Tous les médicaments ont des effets indésirables qui doivent normalement être inscrits dans les notices d’emballage. Parmi les effets secondaires les plus redoutés figure la prise de poids, même si celle-ci n’est pas systématique. Une revue de la littérature réalisée par la Mayo Clinic de Rochester (États-Unis), et publiée en 2015 dans le Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism (DOI : 10.1210/jc.2014-3421), a établi une liste non exhaustive des médicaments les plus courants qui ont comme effet secondaire le gain de poids. En septembre 2023, Creapharma.ch a remis à jour cet article en fonction des informations scientifiques disponibles. Voici à titre indicatif 6 classes de médicaments les plus connus faisant prendre des kilos pendant un traitement. Bien évidemment, en cas de prise de poids inattendue, il convient toujours de demander l’avis d’un médecin ou d’un pharmacien afin de prendre les mesures qui s’imposent.
1. Les antidépresseurs et antipsychotiques
Les médicaments préconisés contre les troubles anxieux et la dépression présentent des effets bénéfiques sur l’humeur, mais réduisent la sensation de satiété et augmentent ainsi l’appétit. Les impacts peuvent être particulièrement importants chez les personnes dépressives à cause du manque d’activité liée à leur état de santé. Pour certaines molécules, la prise de poids n’est pas continue, mais se stabilise après quelques semaines.
Antidépresseurs
Par ailleurs, les antidépresseurs peuvent entraîner une modification ou un ralentissement du métabolisme, ce qui contribue à la prise de poids. L’amitriptyline et la mirtazapine sont des antidépresseurs menant à une prise de poids souvent importante, respectivement d’environ 1,8 kg et 1,5 kg. La phénelzine et la paroxétine sont deux antidépresseurs pouvant aussi engendrer une prise de poids1.
Par contre, la fluoxétine menait à une perte de poids d’environ 1,1 kg.
Antipsychotiques
L’olanzapine et la quétiapine sont des antipsychotiques (neuroleptiques) associés à une importante prise de poids, respectivement 2,4 kg et 1,1 kg. La clozapine peut aussi mener à une prise de poids.
Une étude publiée dans la revue Neuropsychiatric Disease and Treatment (DOI : 10.2147 / NDT.S113099), en août 2017, a montré que les antipsychotiques ont un réel impact sur le poids et que les enfants et les adolescents prennent plus de poids que les adultes. Dans sa conclusion, l’étude préconise l’importance de prioriser la prévention de la prise de poids chez les patients traités par antipsychotiques.
2. Les antihistaminiques et somnifères
Les antihistaminiques H1 comme la diphénhydramine (lire complète liste ici) sont des médicaments utilisés ou prescrits pour lutter contre les allergies. Ils sont souvent d’autres effets secondaires outre la somnolence. En effet, ils sont connus pour faire prendre des kilos après seulement quelques jours de traitement. En diminuant la sensation de satiété, ils favoriseraient la prise alimentaire sans un suivi rigoureux destiné à éviter l’excès. Une autre hypothèse possible serait que la production d’histamine dans l’organisme pourrait provoquer la sensation de faim. Quant aux somnifères, leur effet sédatif aurait tendance à diminuer la consommation d’énergie, ce qui réduit les calories brûlées.
3. La cortisone et autres corticoïdes
La cortisone et d’autres corticoïdes (ex. prednisone) en prise orale (ex. comprimé) est à l’origine d’une rétention de sel et d’eau pouvant mener à une prise de poids2. Un long traitement comme celui utilisé en cas d’asthme pourrait faire grossir, d’autant plus que la cortisone favorise les œdèmes et la répartition des cellules graisseuses qui se concentrent notamment sur le visage, la nuque ou la taille. Il faut savoir que les corticoïdes en prise orale peuvent aussi augmenter le risque d’ecchymoses, d’ostéoporose, d’hypertension artérielle, de diabète et accroître le risque d’infections.
