La France a gagné la bataille du taux de reproduction (R), mais la guerre contre le Covid-19 continue

PARIS – Les mesures de prévention mises en place en France ont permis de réduire la transmission du Covid-19, mais le nombre de cas toujours élevé et le manque d’immunité collectif font que le risque d’une deuxième vague reste encore à craindre. Les restrictions relatives au Covid-19 devraient ainsi être levées avec prudence selon une nouvelle étude, publiée dans Frontiers in Medicine (DOI : 10.3389/fmed.2020.00274) le 5 juin 2020, qui confirme cependant que les mesures restrictives ont réussi à limiter la propagation de ce virus.

Des mesures de prévention efficaces

La France a gagné la bataille du R, mais la guerre contre la Covid-19 continue« Les mesures de prévention et de contrôle ont été efficaces pour réduire le taux de transmission du Covid-19, mais le risque d’une seconde vague d’infections reste extrêmement élevé », d’après le Dr Lionel Roques, premier auteur de cette recherche, basé à l’Institut national de recherche sur l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) en France.
Il met en garde contre l’absence d’immunité collective et l’existence de nombreux cas infectieux qui persistent. Selon le chercheur, il est essentiel de maintenir les mesures afin de garder une valeur de taux de reproduction de base du virus, ou nombre R, inférieure à 1.
La valeur R est un moyen important de mesurer la transmission des maladies. Lorsqu’elle tombe en dessous de 1, chaque personne infectée infectera moins qu’une autre, ce qui signifie que le nombre de nouvelles infections diminuera au fil du temps.

Une valeur R de 3,2 au début du confinement

Selon les explications du Dr Roques, la Covid-19 s’est propagée rapidement en France lorsque l’Organisation mondiale de la santé a attribué au virus le statut de pandémie au début du mois de mars 2020. Comme les premiers cas sont arrivés en petit nombre en décembre 2019, ils sont restés largement non détectés, de sorte que la première bataille, celle de toute intervention précoce pour arrêter la propagation de la maladie, était déjà perdue puisque la valeur R dépassait 1.

Le nombre réel de cas infectés était, en effet, difficile à calculer. Il y avait trop de cas non signalés et les variations dans les stratégies de test signifiaient que les scientifiques ne savaient pas qui et combien avaient été infectés.

« Nous avons pensé que les méthodes développées pour nos travaux précédents pourraient être utiles. En utilisant des équations mathématiques qui tiennent compte des cas non signalés et en les reliant à d’autres équations qui calculent le nombre le plus probable de cas infectés, nous avons pu calculer le nombre R pour comprendre le taux de transmission de la Covid-19 », ajoute le chercheur.

Largement utilisée par les écologistes, cette approche mathématique a rarement été utilisée pour évaluer la propagation de la maladie chez l’homme. En utilisant cette méthode, le Dr Roques a calculé une valeur R de 3,2 au début du confinement en France et un taux de mortalité par infection de 0,8%.

Réduction de 7 fois du nombre R après confinement

Le virus s’est ainsi propagé si vite que la deuxième bataille, celle de l’endiguement de l’épidémie, a été perdue et le confinement a donc été déclenché. Les calculs effectués lors de cette étude suggèrent que les restrictions ont été très efficaces pour ralentir la transmission de la Covid-19, avec une réduction de 7 fois du nombre R à 0,47.

Le Dr Roques poursuit toutefois en soulignant que même si cette troisième bataille a été gagnée, les résultats de l’étude suggèrent que le potentiel d’une deuxième vague est extrêmement élevé. À la fin des restrictions, au mois de mai, les calculs montrent que 4% de la population française aura été infectée et c’est beaucoup trop peu pour atteindre l’immunité collective. Le seuil pour cela est de 69%.

Les chercheurs estiment également qu’il reste de nombreux cas infectieux, de sorte qu’une deuxième vague pourrait être lancée avec plus de cas infectés que la première vague.

Des recherches supplémentaires restent nécessaires selon le chercheur, car il est essentiel d’examiner comment le nombre R et le nombre de cas infectés diffèrent dans le pays. Par exemple, dans les communautés urbaines par rapport aux communautés rurales. Ces informations aideront à comprendre comment d’autres facteurs, qui peuvent varier à l’intérieur d’un pays, comme le climat, la densité de population et l’âge du patient, affecteront la propagation de cette maladie.

Références & Sources :
Frontiers in Medicine (DOI : 10.3389/fmed.2020.00274), communiqué de presse de l’étude (en anglais).

Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Seheno Harinjato (Rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies), relecture par Xavier Gruffat (pharmacien)

Date de dernière mise à jour du dossier :
09.06.2020

Crédits photos :
Creapharma.ch, Adobe Stock, © 2020 Pixabay

Crédit infographie : 
Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch)

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 11.06.2020
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