Hyperplasie bénigne de la prostate (HBP)

Dernière mise à jour : 31.01.2024
Révision médicale : Xavier Gruffat, pharmacien

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Résumé

Définition hyperplasie bénigne de la prostateL’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) est une maladie caractérisée par l’augmentation de la taille de la prostate. La conséquence est une compression de l’urètre, ce qui perturbe le flux urinaire et nuit à la qualité de vie du patient avec des symptômes surtout urinaires.
Avec l’âge, la prostate augmente naturellement de volume. A partir de 60 ans, environ 30% des hommes souffrent d’hyperplasie bénigne de la prostate.
Les causes précises de l’HBP ne sont pas encore clairement connues1. En plus de l’âge, on estime que les hormones, en particulier la testostérone, pourraient avoir un rôle important dans l’apparition de cette affection. Il faut savoir qu’une HBP n’évolue pas vers un cancer, car le cancer de la prostate a des causes différentes de l’HBP.

Les symptômes de l’HBP sont souvent en lien avec le système urinaire, comme une réduction voire une interruption du flux urinaire, une énurésie nocturne (pipi au lit la nuit), une envie fréquente d’uriner ou encore une sensation de vessie pleine.

définition hypertrophie de la prostate

Le diagnostic est basé sur les symptômes exprimés par le patient et en particulier un dépistage général de la prostate, à la recherche d’autres maladies comme un éventuel cancer ou une prostatite.

Le traitement principal repose sur la prise de médicaments permettant de limiter la croissance de la prostate comme la finastéride.
Dans des cas plus sévères, le médecin pourra effectuer une opération chirurgicale pour retirer une partie de la prostate qui comprime trop l’urètre.

Traitements hyperplasie bénigne prostateCertaines plantes médicinales comme le sabal (palmier nain) ou l’épilobe peuvent aider à prévenir l’HBP.
Finalement, quelques bons conseils comme la pratique régulière d’exercice, limiter l’alcool et adopter une alimentation riche en fibres alimentaires peuvent avoir un effet préventif sur l’HBP.
Le médecin spécialiste de la prostate est en général l’urologue.

Définitions

Prostatite DéfinitionHBP
Lorsque la prostate grossit, on parle d’hyperplasie bénigne de la prostate (hypertrophie bénigne de la prostate) ou encore d’adénome de la prostate.
Prostate

La prostate est une glande masculine qui se trouve entre le pubis et le rectum entourant les premiers centimètres de l’urètre, elle est située juste en dessous de la vessie1. La prostate, après la puberté chez l’homme, a la taille d’une châtaigne2 mais parfois atteindre la taille d’une balle de baseball. Elle appartient aux glandes séminales. Sa fonction est de sécréter un liquide qui s’ajoute aux spermatozoïdes lors de l’éjaculation.
Avec l’âge (souvent à partir de 50 ans, parfois 60 ans) la prostate grossit et peut comprimer l’urètre, ce qui rend l’émission d’urine difficile.
Reins et miction
Rappelons que les reins produisent de l’urine. Les déchets liquides sont ensuite acheminés par des conduits appelés uretères jusqu’à la vessie. Semblable à un ballon élastique, la vessie s’étire pour stocker l’urine. Au moment d’uriner (miction), la vessie se contracte pour libérer toute l’urine stockée, qui sort par l’urètre tubulaire. Dans les voies urinaires masculines, l’urètre traverse une partie du système reproducteur appelée prostate, puis le pénis3.
Evolution progressive : 
En général, l’augmentation de la taille de la prostate, soit l’hypertrophie bénigne de la prostate, se fait lentement. On compte souvent plusieurs années jusqu’à la manifestation de symptômes gênants.

Epidémiologie

Grande importance de l’âge : 
– Après 60 ans environ 30% des hommes souffrent d’hyperplasie bénigne de la prostate. Parmi ces 30%, environ 10% auront besoin d’une chirurgie (voir sous Traitements ci-dessous) pour soigner la maladie. Des chiffres encore plus élevés parlent d’environ 60% des hommes âgés de 60 ans ou plus présentent un agrandissement de la prostate cliniquement significatif à cause d’une hyperplasie bénigne de la prostate4.
– Aux Etats-Unis chez les hommes de 80 ans ou plus, environ 80% souffrent d’une hyperplasie bénigne de la prostate2. Par comparaison, chez les hommes âgés entre 30 et 39 ans, ce chiffre est de seulement 8%.

