Vaccin Johnson & Johnson (Covid-19)

Le vaccin Johnson & Johnson (J&J) contre la Covid-19 avec le nom Ad26.COV2.S est à base d’un adénovirus, un virus atténué à l’origine du rhume. Il s’agit d’un vaccin à vecteur viral (viral vector).
On peut qualifier ce vaccin de génétiquement modifié (genetically engineered)1.
Le vaccin de J&J est pris en une seule dose, à la différence de la grande majorité des vaccins contre la Covid-19 pris en 2 doses, et il peut être stocké dans un réfrigérateur classique.

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Vaccin mis sur pause aux Etats-Unis (13.04.2021)
Les principales agences fédérales de santé publique américaines (FDA, CDC) vont enquêter sur six cas de femmes âgées de 18 à 48 ans ayant développé des cas graves de caillots sanguins après avoir reçu le vaccin J&J contre la Covid-19 et préconisent d’en suspendre les injections en attendant les conclusions. A la mi-avril 2021, plus de 6,8 millions de doses du vaccin J&J ont été administrées aux Etats-Unis.

Fonctionnement – Structure du virus du vaccin (simplification) :
Le vecteur utilisé dans ce vaccin est un adénovirus, un virus à l’origine du rhume. Mais l’adénovirus utilisé dans le vaccin a été génétiquement modifié de sorte qu’il est impossible qu’il provoque une infection chez l’homme.
L’adénovirus sert de véhicule ou vecteur pour faire entrer la séquence génétique dans vos cellules, d’où le nom de vecteur viral. L’adénovirus est un virus à ADN, à la différence du SARS-CoV-2 à l’origine de la Covid-19 qui est à ARN.
Il faut savoir que le virus SARS-CoV-2 se fixe aux cellules humaines par la protéine S (Spike ou Spike glycoprotein). Cette protéine S se trouve à la surface SARS-CoV-2 (voir infographie ci-dessous).
Dans la fabrication du vaccin, le gène de la protéine S, un gène à ARN, est isolé du SARS-CoV-2, transformé en ADN puis inséré dans l’ADN de l’adénovirus atténué, le vecteur viral. Ensuite, si on se base sur le vaccin AstraZeneca/Oxford2 le vecteur viral infecte tout d’abord la cellule humaine et délivre ensuite cet ADN au noyau de la cellule*. La cellule peut alors transcrire les gènes viraux (ADN) en ARNm en utilisant la même ARN polymérase que celle qu’elle utilise pour nos propres gènes. On peut dire que les gènes viraux utilisent la machinerie au niveau cellulaire mais n’ont pas besoin des gènes humains. Selon nos informations (cette vidéo d’un scientifique indien nous a aidé à y voir clair), les gènes viraux, même si présents dans le noyau, sont bien séparés physiquement des gènes humains (où est l’ADN). Après la transcription, l’ARNm est marqué pour pouvoir quitter le noyau et être transformé en protéine S (Spike protein) par la machinerie cellulaire, dans les ribosomes. L’organisme humain au niveau cellulaire va donc commencer à produire des protéines S qui vont se répandre notamment dans la circulation sanguine.
En réaction, le corps va finalement produire notamment des anticorps (le mécanisme est plus complexe) dirigés contre les protéines S. En cas d’infection par la suite par le SARS-CoV-2 (virus de la Covid-19), l’organisme va être capable grâce à son système immunitaire de se défendre contre le virus à l’origine de la Covid-19.
*Pour le vaccin AstraZeneca et Oxford, probablement identique pour le vaccin J&J comme il s’agit d’un adénovirus, comme les virus utilisent un processus différent de celui des cellules humaines pour répliquer leur ADN, la cellule humaine elle-même ne peut pas non plus répliquer l’ADN viral. Autrement dit, les gènes qui provoquent la réplication sont éliminés du vecteur viral (adénovirus). Cela signifie que le vecteur viral ne peut pas se répliquer (fabriquer plus de virus) ou provoquer une maladie3. L’ADN viral original de l’adénovirus ne perdure que quelques jours avant que la cellule ne les élimine. Cela empêche toute possibilité d’intégration de l’ADN viral à l’ADN humain.
Pour aller plus loin : vidéo YouTube d’un scientifique indien expliquant l’entrée du vaccin AstraZeneca/Oxford (à Adenovirus) dans la cellule, publiée en janvier 2021 (dès min. 19, partie intéressante).
Remarque :
– La structure du virus du vaccin est nommée adénovirus recombinant de sérotype 26 (Ad26). L’Ad26 a été utilisé dans le passé pour produire le vaccin contre Ebola, un vaccin qui a été autorisé par des agences d’enregistrement des médicaments à travers le monde.

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Efficacité :
– L’efficacité globale du vaccin de J&J contre la Covid-19 est de 66% (cela veut dire que 66% des personnes infectées n’ont pas présenté de symptômes), de 72% sur des essais cliniques réalisés aux Etats-Unis, selon plusieurs éditions du Wall Street Journal datant de février 2021. L’efficacité était de 64% en Afrique du Sud4.
– L’efficacité du vaccin était de 85,9% contre les formes graves de la maladie aux Etats-Unis, et il était également efficace contre ces formes graves à 81,7% en Afrique du Sud et 87,6% au Brésil, où des variants sont largement répandus.
Pour arriver à ces résultats, une grande étude clinique de phase 3 a été réalisée sur plus de 44’000 participants.

