LONDRES – Le Royaume-Uni est un pays en moyenne riche mais particulièrement touché par d’importantes poches de pauvreté, comme l’informe régulièrement l’OCDE. Malgré une économie dynamique (croissance supérieure à la France), c’est un pays présentant de grandes différences entre les classes sociales.
Au niveau nutritionnel, les conséquences deviennent toujours plus dramatiques comme l’affirment des experts. En effet, et c’est connu dans presque tout l’occident, beaucoup d’aliments bon marché peuvent être considérés comme de la malbouffe, c’est-à-dire trop riches en graisse et sucre mais aussi caractérisés par une carence significative en nutriments essentiels comme les vitamines et fibres. Autrement dit, manger des aliments de qualité coûte cher, toujours plus cher au Royaume-Uni.
Goutte et rachitisme
En plus de l’épidémie d’obésité qui touche massivement le Royaume-Uni, des experts britanniques alertent désormais les autorités politiques pour les sujets de Sa Majesté sur l’augmentation importante des cas de goutte et de rachitisme, une maladie affectant les os et la croissance chez les enfants. John Middleton, vice-président de la Faculté de Public Health (Santé Publique), représentant des médecins et des travailleurs, s’est exprimé dans la presse pour demander des changements dans la politique nationale de nutrition, comme l’introduction de nouveaux impôts sur le sucre, afin de résoudre ces problèmes posés par la malbouffe et la pauvreté.
Extrême malbouffe
Dans un hebdomadaire anglais, The Observer, M. Middleton a affirmé : “La malnutrition, le rachitisme et d’autres manifestations d’une extrême malbouffe sont devenus visibles. Des médecins généralistes relèvent des cas de rachitisme à Manchester, dans l’East End de Londres, à Birmingham et dans les West Midlands. C’est une maladie, dont on pensait qu’elle avait disparu.”
L’association de M. Middleton avait d’ailleurs écrit en mai 2014 une lettre ouverte au Premier Ministre, M. David Cameron, pour informer et mettre en évidence l’augmentation de la malnutrition et de la malbouffe dans la 6ème puissance économique mondiale. Selon ces experts, de plus en plus de Britanniques n’ont plus les moyens de se nourrir correctement avec des aliments de qualité, un nombre important doit aussi se tourner vers les banques alimentaires. Les scientifiques relèvent aussi une augmentation du prix de la nourriture ces 6 dernières années.
Selon les experts, la goutte est en hausse et les explications d’une telle augmentation restent encore peu connues dans le détail, on suppose toutefois que l’obésité et la malbouffe puissent jouer un rôle important. La goutte est une maladie inflammatoire caractérisée par un taux élevé d’acide urique dans le sang et s’avère extrêmement douloureuse pendant les périodes de crise. Cette affection touche souvent la base de l’articulation du gros orteil. En cas de goutte chronique, le traitement préventif repose en général sur la prise quotidienne d’allopurinol.
Classe sociale et goutte
À l’époque, la goutte était surtout connue pour toucher l’aristocratie, comme le roi anglais Henry VIII, et la bourgeoisie qui étaient souvent des “bons vivants” et consommaient beaucoup de viande et d’alcool. Actuellement la goutte touche toutes les classes sociales et semble se développer particulièrement dans les classes populaires, caractérisées comme on l’a vu dans cet article par une augmentation de la malbouffe et de l’obésité. Le luxe en 2014 n’est plus de manger de la viande, mais des fruits et légumes, en tout cas d’un pur point de vue nutritionnel.
Le 8 septembre 2014, par Xavier Gruffat (pharmacien). Sources: The Independant, The Lancet. Photo illustration : © KateD – Fotolia.com