GREIFSWALD / ALLEMAGNE – Des études antérieures ont suggéré que les personnes qui s’abstenaient de boire de l’alcool avaient un taux de mortalité plus élevé que celles qui consommaient des quantités faibles à modérées d’alcool. Selon une nouvelle étude publiée le 2 novembre 2021 dans PLOS Medicine (DOI : 10.1371/journal.pmed.1003819) par Ulrich John, de l’University Medicine Greifswald, en Allemagne, et ses collègues, le risque de mortalité accru chez les personnes qui s’abstenaient de boire de l’alcool pourrait s’expliquer en grande partie par d’autres facteurs, notamment des problèmes d’alcool ou de drogue antérieurs, le tabagisme quotidien et un mauvais état de santé général.
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont utilisé les données d’un échantillon aléatoire de 4’028 adultes allemands qui avaient participé à une interview standardisée menée entre 1996 et 1997, lorsque les participants étaient âgés de 18 à 64 ans. Des données de base étaient disponibles sur la consommation d’alcool au cours des 12 mois précédant l’entretien, ainsi que d’autres informations sur la santé, la consommation d’alcool et de drogues. Les données sur la mortalité étaient disponibles lors du suivi 20 ans plus tard.
Parmi les participants à l’étude, 447 (11,10%) n’avaient pas bu d’alcool au cours des 12 mois précédant l’entretien de base. Parmi ces abstinents, 405 (90,60 %) étaient d’anciens consommateurs d’alcool et 322 (72,04 %) présentaient un ou plusieurs autres facteurs de risque pour un taux de mortalité plus élevé, notamment un ancien trouble de l’usage de l’alcool ou une consommation d’alcool à risque (35,40 %), un tabagisme quotidien (50,00 %) ou une santé auto-évaluée passable à mauvaise (10,51 %). Les 125 personnes abstinentes de l’alcool ne présentant pas ces facteurs de risque n’ont pas montré de différence statistiquement significative en matière de mortalité totale, cardiovasculaire ou cancéreuse par rapport aux consommateurs d’alcool faibles à modérés, et celles qui étaient restées abstinentes de l’alcool tout au long de leur vie présentaient un rapport de risque de 1,64 (IC 95 % 0,72-3,77) par rapport aux consommateurs d’alcool faibles à modérés après ajustement pour l’âge, le sexe et le tabagisme.
Selon les auteurs, les résultats soutiennent l’idée que les personnes de la population générale qui sont actuellement abstinentes de l’alcool n’ont pas nécessairement une durée de survie plus courte que la population ayant une consommation d’alcool faible à modérée. Les résultats vont ainsi à l’encontre des recommandations de boire de l’alcool pour des raisons de santé.
Les auteurs ajoutent qu’on a longtemps supposé qu’une consommation d’alcool faible à modérée pouvait avoir des effets positifs sur la santé, en se basant sur le fait que les abstinents semblaient mourir plus tôt que les buveurs faibles à modérés. Ils ont finalement constaté que la majorité des abstinents avaient des problèmes d’alcool ou de drogue, une consommation d’alcool à risque, un tabagisme quotidien ou une santé passable à mauvaise dans leurs antécédents, c’est-à-dire des facteurs qui prédisaient une mort précoce.
Références & Sources :
University Medicine Greifswald, PLOS Medicine (DOI : 10.1371/journal.pmed.1003819)
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Date de dernière mise à jour du dossier :
05.11.2021
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