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Cancer de la prostate (pour information) :
– Aux Etats-Unis, le taux de survie à 5 ans du cancer de la prostate était de 98% en janvier 2020, selon le Wall Street Journal. Autrement dit, le cancer de la prostate a un taux très élevé de pronostic favorable.

Causes

On ne connaît pas encore les causes exactes qui provoquent une augmentation de la taille de la prostate1.

On estime que l’âge serait la cause numéro un de l’hyperplasie bénigne de la prostate, certainement dû à la diminution de l’expression des hormones sexuelles comme la testostérone.

L’hérédité pourrait aussi jouer un rôle dans le développement de cette maladie.

Symptômes

En général, les symptômes s’aggravent avec le temps.

Troubles urinaires : 
Lors d’hyperplasie bénigne de la prostate, le besoin d’uriner est plus fréquent, parfois urgent, et la force du jet urinaire est plus faible que d’habitude. L’augmentation de la fréquence pour uriner est souvent plus importante pendant la nuit.
L’homme a souvent de la peine à uriner, c’est-à-dire commencer la miction, et à vider sa vessie entièrement. Il peut avoir une sensation de vessie pleine. Des douleurs ou des brûlures peuvent être associées à l’émission d’urine (miction).
De plus, une énurésie nocturne (pipi au lit la nuit) peut être observée chez certains hommes.
Des infections urinaires (ex. cystite) sont également parfois présentes. Dans des cas graves cela peut mener à une impossibilité totale d’uriner.

Troubles rénaux : 
Parfois, lorsque par exemple l’urine ne s’écoule pas, il peut également y avoir des risques de complication au niveau rénal, notamment infectieux. En cas de doute, n’hésitez pas à demander conseil à votre médecin.

Remarques sur les symptômes : 
Chez certains hommes, on observe que les symptômes se stabilisent ou se résolvent naturellement avec le temps, sans traitement particulier.

Cas asymptomatiques : 
Environ 50% des hommes souffrant d’hyperplasie de la prostate (grande prostate) présentent des symptômes, cela signifie que l’autre moitié ne présente pas de symptômes ou ne sont pas assez significatifs pour devoir consulter un médecin ou effectuer un traitement. L’affection reste de ce fait asymptomatique.

Complications

Si une hyperplasie bénigne de la prostate, qui présente des symptômes, n’est pas correctement soignée, elle peut engendrer des troubles et complications urinaires comme des calculs urinaires. Les reins peuvent être touchés.

Diagnostic

En plus des symptômes rapportés par le patient et de l’anamnèse (historique du patient), le médecin peut effectuer un toucher rectal pour évaluer la taille de la prostate ainsi que sa consistance.
Un examen sanguin est possible pour identifier certains marqueurs de la maladie.
Un examen d’imagerie par ultrasons ou IRM peut également permettre de déterminer la taille de la prostate3.

Traitements

Le traitement varie en fonction des symptômes et de l’évolution de la maladie. Les objectifs du traitement sont de réduire les symptômes des voies urinaires inférieures et de prévenir la progression de la maladie et les complications telles que la rétention urinaire aiguë5.

Si les symptômes ne s’améliorent pas avec le temps, le médecin peut proposer les thérapies suivantes :

Traitements hyperplasie bénigne de la prostateMédicaments
Alpha-bloquants
La thérapie la plus fréquente pour soigner l’hyperplasie bénigne de la prostate est l’utilisation de médicaments comme les alpha-bloquants. On compte les molécules suivantes : la tamsulosine (Pradif® T et génériques), l’alfuzosine (Xatral® et génériques), la doxazosine (plutôt utilisé aux Etats-Unis contre l’HBP), la silodosine (Urorec®) ou le térazosine (Hytrin® BPH). Les alpha-bloquants agissent rapidement chez les hommes avec une prostate relativement petite1. Ces médicaments sont couramment prescrits pour détendre les muscles de la prostate et du col de la vessie, ce qui facilite la miction3.
Les alpha-bloquants mènent parfois à des effets secondaires comme le vertige, l’hypotension et des troubles de l’éjaculation5.
Inhibiteurs de la 5-alpha-réductase
Les inhibiteurs de la 5-alpha-réductase comme le finastéride (Proscar® et génériques, au dosage de 5 mg) ou la dutastéride (Avodart® et génériques) sont aussi souvent utilisés. Ces médicaments agissent relativement bien dans des cas d’hyperplasie plus avancées (prostate plutôt grande) mais peuvent mettre jusqu’à 6 mois avant de faire effet. Ils agissent en réduisant la taille de la prostate au fil du temps. Les inhibiteurs de la 5-alpha-réductase mènent parfois à des effets secondaires de type sexuel (dysfonction érectile, troubles de l’éjaculation, diminution de la libido).
Association de médicaments
Dans certains cas, le patient peut prendre des alpha-bloquants et des inhibiteurs de la 5-alpha-réductase, c’est-à-dire une combinaison ou association des deux classes de médicaments.
Tadalafil 
Le tadalafil (Cialis® et génériques), utilisé à la base pour traiter la dysfonction érectile, peut être prescrit pour traiter les symptômes de l’hypertrophie bénigne de la prostate dans certaines situations. Il n’est toutefois pas systématiquement utilisé à cette fin1. Aux Etats-Unis, le tadalafil est enregistré contre l’hypertrophie bénigne de la prostate.
Autres
Des anticholinergiques (ex. darifénacine, fesoterodine, oxybutynine, solifénacine, tolterodine, trospium) et des agonistes bêta-3 adrénergiques (ex. mirabegron comme en Suisse dans Betmiga™, vibegron) peuvent aussi être prescrits par le médecin lors d’hypertrophie bénigne de la prostate.