4. Les médicaments contre le diabète (mais pas tous)
Cette publication de la Mayo Clinic de Rochester (Minnesota) montre qu’il existe des traitements contre le diabète pouvant favoriser la prise de poids. C’est par exemple le cas du tolbutamide (Orinase®, 2,8 kg), du glimépiride (Amarel®, 2,1 kg) ou de la sitagliptine (Januvia®, 0,55 kg). Bien évidemment, d’autres molécules comme la metformine et surtout les agonistes des récepteurs du GLP-1 (liraglutide ou le sémaglutide) produisent l’effet contraire et ont plutôt tendance à faire perdre du poids. Cette baisse du poids est recommandée chez les diabétiques. Lors de traitements par insuline ou sulfamides, une augmentation de la masse graisseuse peut être constatée étant donné que l’insuline favorise le stockage du glucose dans l’organisme.
5. Les antihypertenseurs bêta-bloquants
Les bêta-bloquants comme l’aténolol ou le métoprolol destinés à traiter l’hypertension artérielle favorisent la rétention de sel et d’eau. Les tissus auront ainsi tendance à gonfler pour former des œdèmes. De même, afin de faire baisser la pression artérielle, ces médicaments vont contribuer à la dilatation des vaisseaux sanguins, ce qui va encore plus faciliter la formation des œdèmes.
Des études montrent également que les bêta-bloquants qui sont souvent prescrits pour soigner l’hypertension artérielle tendent à baisser la thermogenèse, c’est-à-dire la production de chaleur physiologique à l’origine de l’augmentation du métabolisme cellulaire, ce qui a pour conséquence l’accumulation de corps gras dans les tissus.
6. La pilule contraceptive
La pilule contraceptive figure parmi les médicaments qui sont souvent soupçonnés avoir des effets sur le poids. Les effets secondaires, même s’ils sont mentionnés dans la notice, ne sont pourtant pas les mêmes d’un individu à un autre. Les hormones contenues dans ces pilules favoriseraient la rétention d’eau et de sel, ce qui a pour effet d’augmenter le poids. De plus, ces hormones agiraient sur la formation de tissus adipeux et la répartition des graisses, notamment au niveau des cuisses et des fesses.
Cependant, cet effet sur le poids ne concerne pas toutes les pilules puisqu’aujourd’hui, il existe de nouvelles générations de pilules dont la teneur en œstrogènes est moindre et dont l’effet des progestatifs sur le poids est moins significatif.
Selon certains travaux, l’effet de la pilule sur le poids reste encore un sujet à controverse, mais ce qui est sûr c’est que celle-ci pouvait modifier la forme du corps chez les femmes qui en prennent. Ces dernières ont, en effet, tendance à avoir un corps en forme de poire et plus de graisse sous-cutanée.
Bons conseils
– La meilleure façon de prévenir les effets secondaires de ces médicaments serait de mieux surveiller son alimentation et de veiller à manger équilibré. Il est ainsi conseillé de limiter la consommation de sel, de sucres rapides ou de produits laitiers au bénéfice des protéines comme la viande ou les œufs.
– En cas d’œdème, surveillez votre consommation d’eau. Le mieux est de ne pas dépasser 1,5 litre par jour. Pour les œdèmes qui se forment dans les jambes, vous pouvez les surélever ou les masser de bas en haut.
– De même, il est toujours indiqué de pratiquer des exercices physiques de manière régulière pour éviter l’excès de poids.
– Au moindre changement au niveau du poids, il est recommandé d’en informer votre médecin ou pharmacien pour qu’il puisse modifier le traitement en cas de besoin.
Références & Sources :
Différentes sources et études scientifiques (citées dans le dossier ci-dessus) – Mayo Clinic, NZZ
Etude : Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism (DOI : 10.1210/jc.2014-3421).
Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Xavier Gruffat (Pharmacien et Rédacteur en chef de Creapharma.ch), Seheno Harinjato (Rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies).
Date de dernière mise à jour du dossier :
12.10.2023
Crédits photos :
Creapharma.ch, Adobe Stock