COPENHAGUE – Un médicament qui nous aide à manger moins pourrait aider les plus de 650 millions de personnes dans le monde qui vivent avec l’obésité. L’un des nouveaux candidats médicaments qui intéressent les chercheurs est l’hormone GDF15 qui, lorsqu’elle est administrée aux rongeurs, diminue leur appétit et leur poids. De nouvelles recherches de l’Université de Copenhague ont montré que le corps produit de grandes quantités de GDF15 pendant des périodes prolongées d’exercices intenses, probablement comme un signal de stress physiologique. Les résultats ont été publiés le 16 février 2021 dans le journal Nature Communications (DOI : 10.1038/s41467-021-21309-x).
Cette découverte met en évidence les différences essentielles entre la GDF15 administrée sous forme de médicament (pharmacologie) et la GDF15 libérée naturellement en réponse à un exercice intense (physiologie). Il s’agit d’une distinction importante pour comprendre le rôle de la GDF15 dans la régulation de l’appétit et l’équilibre énergétique, avec des implications sur son rôle en tant que médicament possible contre l’obésité.
Meilleure compréhension du rôle physiologique du GDF15
« L’existence de conditions physiologiques impliquant la GDF15 comme régulateur du métabolisme énergétique reste un mystère non résolu », déclare le professeur associé Christoffer Clemmensen du Centre de recherche métabolique fondamentale (CBMR) de la Fondation Novo Nordisk à l’Université de Copenhague.
Christoffer Clemmensen, Trine Sand Nicolaisen, doctorante, et le professeur adjoint Anders Bue Klein ont mené cette recherche en collaboration avec le département de nutrition, d’exercice physique et de sport de l’université de Copenhague.
Leur objectif était de mieux comprendre le rôle physiologique du GDF15 dans le métabolisme et le comportement énergétiques. Des découvertes récentes chez les rongeurs et les singes suggèrent que l’hormone, lorsqu’elle est administrée de manière pharmacologique, diminue l’appétit, mais favorise également les nausées et les maladies. D’autres études ont montré que le médicament metformine favoriserait la perte de poids en augmentant les niveaux de GDF15.
Différents effets pharmacologiques et physiologiques de la GDF15
Cependant, on sait peu de choses sur le fonctionnement de la GDF15 lorsqu’elle est libérée naturellement par l’organisme. Les chercheurs ont entrepris de combler ce manque de connaissances par une série d’expériences sur des humains et des souris. Parmi leurs principales conclusions, ils ont constaté qu’un exercice prolongé au-delà de deux heures chez l’homme entraîne une multiplication par quatre ou cinq la circulation de la GDF15, ce qui suggère que la GDF15 fonctionne comme un signal de stress induit par l’exercice.
Pour tester cette idée, les chercheurs ont utilisé des modèles animaux. Ils ont découvert que le fait de donner du GDF15 à des souris comme médicament diminuait clairement leur motivation à faire de l’exercice et réduisait leur appétit. Mais lorsque les souris faisaient de l’exercice vigoureusement, pour stimuler la libération physiologique de GDF15, cela induisait la même réponse sur le comportement et la consommation alimentaire.
Ces résultats soulignent une différence entre la GDF15 physiologique et la GDF15 pharmacologique. Christoffer Clemmensen précise que d’autres études sont nécessaires pour comprendre ce décalage et savoir si la GDF15 a également des effets comportementaux chez l’homme. Lui et son équipe vont maintenant se concentrer sur la clarification des effets de la GDF15 lorsqu’elle est produite par le corps.
Références & Sources :
Journal Nature Communications (DOI : 10.1038/s41467-021-21309-x)
Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Seheno Harinjato (rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies), relecture le 17 février 2021 par Xavier Gruffat (pharmacien)
Date de dernière mise à jour de l’article :
19.03.2021
Crédits photos :
Creapharma.ch, Adobe Stock, © 2021 Pixabay
Crédit infographie :
Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch)