MELBOURNE – Une enquête mondiale sur l’ayahuasca a révélé que 70% des participants ont subi des effets indésirables physiques et 55% des effets indésirables mentaux, mais que seulement 2,3% des participants ayant signalé des effets indésirables physiques ont dû consulter un médecin. Une nouvelle étude publiée le 16 novembre 2022 dans la revue PLOS Global Public Health (DOI : 10.1371/journal.pgph.0000438) révèle que la consommation d’ayahuasca, un produit psychoactif à base de plantes, entraîne un taux élevé d’effets physiques indésirables et d’effets psychologiques difficiles, bien qu’ils ne soient généralement pas graves.
Qu’est-ce que l’ayahuasca ?
L’ayahuasca est une boisson psychoactive sud-américaine utilisée dans la médecine et les cérémonies traditionnelles. Il s’agit principalement d’une décoction, et plus rarement d’une macération, à base de plusieurs plantes originaires de l’Amazonie dont la liane grimpante Banisteriopsis caapi et la plante vivace Psychotria viridis. Son utilisation contemporaine s’est développée dans le monde entier à des fins de santé mentale, de quête spirituelle et de développement personnel. Bien que des essais cliniques et des études d’observation aient examiné les avantages potentiels de l’ayahuasca, moins de recherches se sont intéressées à ses effets indésirables.
Principaux effets indésirables observés
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont utilisé les données d’une enquête en ligne Global Ayahuasca, réalisée entre 2017 et 2019, impliquant 10’836 personnes issues de plus de 50 pays, âgées d’au moins 18 ans et ayant utilisé l’ayahuasca au moins une fois. Des informations sur l’âge des participants, leur santé physique et mentale ainsi que sur l’histoire et le contexte de l’utilisation de l’ayahuasca ont été recueillies.
Dans l’ensemble, des effets indésirables aigus sur la santé physique ont été signalés par 69,9% de l’échantillon, les effets les plus courants étant les vomissements et les nausées (68,2% des participants), les maux de tête (17,8%) et les douleurs abdominales (12,8%). Seuls 2,3% des participants ayant signalé des effets indésirables physiques ont dû consulter un médecin pour ce problème. Parmi tous les participants, 55% ont également signalé des effets indésirables sur la santé mentale, notamment le fait d’entendre ou de voir des choses (28,5%), de se sentir déconnecté ou seul (21,0%) et de faire des cauchemars ou d’avoir des pensées dérangeantes (19,2%). Cependant, 87,6% des personnes interrogées ayant identifié ces effets sur la santé mentale ont estimé qu’ils faisaient entièrement ou partiellement partie d’un processus de développement positif.
Effets secondaires, mais rarement graves
Les chercheurs ont également identifié plusieurs facteurs qui prédisposent les gens à des manifestations physiques indésirables, y compris l’âge avancé, avoir une condition de santé physique ou un trouble de la consommation de substances, l’utilisation de l’ayahuasca pendant toute la vie et la prise d’ayahuasca sans encadrement.
Les auteurs font l’observation que l’ayahuasca a des effets indésirables notables, mais rarement graves, selon les normes utilisées pour évaluer les médicaments sur ordonnance. En ce sens, ils affirment que les pratiques de l’ayahuasca peuvent difficilement être évaluées avec les mêmes paramètres utilisés pour les médicaments sur ordonnance, puisque la myriade de ses effets comprend des expériences difficiles qui sont intrinsèques à l’expérience, dont certaines sont considérées comme faisant partie du processus de guérison.
Les auteurs ajoutent que beaucoup se tournent vers l’ayahuasca en raison du désenchantement des traitements occidentaux conventionnels de santé mentale. Cependant, le pouvoir perturbateur de cette médecine traditionnelle ne doit pas être sous-estimé, ce qui entraîne souvent des problèmes de santé mentale ou émotionnels pendant l’assimilation. Bien que ces problèmes soient généralement transitoires et considérés comme faisant partie d’un processus d’éveil bénéfique, les risques sont plus grands pour les personnes vulnérables ou lorsqu’ils sont utilisés dans des contextes peu propices.
Références & Sources :
PLOS Global Public Health (DOI : 10.1371/journal.pgph.0000438)
Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Seheno Harinjato (rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies).
Date de dernière mise à jour du dossier :
18.11.2022
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