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Chirurgie 
Dans des cas avancés, ou si le médecin l’estime nécessaire, une intervention chirurgicale peut être pratiquée pour traiter l’hypertrophie bénigne de la prostate afin de retirer une partie de la prostate qui comprime trop l’urètre. La chirurgie peut être pratiquée en cas de très grosse prostate, de lésions de la vessie ou d’autres facteurs de complication1
La prostatectomie ouverte (en anglais : open prostatectomy) est une méthode de chirurgie rarement pratiquée de nos jours en tout cas aux Etats-Unis, cette intervention peut être réalisée par une incision dans la partie inférieure de l’abdomen ou par chirurgie robotique pour retirer une partie de la prostate. Cette option est généralement réservée aux prostates extrêmement volumineuses et comporte un risque plus élevé de complications telles que saignements et infections. L’intervention peut nécessiter un ou deux jours d’hospitalisation, et ce n’est pas l’opération pratiquée pour retirer la totalité de la prostate lorsqu’une personne est atteinte d’un cancer de la prostate3.

D’autres méthodes chirurgicales considérées comme non-invasives ou moins invasives (lire ci-dessous) ont été aussi développées ces dernières années.

Méthodes non-invasives (en anglais : minimally invasive therapy)
Il existe plusieurs méthodes non-invasives à disposition du patient comme (avec les termes en anglais, demandez à votre urologue pour avoir plus de précisions sur chacune des méthodes) :
Transurethral resection of the prostate (TURP). Le TURP consiste à insérer une sonde dans l’urètre pour éliminer l’excès de tissu prostatique à l’aide d’une énergie bipolaire. L’intervention améliore les symptômes urinaires avec un temps de récupération plus court, mais comporte des risques tels que des saignements et des effets potentiels sur la fonction sexuelle. Le patient peut rentrer chez lui le jour même ou passer la nuit à l’hôpital en observation3.
– Transurethral incision of the prostate (TUIP)
– Transurethral microwave thermotherapy (TUMT)
– Transurethral needle ablation (TUNA)
Photoselective vaporization of the prostate (PVP)
Prostate lift implant (UroLift). Cette procédure utilise de petits implants pour soulever et maintenir le tissu prostatique hypertrophié, ce qui permet de débloquer l’écoulement de l’urine. L’intervention est rapide, le temps de récupération est court et le risque de dysfonctionnement sexuel est moindre. Il s’agit d’une chirurgie ambulatoire, ce qui signifie que le patient rentre chez lui le jour même3.
Steam therapy (Rezum) ou Steam vaporization. Dans ce traitement, la vapeur détruit les cellules prostatiques en excès. Cette procédure peu invasive est efficace, avec un faible risque d’effets secondaires et un retour rapide aux activités normales. Cette option ambulatoire ne nécessite pas de séjour à l’hôpital.
– Thérapie laser (laser therapy). Un laser à haute énergie détruit les tissus en croissance de la prostate.

En cas de questions sur la thérapie de la prostate veuillez demander conseil à votre médecin généraliste, votre urologue (spécialiste de la prostate et du système urinaire) ou à votre pharmacien pour les médicaments.

Traitements naturels (en complément)

Remarque : en cas d’hyperplasie bénigne de la prostate, il est important d’utiliser avec prudence les remèdes naturels et de toujours envisager de consulter un professionnel de la santé, en particulier si les symptômes persistent ou s’aggravent. Bien que certaines personnes trouvent un soulagement temporaire avec la phytothérapie et d’autres remèdes naturels, il est essentiel de rappeler que ceux-ci ne remplacent pas l’avis ou le traitement d’un professionnel de la santé.

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Lors d’hyperplasie bénigne de la prostate, des traitements à base de plantes médicinales (souvent riches en phytostérols) peuvent être recommandés et achetés en pharmacie comme :

– la racine d’ortie (en comprimé).
Remise en cause de son efficacité :
Dans un hors-série datant de juillet 2020 du magazine français Science & Vie paru sur les plantes médicinales, qui a étudié l’efficacité de 77 plantes médicinales, la racine d’ortie était considérée comme une plante à l’efficacité peu probable lors d’hypertrophie bénigne de la prostate. Pour arriver à cette conclusion, le magazine français s’est basé sur une analyse datant de 2012 du Comité européen des médicaments à base de plante affirmant que la racine d’ortie avait un usage traditionnel mais pas une efficacité “bien établie” qui serait la preuve d’une certaine efficacité.

– les pépins de courge (en comprimé)

– le sabal (Serenoa repens ou Sabal serrulatum), appelé aussi palmier nain (en comprimés à base d’extraits des fruits ou drupes du sabal)

– l’épilobe (en tisane)

– le prunier d’Afrique (sous forme d’extrait standardisé)

Bons conseils & Prévention

– Evitez de boire trop d’alcool, cela peut favoriser l’hyperplasie (hypertrophie) de la prostate en augmentant la rétention d’urine.

– Evitez de consommer trop de liquide 1 à 2h avant le coucher ou le soir en général.

– Evitez de consommer des boissons riches en caféine comme le café.

– Ne consommez pas des plats trop épicés.

– Evitez la prise de certains médicaments comme les antihistaminiques (de 1ère génération) ou les décongestionnants (ex. contre le rhume), ces traitements peuvent rendre la miction plus difficile en agissant sur les muscles autour de l’urètre. Parlez-en à votre médecin ou à votre pharmacien.

– Adoptez une alimentation riche en fibres alimentaires comme à base de fruits et légumes, un bon régime pour lutter contre l’hyperplasie de la prostate.

– Faites régulièrement de l’exercice, c’est un bon moyen pour diminuer les troubles urinaires provoqués par l’HBP.

– Essayez d’uriner au maximum pendant la journée.

– Urinez lorsque le besoin se fait sentir, tout comme lors de cystite, il est déconseillé de se “retenir”, car cela pourrait fragiliser la musculature de la vessie.

Nom anglais de la maladie :
Benign Prostatic Hyperplasia (Prostate Gland Enlargement)

Crédits photos : 
Adobe Stock, Pharmanetis Sàrl 

Historique de la mise à jour – Dossier revu médicalement :
– 31.01.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien – changement de l’infographie, version 1.2 – réalisation infographie : Seheno Harinjato Razanamanga, journaliste et équipe)
– 26.01.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien)
– 01.11.2023 (par Xavier Gruffat, pharmacien)

Références scientifiques et bibliographie :

  1. SANJEEV NANDA (M.D.), Mayo Clinic a-z Health Guide, WHAT YOU NEED TO KNOW ABOUT SIGNS, SYMPTOMS, DIAGNOSIS & TREATMENT, 2nd edition, Rochester, Mayo Clinic Press, 2023.
  2. Newsletter de la Mayo Clinic, Mayo Clinic Health Letter, page 1, édition d’octobre 2020 parlant notamment de l’hyperplasie bénigne de la prostate
  3. Article de CNN du 26 janvier 2024 écrit par Dr. Jamin Brahmbhatt. King Charles is having surgery for an enlarged prostate. Here are the warning signs and what you should do.
  4. Egan KB. The Epidemiology of Benign Prostatic Hyperplasia Associated with Lower Urinary Tract Symptoms: Prevalence and Incident Rates. Urol Clin North Am. 2016 Aug;43(3):289-97. doi: 10.1016/j.ucl.2016.04.001. PMID: 27476122.
  5. The Medical Letter, livre “Drugs of Choice 2023”, The Medical Letter on Drugs and Therapeutics, New Rochelle – New York – Etats-Unis

Lire aussi :


Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 31.01.2024
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