Indication :
Pour une immunisation active afin de prévenir la Covid-19, causée par le virus du SRAS-CoV-2.

Effets secondaires :
Parmi les effets secondaires possibles les plus courants, on peut mentionner :
– Douleur, rougeur et gonflement au point d’injection.
Maux de tête
– Fatigue
– Douleurs musculaires
– Nausées
– Fièvre
Des réactions allergiques, dont l’anaphlaxie, ont été signalées lors d’essais cliniques, comme le relève le site en allemand Pharmawiki.ch.

Contre-indications :
– Hypersensibilité (allergie)
– Maladie ou infection fébrile aiguë (fièvre active au moment de la piqûre)

Administration du vaccin :
Le vaccin est administré par injection intramusculaire, généralement dans le deltoïde de la partie supérieure du bras.

Stockage :
Le vaccin J&J peut être stocké dans un réfrigérateur normal à une température comprise entre 2 et 8 °C. Il peut être stocké au réfrigérateur jusqu’à 3 mois5. De plus, le vaccin peut être stocké sous forme congelée à une température comprise entre -25 °C et -15 °C et transporté congelé ou décongelé à une température comprise entre 2 °C et 8 °C6.

Développement :
Ce vaccin a en fait été développé par Janssen, une filiale du géant pharmaceutique Johnson & Johnson (J&J). En 2020, J&J était de loin le plus grand laboratoire pharmaceutique au monde en terme de chiffre d’affaires (devant Roche) avec des ventes de plus de 80 milliards de dollars (USD).

Fabrication – Production du vaccin :
Plusieurs usines à travers le monde, notamment aux Etats-Unis et en Europe mais aussi en Asie et en Afrique, produisent le vaccin J&J. La société J&J devrait avoir 8 sites de production d’ici juillet 20217.
Le fournisseur de la substance active est la société américaine BioSolutions.
Le laboratoire pharmaceutique Merck & Co (MSD) va aider J&J à développer le vaccin, comme l’expliquait le Wall Street Journal le 2 mars 2021.

Dans quels pays le vaccin a-t-il été enregistré ?
Etats-Unis. Ce vaccin a été enregistré aux Etats-Unis le samedi 27 février 2021 par la FDA américaine. Le vendredi 26 février 2021, un comité de 22 spécialistes avait recommandé à l’unanimité l’autorisation du vaccin par la FDA, selon la TV CNN. Ce comité avait analysé les études cliniques en phase 3 du vaccin, réalisé sur plus de 43’000 personnes. Le 1er mars 2021, aux Etats-Unis seulement deux autres vaccins que celui de J&J étaient enregistrés, ceux de Pfizer/BioNTech et Moderna.
Les Américains ont commandé dans un premier temps 4 millions de doses du vaccin (arrivage le 2 mars 2021) J&J et à la fin mars 2021 un total de 20 millions de doses devraient être livrés8.
Canada. Le vaccin a été enregistré au Canada le 5 mars 2021. Le Canada, qui a déjà donné son feu vert aux vaccins de Pfizer-BioNTech, Moderna et AstraZeneca, a commandé jusqu’à 38 millions de doses de ce vaccin, qui est le premier à dose unique parmi ceux homologués contre le Covid-19 dans le pays. 
Union Européenne (UE). Le vaccin a été enregistré le 11 mars 2021 dans l’UE, par l’autorité de santé compétente (EMA).
Suisse. Le vaccin a été enregistré le 22 mars 2021 en Suisse, par Swissmedic. Le 23 mars 2021, le vaccin n’était toutefois pas disponible sur le marché suisse.

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Sources :
TV CNN, Keystone-ATS, The Wall Street Journal, pharmawiki.ch, Folha de S.Paulo, Le Temps, Cornell University (USA).

Rédaction :
Xavier Gruffat (pharmacien)

Dernière mise à jour :
13.04.2021

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Site Internet de la Cornell University, Alliance for Science, article du 17 décembre 2020, site accédé par Creapharma.ch le 4 mars 2021
  2. Site Internet de l’Université d’Oxford, consulté le 4 mars 2021
  3. Site Internet de l’Université d’Oxford, page mise à jour le 3 mars 2021, page consultée par Creapharma.ch le 4 mars 2021
  4. Folha de S.Paulo, édition papier du 1er mars 2021
  5. Le Temps (www.letemps.ch), citant la revue scientifique Nature, site accédé par Creapharma.ch le 4 mars 2021
  6. Keystone-ATS, le 23 mars 2021, via le site du Nouvelliste.ch
  7. Le Temps, journal suisse de référence, consultation du site Internet le 4 mars 2021
  8. The Wall Street Journal, édition du 1er mars 2021

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 13.04.2021
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