variant BA.2. Cependant, des données récentes provenant du Danemark attirent l’attention. Dans ce pays, où le nombre d’infections quotidiennes est reparti à la hausse depuis quelques jours, BA.2 serait déjà le variant prédominant.
“Nous avons une situation internationale où le variant Omicron circule beaucoup, il est normal que nous observions des sous-variants au fil du temps”, a expliqué le 21 janvier 2022 l’agence sanitaire française. Ce qui compte, c’est de savoir si le BA.2 présente des caractéristiques différentes en termes de contagiosité, de réponse immunitaire ou de gravité de l’évolution de la maladie.
Etats-Unis – étude incomplète sur Omicron
Une étude américaine publiée le 21 janvier 2022 a montré qu’aux Etats-Unis, une fois Omicron devenu dominant, l’efficacité du vaccin contre les hospitalisations entre 14 à 179 jours après la deuxième dose a été estimée à 81% ; elle était de 57% après plus de 180 jours après la deuxième dose, et de 90% 14 jours ou plus après la troisième. Cette étude des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) a passé en revue les données de plus de 300’000 passages par les urgences, les cliniques de soins urgents et les hospitalisations dans 10 Etats du 26 août 2021 au 5 janvier 2022. L’efficacité contre les infections a chuté à 68% avec Omicron. Les auteurs n’ont pas été en mesure de déduire d’estimation de la protection du vaccin contre les décès pendant Omicron en raison d’un retard dans l’enregistrement des informations, mais les scientifiques s’attendent largement à ce qu’elle reste très haute. Une autre étude des CDC publiée 2 jours plus tard, Creapharma.ch en a parlé, a montré une grande efficacité de l’immunité naturelle (supérieure à la vaccination).
Le 22 janvier 2022, mise à jour le 24 janvier 2022. Par Xavier Gruffat (pharmacien). Sources : Keystone-ATS (en allemand et français, Pharmapro.ch partenaire de Creapharma.ch est client), Johns Hopkins University, Politiken, Statens Serum Instituts. Crédit photo : Pixabay.