Prednisone (et prednisolone)

La prednisone est un glucocorticoïde par excellence, il est très utilisé à travers le monde notamment car il est bon marché. La prednisone a les mêmes propriétés que la prednisolone. La prednisone est en fait une prodrug (en français prodrogue) de la prednisolone. Cela signifie que la prednisolone est la forme active dans l’organisme.
Les glucocorticoïdes ont surtout un effet anti-inflammatoire et immunosuppresseur. La prednisone (et prednisol) inhibe les glandes surrénales. Il faut savoir que les glucocorticoïdes naturels sont la cortisone et le cortisol.

Noms de la molécule :
Prednisone, Prednisonum PhEur, prednisolone (forme active), Prednisone (nom anglais).

Molécule :
C21H26O5

Effets :
Les effets sont surtout anti-inflammatoires, anti-allergiques, anti-prolifératifs et immunosuppresseurs.
Les glucocorticoïdes se lient à des récepteurs spécifiques dans les cellules et activent ou inhibent certains gènes. Il s’en suit une modification de la synthèse des protéines. Ces effets aboutissent également à des variations dans la synthèse de glucides et lipides. Ces changements peuvent être à l’origine de différents effets secondaires (lire ci-dessous), parfois sérieux ou graves, surtout lors d’un traitement à moyen ou long terme.
La puissance anti-inflammatoire de la prednisone (et prednisolol) est de 4, contre 1 pour l’hydrocortisone (l’équivalent à la cortisol ou l’hormone naturelle) qui fait office de référence ou de 25 pour la dexaméthasone1.

Indications :
Les indications de la prednisone (ou prednisolol) sont nombreuses :Réactions allergiques aiguës (ex. choc anaphylactique)
– Maladies rhumatismales : polyarthrite rhumatoïde, certains lupus, certains formes d’arthrite
Crise de goutte (lire aussi un article à ce sujet)
Asthme
– Maladies hépatiques
Maladie de Crohn
– Maladies des reins
– Maladies hématologiques (ex. leucémie, notamment leucémie lymphatique chronique ou aiguë)
– Sarcoïdose 
– Maladies inflammatoires au niveau des yeux
– Hypercalcémie
– Dans certaines pathologies la prednisone ou d’autres molécules proches peuvent être utilisées en cas de cancer
Allergie au soleil2
– Pourrait prévenir ou traiter certaines formes de fibrose pulmonaire (les études sont encore contradictoires)
Zona (herpès zoster)
– Transplantation (en prévention et traitement)

Effets secondaires
Une thérapie de courte durée (jusqu’à 10 jours) est en général bien tolérée.
Lors d’une prise particulièrement élevée de prednisone (ou prednisolol) à long terme (un mois ou surtout plusieurs mois) un syndrome de Cushing peut apparaître. Ce syndrome se caractérise notamment par une prise de poids, un changement de la forme du visage, hypertension, œdème, diabète, dépression et ostéoporose.
Même à des doses plus faibles que celles menant au syndrome de Cushing la prednisone (ou prednisolol) peut mener à de l’ostéoporose, on constate effectivement une diminution de la densité osseuse avec la prise de corticoïdes.
Les glucocorticoïdes comme la prednisone peuvent mener à d’autres effets secondaires comme : glaucome, cataracte, nécrose osseuse aseptisée, ralentissement de la cicatrisation, affaiblissement des défenses immunitaires (il s’en suit une augmentation du risque de souffrir de maladies infectieuses), pancréatite, Pseudotumor cerebri, changements dans la formule sanguine. Une suppression des glandes surrénales est un sérieux effet secondaire de la prise de corticoïdes.
Des cas de bradycardie ont été rapportés après l’administration de fortes doses de prednisone3.
Des effets secondaires de type gastro-intestinaux peuvent aussi apparaître avec la prise de prednisone comme : nausées, vomissements, diarrhée ou maux d’estomac.

Contre-indications
Les contre-indications des glucocorticoïdes comme la prednisone et prednisolol sont nombreuses, voici une sélection :
– Hypersensibilité
– Ulcères gastro-intestinaux
Ostéoporose sévère
– Diabète
Hypertension sévère
– Infections virales, infections systémiques (problématique notamment avec infections graves)
– Vaccination avec des vaccins vivants
– Maladies psychiatriques dans l’anamnèse du patient
– Infections fongiques systémiques
Varicelle
Attention aussi en cas d’insuffisance rénale ou hépatique.
Pour la liste complète, veuillez lire la notice d’emballage et demandez conseil à un spécialiste.

Interactions
Les glucocorticoïdes oraux comme comme la prednisone et le prednisolol présentent un fort potentiel d’interactions. On estime que certains antidiabétiques, hypotenseurs ou médicaments avec un rôle dans la coagulation peuvent mener à des interactions avec la prednisone (ou prednisolol).
Demandez conseil à votre pharmacien ou médecin pour connaître les interactions.

