Doit-on mesurer systématiquement la vitamine D dans le sang ?

Doit-on mesurer systématiquement la vitamine D dans le sang ?WASHINGTON Avec la médiatisation croissante de la vitamine D et notamment de ses supposées carences dans la population occidentale vivant dans l’hémisphère nord, cette question revient toujours plus souvent dans la bouche des patients lors d’une consultation médicale : faut-il systématiquement mesurer la vitamine D dans le sang ?
Selon l’U.S. Preventive Services Task Force (Task Force en français signifie force opérationnelle), un groupe d’experts américains de référence qui a essayé de répondre à cette question dans une étude publiée en 2014, la réponse est ni oui ni non. Après avoir passé au crible plusieurs études sur la vitamine D, ils ont conclu qu’il y avait en 2014 un manque de preuves pour savoir si les bénéfices dépassaient ou non les risques en cas de dépistage systématique chez l’adulte à la recherche d’une carence en vitamine D.

Dans un article du New York Times paru le 10 avril 2017, les scientifiques interrogés par ce journal de référence mondiale penchaient désormais davantage du côté du non (ne pas mesurer systématiquement la vitamine D). Selon eux, la plupart du temps la mesure de la vitamine D est inutile chez des personnes saines.
Le journal américain relève que pour les bénéficiaires de Medicaid (une assurance pour les personnes modestes aux Etats-Unis) âgés de 65 ans ou plus, le nombre de tests mesurant la vitamine D dans le sang a augmenté de 83% entre 2000 et 2010. Cette explosion du nombre d’examens semble injustifiée pour une bonne partie de la communauté scientifique américaine.

Le médecin décide 

Pour Dr Linda Baumann, membre du groupe d’experts qui a mené son étude en 2014 : “La Task Force reconnaît l’intérêt croissant d’essayer de mieux comprendre comment la vitamine D agit sur la santé. Toutefois, à ce stade il n’y a pas assez de preuves pour recommander ou non d’effectuer un dépistage d’une carence en vitamine D.”
La réponse finale pour effectuer ou non un dépistage de la vitamine D devrait revenir, selon les experts de la Task Force, au médecin qui prendra la décision en fonction de chaque patient. On parle aussi d’une individualisation ou personnalisation de la médecine.

Vitamine D

La principale source de la vitamine D est l’exposition aux rayons UVB du soleil, mais certains aliments comme les poissons, l’huile de foie de morue ou les oeufs sont aussi une source possible. Il est aussi souvent recommandé de prendre des compléments alimentaires à base de vitamine D, surtout en hiver.

Lien entre faible niveau de vitamine D et sclérose en plaques

Une “religion”

Bien que la vitamine D porte le nom de vitamine, dans la réalité elle agit principalement comme une hormone notamment dans la régulation du calcium au niveau des os. La vitamine D est indiquée surtout pour prévenir l’ostéoporose, une maladie qui détruit la structure des os. Toutefois, ces dernières années des médecins et scientifiques estiment que la vitamine D pourrait aider à prévenir de nombreuses maladies comme le cancer, la sclérose en plaques ou le lupus.
Dans l’article du New York Times d’avril 2017, le Dr Clifford J. Rosen qui est un chercheur sur l’ostéoporose au Maine Medical Center Research Institute déclare avec ironie que la vitamine D est devenue une “religion.”

Dans les faits, sauf pour lutter contre l’ostéoporose qui fait l’unanimité parmi la communauté scientifique, toutes les autres indications font l’objet d’études plus nuancées, voire parfois même contradictoires. C’est probablement cette raison qui a incité la Task Force à une certaine prudence pour un dépistage systémique d’une carence en vitamine D voire comme l’article du New York Times de 2017 de déconseiller un dépistage généralisé chez les personnes saines.

Comment mesurer concrètement la vitamine D ?

Les médecins peuvent mesurer la vitamine D dans le sang en effectuant un dosage d’un métabolite de cette hormone appelé vitamine D3 25OH (voir infographie ci-dessous). Une quantité de vitamine D3 25OH comprise entre 30 et 100ng/ml est considérée comme normale, de 20 à 30ng/ml il s’agit d’une valeur limite, de 10 à 20ng/ml d’insuffisance ou carence en vitamine D et à moins de 10 ng/ml on parle de carence importante, selon le Journal Clinic Endocrinology Metabolism dans une étude parue en 2005. Ce travail fait souvent l’objet de référence dans la communauté médicale.

Mais pour les scientifiques de la Task Force de l’étude de 2014, un problème réside justement dans la fourchette d’identification chiffrée d’une carence en vitamine D. Autrement dit, la valeur comprise entre 10 à 20ng/ml de vitamine D3 25OH pour qualifier une carence ne fait pas l’unanimité parmi la communauté scientifique. Pour ce groupe d’experts américains, d’autres études sont nécessaires à ce sujet. Ils mettent aussi en doute, ou en tout cas aimeraient davantage de travaux de recherches sur la précision des tests actuels dans la mesure de la vitamine D. 

Lire aussi : Vitamine D

Article mis à jour le 18 avril 2017.  Par Xavier Gruffat (pharmacien). Sources : Communiqué de presse de la Task Force (U.S. Preventive Services Task Force).

Inscrivez-vous à notre newsletter (gratuit)     Lire aussi :
Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 18.04.2017
Publicité