Le SIDA est tout comme la Covid-19, causé par un virus, dans le cas du SIDA le VIH. Le but de cet article n’est pas de comparer les deux maladies qui sont différentes notamment dans la transmission et le développement des symptômes, rapide pour la Covid-19 et lente pour le SIDA. La pneumonie semble toutefois un élément central et grave des deux maladies. De plus, on sait que dans une population avec passablement de personnes atteintes du SIDA mais non traitées avec des rétroviraux et en cas d’infection par la Covid-19, cela peut augmenter le risque de production de variants. D’où l’urgence également de traiter le maximum de malades souffrant du SIDA avec des médicaments adéquats.
Le SIDA est une maladie de mieux en mieux comprise plus de 40 ans après son apparition supposée, ce qui n’est pas le cas de la Covid-19 qui date seulement de fin 2019. En se rappelant de l’histoire du SIDA, on peut aussi faire preuve de plus d’empathie pour les malades et notamment ceux qui l’étaient dans les années 1980, époque pendant laquelle il n’existait aucun traitement efficace. En 2020, environ 1,5 million de personnes ont été nouvellement infectées par le VIH et 680’000 personnes sont décédées de maladies liées au SIDA1. Par comparaison fin novembre 2021, la Covid-19 avait fait plus de 5 millions de morts dans le monde depuis le début de la pandémie en 2020 selon des données de l’université américaine de référence Johns Hopkins.
La journée mondiale du SIDA/VIH a lieu chaque 1er décembre, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La première journée mondiale contre le SIDA a été instituée en 1988 par l’OMS.
Origine lointaine
Le SIDA aurait débuté à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC), dans les années 1920, avant de se propager dans le monde en pleine mutation, d’après les recherches faites par une équipe internationale de chercheurs, en octobre 2014. Les scientifiques suggèrent que l’ancêtre commun du VIH est “très probablement” apparu à Kinshasa vers les années 1920. Toutefois, le VIH a été identifié pour la première fois seulement en 1981.
Années 1980
Effectivement, le 5 juin 1981 le SIDA est apparu au monde. Ce jour-là, le Centre de contrôle des maladies (CDC) d’Atlanta aux Etats-Unis fait état, chez cinq jeunes homosexuels de Californie, d’une pneumonie rare qui ne frappait jusqu’alors que des sujets fortement immunodéprimés. Ces 5 jeunes vont mourir de pneumonie.
1980 (ou 1971 ?)
Un mois plus tard (juillet 1981), un cancer de la peau très rare est diagnostiqué chez 26 homosexuels américains. On parle alors de “cancer gay”. La maladie sera baptisée l’année suivante du nom de syndrome de l’immunodéficience acquise ou SIDA (AIDS en anglais). Néanmoins, une étude publiée en octobre 2016 dans la revue scientifique de référence Nature par des chercheurs de l’Université d’Arizona remet en question ces premiers cas dans les années 1980 aux Etats-Unis. Selon eux et grâce à des analyses génétiques, le premier cas de SIDA serait probablement apparu déjà en 1971 à New York. Sur la côte ouest, notamment à San Francisco, des cas de SIDA seraient déjà apparus en 1976.
1983
En janvier 1983, les chercheurs français Françoise Barré-Sinoussi et Jean-Claude Chermann, dirigés par le Français Luc Montagnier, ont isolé un nouveau virus appelé Lymphadenopathy Associated Virus (LAV), qui pourrait être lié au SIDA. Les chercheurs ont remarqué que ce virus, transmis par le sang, les sécrétions vaginales, le lait maternel ou le sperme, attaque le système immunitaire et l’expose aux “infections opportunistes” comme la tuberculose ou la pneumonie. M. Montagnier gagnera par la suite le Prix Nobel de Médecine.
1984
Le 23 avril 1984 : Robert Gallo a annoncé qu’il avait trouvé la cause “probable” du SIDA : HTLV-III. Le LAV et le HTLV-III sont le même virus. En 1986, il est renommé VIH (HIV en anglais).
1985
Le 2 octobre 1985 : l’acteur américain Rock Hudson meurt du SIDA. D’autres stars suivront, comme le chanteur Freddy Mercury (1991) ou le danseur russe Rudolf Noureev (1993).