Grossesse
Sauf urgence, contre-indiqué chez la femme enceinte (risque non exclu de malformation chez l’enfant à naître).

Allaitement
En cas d’allaitement, pas de risque particulier à dose correcte (demandez aussi conseil à votre médecin ou pharmacien).

Prise chez les enfants
Chez les enfants la prednisone (ou prednisolol) n’est pas recommandée surtout pour un traitement à moyen ou long terme à cause d’un risque de surpoids et de troubles de la croissance. Chez les enfants adaptez le dosage en fonction du poids (posologie lors de traitement aigu : max. 1 à 2 mg/kg/jour, ex. enfant de 20 kg max. 20 à 40 mg max. par jour).

Prise chez les personnes âgées
Adaptez la dose chez les personnes âgées, attention à l’ostéoporose.

Formes galéniques :
Comprimé de prednisone (en général de 5 mg, 20 mg et 50 mg), également en comprimé retard de prednisone. Il est aussi possible d’administrer la prednisone sous forme de sonde. En comprimé de prednisolone.
À base d’acétate de prednisolone : pommade oculaire, gouttes oculaires, pommade.

Remarques sur le dosage et l’administration :
– Lors de thérapie à long terme à base de prednisone (ou prednisolol), la dose quotidienne pour un adulte ne devrait pas dépasser 10 mg par jour.
– La prednisone (ou prednisolol) n’est pas utilisée en forme injectable.
– En thérapie aiguë, le médecin devrait rapidement diminuer la dose quotidienne.

Heure de prise et posologie :
Comme la cortisone est produite par l’organisme en majorité le matin, il est préférable de prendre des corticoïdes (par ex. ) également à ce moment de la journée, donc le matin. La conséquence d’une telle prise est un équilibre avec le cycle circadien naturel. Il est conseillé (sauf exception médicale) de prendre environ 2 tiers de la dose de corticoïdes le matin après le petit-déjeuner et le reste (1 tiers) au début de l’après-midi.

Remarques :
– La prednisone (et prednisolone) est un vieux médicament (enregistré en 1955 par la FDA aux États-Unis) qui a été beaucoup étudié. Il existe des génériques avec des prix souvent bas ou en tout cas abordables. Un problème lors d’une prescription à moyen ou long terme est notamment l’apparition d’ostéoporose.
– Il existe sur marché comme en Suisse des médicaments à base de prednisone (Lodotra® en forme retard et génériques – lire ci-dessus) ou de prednisolone (ex. Spiricort® et génériques).
– Dans certaines indications, d’autres glucocorticoïdes comme le dexaméthasone ou le méthylprednisolone peuvent être préférés à la prednisone (ou prednisolone).
– Parfois des anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) comme l’ibuprofène peuvent être préférés aux glucocorticoïdes. Mais attention les AINS peuvent aussi mener à des effets secondaires et notamment à long terme ou chez les sujets avec des problèmes ou risques cardiovasculaires.
– Parfois la prednisone mène à de la fatigue ou des vertiges, il faudra dans ce cas éviter la conduite d’un véhicule.
– Il faut éviter d’interrompre de façon brusque le traitement (si prescrit à moyen ou long terme), suivez toujours les recommandations du médecin. En général, la réduction de la posologie d’une thérapie à long terme est lente et progressive, jusqu’à l’arrêt définitif. Même si les symptômes s’améliorent, suivez la posologie établie par le médecin ou pharmacien.
– En cas de traitement à long terme à base de prednisone, il est conseillé d’avoir une alimentation riche en protéines (ex. oeufs), calcium et potassium et pauvre en sucres et sodium (sel).

Sources & Références : 
Sources : 
Pharmawiki.ch, “100 wichtige Medikamente” – Infomed (2020), Medicamentos de A a Z – 2016 – Artmed, Goodman & Gilman’s The pharmacological basis of therapeutics – 13th Edition – McGraw Hill Education, PHARMA-INFO, Compendium.ch, Pharmavista.ch, Cleveland Clinic.

Crédits photos :
Adobe Stock

Rédaction : 
Xavier Gruffat (pharmacien suisse)

Dernière mise à jour : 
17.12.2024

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Livre : Goodman & Gilman’s The pharmacological basis of therapeutics – 13th Edition – McGraw Hill Education.
  2. Article de la Cleveland Clinic datant du 4 avril 2022, site accédé par Creapharma.ch le 30 mai 2022 et le lien marchait à cette date
  3. Pharmavista.ch, datant du 13 août 2021, accédé le 21 août 2021

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 17.12.2024
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