Mieux comprendre le diabète en 7 questions (interview)

« Seuls les diabétiques de type 1 ne peuvent pas se passer d’insuline car leur organisme n’est plus en mesure d’en produire »

LAUSANNE Le diabète est l’une des maladies les plus fréquentes en ce début des années 2020. Interview avec Mme Léonie Chinet, secrétaire générale chez diabètevaud (l’association des patients diabétiques du canton de Vaud en Suisse) pour mieux comprendre cette maladie métabolique.

Creapharma.ch – L’hypertension est facile à comprendre, en tout cas de façon générale. Le diabète est un peu plus compliqué, comment expliquer simplement ce qu’est le diabète (remarque pour vous : vous pouvez mentionner le diabète de type 1 ou 2 de façon séparée ou ensemble, comme vous préférez) ?
Léonie Chinet – Une définition simple du diabète, c’est qu’il s’agit d’un excès de sucre dans le sang. Mais ceci cache une grande complexité, parce qu’il y a plusieurs types de diabète, principalement celui de type 1 et celui de type 2, qui sont des maladies différentes.

Quels sont les principaux facteurs de risque du diabète ?
Il y a un facteur héréditaire, mais ça n’est pas le principal. Pour le diabète de type 2, ce sont nos modes de vie qui sont surtout en cause : alimentation déséquilibrée, manque d’activité physique, tabagisme finissent par « fatiguer » notre métabolisme, ce qui peut entraîner, à partir de 40-45 ans, l’apparition d’un diabète. Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune : les cellules de notre pancréas qui produisent l’insuline sont détruites par notre propre système immunitaire. Ce diabète survient souvent plus tôt et ses causes exactes restent peu connues. Vous l’aurez compris, s’il est possible de prévenir le diabète de type 2 en adaptant nos habitudes de vie, il n’existe pas de moyen de prévenir le diabète de type 1.
Là on peut dire que c’est juste « la faute à pas de chance » !

Est-ce vrai qu’en cas de diabète (y compris diabète de type 2) on a toujours besoin d’insuline ?
Non, seuls les diabétiques de type 1 ne peuvent pas se passer d’insuline car leur organisme n’est plus en mesure d’en produire. Chez les diabétiques de type 2, ce n’est qu’à un stade avancé de la maladie que l’insuline devient nécessaire pour équilibrer le taux de sucre dans le sang, lorsque les autres médicaments n’y parviennent plus.

Quelle est l’influence de l’exercice physique (ex. marche modérée ou intense, sport) sur le diabète notamment de type 2 ?
L’exercice physique est bénéfique à toute personne, atteinte ou non de diabète, car il entretient la santé tant du corps que de l’esprit (des études ont montré que les personnes qui bougent assez et régulièrement dépriment moins que les autres). Une des raisons est que
l’activité physique stimule notre métabolisme. C’est ce qui explique que certaines personnes atteintes de diabète de type 2 arrivent, en modifiant leur mode de vie notamment en bougeant plus, à pouvoir se passer de traitements médicamenteux. Il faut encore préciser qu’il n’y a pas besoin de faire du sport, une activité telle que marcher d’un bon pas suffit. On recommande au moins deux heures et demie d’activité physique réparties dans la semaine (par exemple une demi-heure 5 fois par semaine).

Pouvez-vous nous nous expliquer ce qu’est le pied diabétique ?
Il s’agit d’une complication du diabète qui peut à la longue, surtout s’il est régulièrement mal équilibré (i.e. taux de sucre trop élevé dans le sang), causer des atteintes aux nerfs et aux parois des vaisseaux sanguins. Lorsque les nerfs sont atteints (on parle de neuropathie), la douleur n’est plus ressentie, donc une plaie peut passer inaperçue. Si en plus les pieds sont mal vascularisés, les plaies auront de la peine à guérir, ce qui explique le risque accru d’amputation. Lire aussi : 10 problèmes courants qui touchent le pied

colchicine indication

Comment diagnostique-t-on le diabète ? A quelle fréquence faudraitil se rendre chez le médecin pour savoir si on a le diabète ou non ?
On peut faire une mesure de glycémie (mesure du taux de sucre actuel dans le sang en piquant le bout du doigt) en pharmacie (ndlr. en Suisse en tout cas) pour savoir s’il y a un risque que l’on soit diabétique, mais le diagnostic doit être confirmé par un médecin. Ceci dit, il est possible de connaître en tout temps son risque de diabète de type 2 en répondant au test de risque, qui est disponible gratuitement sur le site de diabètevaud. Pour le diabète de type 2, il faut commencer à se surveiller vers 40 ans, surtout en cas
d’antécédents de diabète dans la famille, de mode de vie déséquilibré et de surpoids. C’est d’autant plus important que le diabète ne « fait pas mal », et donc peut passer longtemps inaperçu. Le diabète de type 1 doit être soupçonné typiquement chez un enfant ou un jeune qui perd du poids sans raison tout en mangeant normalement voire plus, devient faible, boit de grandes quantités d’eau et urine plus souvent. Dans ce cas il faut rapidement consulter, c’est une urgence vitale.

Dans le canton de Vaud en Suisse (pour les personnes non Suisses, l’équivalent d’un département français moyen) avec ses env. 800’000 habitants, avez-vous noté une augmentation du diabète de type 2 ces dernières années chez les habitants du canton ?
Oui, comme un peu partout ailleurs, le diabète touche de plus en plus de monde. Pour celui de type 2, sont en cause nos modes de vie et l’augmentation du nombre de personnes en surpoids. Dans le canton de Vaud, le taux de personnes atteintes du diabète est passé de 3.7 à 4.8% entre 2007 et 2017. Si l’on considère les diabétiques qui s’ignorent, cela atteint 6%, soit 1 Vaudois.e sur 15 parmi les personnes de 15 ans et plus. C’est pourquoi nous continuons à œuvrer pour mieux informer les personnes sur les moyens de diminuer leur risque de devenir diabétique de type 2. Vous connaissez la formule « mieux vaut prévenir que guérir », on peut dire qu’elle s’applique tout à fait au diabète. Et il n’est jamais trop tôt pour agir !

Le 14 août 2020. Creapharma.ch remercie Madame Léonie Chinet de diabètevaud pour cet interview. Interview réalisé par e-mail par Xavier Gruffat (Creapharma) en août 2020. Crédits photos : Adobe Stock, Fotolia.

Inscrivez-vous à notre newsletter (gratuit)     Lire aussi :
Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 29.09.2020
Publicité