1986
Mise au point du premier médicament en 1986, l’azidovudine (AZT), un antirétroviral qui ralentit la progression du virus mais ne l’élimine pas. Celui-ci est officiellement appelé virus de l’immuno-déficience humaine (VIH). En décembre, 4’500 cas sont recensés en Europe, soit une augmentation de 124% en un an. L’AZT est un médicament qui présente de nombreux effets secondaires.
1990
Le jeune Ryan Wayne White (né en 1971) est mort du SIDA le 8 avril 1990 à Indianapolis aux Etats-Unis à l’âge de 18 ans. Il est un jeune homme américain qui devient un emblème national de la lutte contre le virus du VIH aux États-Unis, après avoir été renvoyé de son école à cause de son infection. Étant hémophile, il est infecté à la suite d’une injection de sang contaminé par le VIH. Le chanteur superstar Sir Elton John, lui-même homosexuel, a été touché par son histoire et s’est par la suite fortement engagé dans la lutte contre le SIDA à travers notamment une fondation.
1991
Le basketteur à succès Magic Johnson apprend brutalement sa séropositivité en 1991. Il a rapidement suivi un traitement, expérimental à l’époque. En 2020 Magic Johnson âgé de 60 ans était toujours en vie et donnait une interview en avril 2020 à la TV CNN afin d’expliquer la pandémie du SIDA au début des années 1990 et des leçons à tirer de la pandémie de 2020 du Covid-19.
1996
L’arrivée en 1996 des trithérapies (cocktail) change la donne : de maladie forcément mortelle, le sida devenait maladie chronique. Les Nations unies mettent en place le Programme conjoint sur le SIDA (Onusida). L’épidémie s’étend rapidement en Afrique et s’aggrave en Europe orientale, en Inde et en Chine. Le nombre de décès dus au SIDA aux Etats-Unis a baissé pour la première fois pendant l’année 1996. Les cocktails ont l’avantage d’attaquer à différents endroits du virus, ce qui rend ces médicaments bien plus efficaces.
1999
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 1999 compte 50 millions de personnes infectées et 16 millions de morts depuis le début de l’épidémie.
2001
Les médicaments génériques sont autorisés en 2001 pour permettre aux pays en développement de fabriquer des médicaments contre le SIDA.
2002
Création en 2002 du Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme, avec le soutien de Bill Gates (co-fondateur de Microsoft).
2003
Lancement en 2003 par le président George W. Bush d’un programme sur 5 ans de 15 milliards de dollars, le Pepfar.
2006
Des études en 2006 établissent que la circoncision d’hommes non infectés par le virus divise au moins par deux les risques qu’ils soient contaminés par le VIH. Mais elle ne protège pas les femmes. Début des campagnes de circoncision en Afrique.
2009
Depuis l’apparition de la maladie, quelque 25 millions de personnes sont mortes du sida et 60 millions ont été contaminées en 2009. Depuis huit ans, le nombre d’infections a baissé de 17% (Onusida).
2010
Une étude montre en 2010 qu’un gel vaginal microbicide contenant un antirétroviral peut, bien utilisé, réduire de moitié le risque d’infection au VIH chez les femmes.
2011
Un essai clinique en 2011 établit que traiter au plus tôt des personnes séropositives avec des antirétroviraux réduit quasi totalement le risque de transmission du virus à des partenaires séronégatifs.
2012
Le médicament Truvada, un médicament prophylactique, est approuvé aux Etats-Unis. Ce médicament est très utilisé en 2020 dans la prévention de la maladie.
2017
Pour la première fois, en 2017 la moitié des personnes infectées sont en traitement, selon l’ONU. 36,9 millions ont été signalés comme infectés en 2017, environ 35 millions sont morts depuis 1981.
2019
1,7 million de personnes ont été nouvellement infectées par le VIH et 690’000 personnes sont décédées de maladies liées au SIDA pendant l’année 2019.
2020
Pour la deuxième fois dans le monde, un patient séropositif est exempt de virus après une greffe de cellules souches. Le seul cas reconnu à ce jour pour un patient atteint du sida est celui du citoyen américain Timothy Brown, qui a reçu un diagnostic de sida à Berlin dans les années 1990.
Le 1er décembre 2021. Par Xavier Gruffat (pharmacien). Sources : Keystone-ATS (agence de presse suisse), ONUSida (en anglais UNAIDS), CNN.com, pages Wikipedia en français et anglais.