Les chercheurs appellent à une plus grande sensibilisation aux réactions cutanées retardées suite au vaccin Covid-19 de Moderna

BOSTON – Alors que la vitesse et l’ampleur des vaccinations contre le virus du SRAS-CoV-2 augmentent dans le monde entier, les chercheurs du Massachusetts General Hospital (MGH) aux Etats-Unis appellent à une plus grande sensibilisation et communication autour d’une réaction retardée au point d’injection appelée “bras Covid” (Covid-arm en anglais), qui peut se produire chez certains patients ayant reçu le vaccin Moderna mRNA-1273 en moyenne une semaine après la première injection. Ces réactions ne devraient cependant pas décourager les patients à se faire vacciner selon les chercheurs. Plus rarement, ces réactions ont été observées chez les personnes vaccinées avec le vaccin Pfizer/BioNTech

Les chercheurs appellent à une plus grande sensibilisation aux réactions cutanées retardées suite au vaccin Covid-19 de ModernaDans une lettre à l’éditeur, publiée en ligne le 3 mars 2021 dans le New England Journal of Medicine (NEJM) (DOI : 10.1056/NEJMc2102131), les auteurs notent que les données cliniques de la phase 3 de l’essai du vaccin Moderna ont montré une hypersensibilité cutanée retardée chez un petit nombre parmi plus de 30’000 participants à l’essai. Toutefois, les auteurs affirment que les réactions cutanées importantes, rouges, parfois surélevées, prurigineuses ou douloureuses n’ont jamais été entièrement caractérisées ou expliquées, et ils avertissent que les cliniciens ne sont peut-être pas prêts à les reconnaître et à guider les patients sur les options de traitement et l’achèvement de la deuxième dose du vaccin.

Aucun impact sur la réception de la deuxième dose

« Que vous ayez eu une éruption cutanée au point d’injection immédiatement ou cette réaction cutanée retardée, aucune de ces deux conditions ne devrait vous empêcher de recevoir la deuxième dose du vaccin », déclare Kimberly Blumenthal, MD, MSc, auteur principal de la lettre et co-directeur du programme d’épidémiologie clinique dans la division de rhumatologie, d’allergie et d’immunologie du MGH. « Notre objectif immédiat est de sensibiliser les médecins et autres prestataires de soins à cette possible réaction retardée, afin qu’ils ne soient pas alarmés, mais au contraire bien informés et équipés pour conseiller leurs patients en conséquence ».

“Covid-arm” et traitements

Dans la lettre, les auteurs font également état de leurs propres observations cliniques sur les réactions locales importantes et retardées au vaccin Moderna, et font état d’une série de 12 patients présentant ces réactions. Dans ce groupe, l’apparition des symptômes a varié entre quatre jours après la première dose et 11 jours après la vaccination, avec une apparition médiane des symptômes le huitième jour. Les photographies (photo ci-dessus ou photos dans l’étude) montrent l’ampleur et la gravité variables des réactions. La plupart des patients ont été traités avec de la glace et des antihistaminiques, bien que certains aient eu besoin de corticostéroïdes et que l’un d’entre eux ait été traité par erreur avec des antibiotiques. Cette réaction allergique porte aussi le terme de “Covid-arm” (bras Covid). On suppose qu’il s’agisse d’une réaction d’hypersensibilité retardée1.

Pas de réaction infectieuse

« L’hypersensibilité cutanée retardée pourrait être confondue – par les cliniciens et les patients – avec une infection cutanée », explique Erica Shenoy, MD, PhD, co-auteur de la lettre et chef associée de l’unité de contrôle des infections du MGH. » Ces types de réactions ne sont cependant pas infectieuses et ne doivent donc pas être traitées par des antibiotiques.

En moyenne, les symptômes ont disparu après près d’une semaine pour le groupe de 12 personnes mentionné dans la lettre. La moitié des patients ont eu une réaction après la deuxième dose, soit environ 48 heures après la vaccination. Aucun patient n’a eu une réaction à la deuxième dose plus grave que celle à la première.

Les auteurs affirment également que des échantillons prélevés sur des biopsies cutanées ont confirmé leur suspicion d’une réaction immunitaire allergique retardée, ce qui est couramment observé dans les réactions aux médicaments.

« Pour la plupart des personnes qui en souffrent, nous pensons que c’est lié au fait que le système immunitaire de l’organisme va fonctionner », explique Esther Freeman, MD, PhD, directrice de la dermatologie de la santé mondiale à MGH et co-auteur de la lettre du NEJM. « Dans l’ensemble, ces données sont rassurantes et ne devraient pas décourager les gens de se faire vacciner ».

Références & Sources :
New England Journal of Medicine (NEJM) (DOI : 10.1056/NEJMc2102131), Massachusetts General Hospital (MGH), pharmawiki.ch.

Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Seheno Harinjato (rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies), Relecture et corrections finales (Xavier Gruffat, Pharmacien).

Date de dernière mise à jour du dossier :
13.05.2021

Crédits photos :
MASSACHUSETTS GENERAL HOSPITAL (via Eurekalert.org, accédé le 4 mars 2021)

Crédit infographie : 
Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch)

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Pharmawiki.ch, accédé le 13 mai 2021
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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 13.05.2021
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