EDINBURGH – L’utilisation à long terme du paracétamol pourrait augmenter le risque de maladies cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) chez les personnes souffrant d’hypertension artérielle. C’est ce que révèle une étude publiée le lundi 7 février 2022 dans la revue scientifique Circulation (DOI : 10.1161/CIRCULATIONAHA.121.056015). Les patients qui suivent une prescription à long terme de cet analgésique très prescrit, généralement utilisé pour le traitement des douleurs chroniques, devraient ainsi opter pour la dose efficace la plus faible pendant la période la plus courte possible, selon les chercheurs.
Augmentation similaire à celle observée avec les AINS
Cette étude de l’Université d’Édimbourg constitue le premier grand essai clinique randomisé à aborder cette question et complète des travaux antérieurs dans le cadre d’études d’observation.
Le paracétamol a souvent été suggéré comme une alternative plus sûre à une autre classe d’analgésiques appelés anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), connus pour augmenter la pression artérielle et le risque de maladie cardiaque. Parmi les AINS célèbres on peut citer par exemple l’ibuprofène ou le naproxène.
Dans cette récente étude, 110 patients ayant des antécédents d’hypertension artérielle se sont vu prescrire un gramme (1 g) de paracétamol quatre fois par jour – une dose couramment prescrite chez les patients souffrant de douleurs chroniques – ou un placebo correspondant, pendant deux semaines. Tous les patients ont reçu les deux traitements, dans un ordre aléatoire et en aveugle.
Les personnes à qui l’on a prescrit du paracétamol ont vu leur tension artérielle augmenter de manière significative par rapport à celles qui ont pris le placebo.
Cette augmentation était similaire à celle observée avec les AINS, et on pourrait s’attendre à ce qu’elle augmente le risque de maladie cardiaque ou d’accident vasculaire cérébral d’environ 20%, selon les experts.
Révision des prescriptions
Selon l’équipe de recherche, ces résultats devraient conduire à une révision des prescriptions de paracétamol à long terme aux patients, en particulier ceux qui souffrent d’hypertension artérielle ou qui présentent un risque particulier de maladie cardiaque ou d’accident vasculaire cérébral.
L’investigateur principal, le Dr Iain MacIntyre, consultant en pharmacologie clinique et en néphrologie au NHS Lothian, a précisé que le problème ne concerne pas l’utilisation à court terme du paracétamol pour les maux de tête ou la fièvre, mais il s’agit d’un risque nouvellement découvert pour les personnes qui le prennent régulièrement à long terme, généralement pour des douleurs chroniques.
Le professeur James Dear, titulaire de la chaire personnelle de pharmacologie clinique à l’université d’Édimbourg, a déclaré que cette étude montrait clairement que le paracétamol – le médicament le plus utilisé au monde – augmente la pression artérielle, l’un des facteurs de risque les plus importants pour les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux. Les médecins et les patients doivent ainsi réfléchir ensemble aux risques et aux avantages de la prescription à long terme de ce médicament, en particulier chez les patients présentant un risque de maladie cardiovasculaire.
Surveillance des médecins
L’investigateur principal, le professeur David Webb, titulaire de la chaire de thérapeutique et de pharmacologie clinique à l’université d’Édimbourg recommande donc aux médecins de commencer par une faible dose de paracétamol, et d’augmenter la dose par étapes, en ne dépassant pas la dose nécessaire pour contrôler la douleur. Compte tenu des augmentations substantielles de la pression artérielle observées chez certains patients, il pourrait être avantageux pour les médecins de surveiller de plus près la pression artérielle des personnes hypertendues qui commencent à prendre du paracétamol pour soulager leurs douleurs chroniques.
Le professeur Sir Nilesh Samani, directeur médical de la British Heart Foundation, qui a financé l’étude, a déclaré que cette recherche montrait à quelle vitesse l’utilisation régulière de paracétamol pouvait augmenter la pression artérielle chez les personnes hypertendues qui présentent déjà un risque accru de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral. Il souligne la nécessité pour les médecins et les patients de vérifier systématiquement la nécessité de prendre des médicaments, même ceux qui peuvent sembler relativement inoffensifs comme le paracétamol, et de toujours évaluer les avantages et les risques.
Toutefois, si vous prenez du paracétamol de manière occasionnelle pour gérer un mal de tête isolé ou des épisodes de douleur de très courte durée, ces résultats de recherche ne devraient pas vous inquiéter inutilement.
Références & Sources :
Revue scientifique Circulation (DOI : 10.1161/CIRCULATIONAHA.121.056015), communiqué de presse de l’étude en anglais.
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Seheno Harinjato (rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies), rédaction Creapharma.ch. Relecture et contrôle par Xavier Gruffat (pharmacien).
Date de dernière mise à jour du dossier :
10.02.2022
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