GENEVE – La vague actuelle de Covid-19 met en évidence un risque particulièrement élevé de réinfection par le variant Omicron du SARS-CoV-2. Pour quelles raisons ? Une équipe de l’Université de Genève et des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) a analysé la capacité de neutralisation des anticorps de 120 personnes infectées par la souche originale du SARS-CoV-2 ou l’un de ses variants Alpha, Beta, Gamma, Delta, Zeta, ou Omicron (sous-variant BA.1). Cette étude confirme que le variant Omicron du SARS-CoV-2 a une capacité bien plus grande d’échapper au système immunitaire que les autres variants du virus qui provoque la Covid-19. Ce constat explique le risque “particulièrement élevé” de réinfection par Omicron, relève le 6 juillet 2022 l’université suisse à travers un communiqué.
Echappement immunitaire
Contrairement à ses prédécesseurs, Omicron semble être capable d’échapper aux anticorps générés par tous les autres variants. Chez les personnes vaccinées, la capacité de neutralisation est également moindre mais reste néanmoins bien supérieure à l’immunité naturelle seule. Ceci pourrait expliquer pourquoi Omicron est responsable d’une augmentation nette des cas malgré la vaccination, mais pas des hospitalisations. L’étude a été publiée le 4 juillet 2022 dans la revue scientifique Nature Communications (DOI : 10.1038/s41467-022-31556-1).
Etude
L’équipe de recherche a prélevé des échantillons de sang de 120 volontaires précédemment infectés par l’un des différents variants, certains non vaccinés et d’autres vaccinés et infectés avant ou après la vaccination. «Avec un âge moyen entre 28 et 52 ans, sans comorbidités majeures et ayant souffert d’une forme légère à modérée de COVID-19, cette cohorte représente la majorité des cas dans la population», explique Isabella Eckerle, professeure à l’Université de Genève qui a dirigé ces travaux.
Résultats, anticorps 10 fois plus élevés chez les vaccinés
L’objectif des scientifiques était de déterminer dans quelle mesure les anticorps générés lors d’une première infection étaient capables de neutraliser les différents variants du SARS-CoV-2. «Omicron s’est avéré le plus apte à échapper à l’immunité naturelle préexistante ainsi que, dans une moindre mesure, à celle induite par la vaccination», explique Benjamin Meyer, chercheur au Centre de vaccinologie du Département de pathologie et d’immunologie de la Faculté de médecine de l’UNIGE. En effet, le niveau d’anticorps chez les personnes vaccinées contre le SARS-CoV-2 originel est environ 10 fois plus élevé que chez les personnes n’ayant développé qu’une immunité post-infection. De plus, la combinaison des deux, connue sous le nom d’immunité hybride, semble maintenir des niveaux d’anticorps réactifs encore plus élevés et moins ciblés.
Moins de décès et hospitalisations
«Ainsi, Omicron peut échapper à l’immunité existante et provoquer une infection, mais les hospitalisations et les décès dus au COVID-19, même avec Omicron, restent toujours moins fréquents après la vaccination. Néanmoins, le SARS-CoV-2 conserve une capacité étonnante à muter, qui semble en outre s’accélérer. La vigilance reste de mise, en particulier alors que les courbes épidémiologiques remontent nettement depuis l’apparition de BA.5, le sous-variant le plus récent d’Omicron», ajoute Isabella Eckerle.
Les chercheurs de l’Université de Genève ont aussi effectué une cartographie des antigènes produits par les différents variants du Covid-19. Il s’avère que le sérotype d’Omicron est totalement différent des autres, indique Meriem Bekliz, post-doctorante dans le laboratoire d’Isabella Eckerle et première autrice de l’étude.
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Le 6 juillet 2022. Sources : communiqué de presse des HUG, news de Keystone-ATS (avec note partenaire Pharmapro.ch). Référence étude : Nature Communications (DOI : 10.1038/s41467-022-31556-1).