WASHINGTON – D’ici 2050, les personnes âgées de 80 ans et plus représenteront près de 10 % de la population américaine totale du fait de leur nombre en constante croissance. Pourtant, le risque de souffrir d’hypertension artérielle au cours de sa vie est d’au moins 70 % à l’âge de 80 ans. De plus en plus de personnes seront ainsi exposées aux problèmes de santé pouvant être causés par l’hypertension artérielle. Une étude publiée le 6 janvier 2020 dans le Journal of the American Geriatrics Society (DOI : 10.1111/jgs.16272) a montré que chez les adultes âgés de 80 ans ou plus, le contrôle intensif de la tension artérielle systolique à moins de 120 mmHg réduit le risque de crise cardiaque, d’accident vasculaire cérébral, de décès et de déficience cognitive légère.
Un ” tueur silencieux “
Parfois appelée le “tueur silencieux”, l’hypertension artérielle ne manifeste que peu ou pas de symptômes. Il est tout à fait possible que vous ne vous rendiez même pas compte que vous faites de l’hypertension artérielle. Cependant, si elle n’est pas traitée, cette affection peut entraîner des crises cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux, des maladies rénales et d’autres problèmes graves, y compris un risque de démence.
Tension artérielle systolique à moins de 130 mmHg
Les lignes directrices 2017 de l’American College of Cardiology et de l’American Heart Association sur la tension artérielle recommandent que la plupart des personnes âgées de 65 ans ou plus maintiennent leur tension artérielle systolique (le premier chiffre d’une mesure de tension artérielle) à moins de 130 mmHg. Mais les personnes de 80 ans et plus ont souvent aussi de multiples problèmes de santé chroniques, peuvent être fragiles, prennent plusieurs médicaments et peuvent avoir des problèmes cognitifs. Pour cette raison, on ne sait toujours pas si les risques et les avantages de l’abaissement de la tension artérielle systolique à moins de 130 mm Hg sont les mêmes pour les personnes de 80 ans et plus que pour les personnes de 65 à 80 ans.
Etude portant sur 1’167 participants
Compte tenu de cette lacune dans les connaissances, une équipe de chercheurs s’est penchée sur ce groupe de personnes âgées dans le cadre d’un vaste essai randomisé appelé Systolic Blood Pressure Intervention Trial (SPRINT). Ils ont publié leurs conclusions dans le Journal of the American Geriatrics Society. Dans leur analyse des données de l’étude SPRINT, les chercheurs se sont concentrés sur des personnes âgées de 80 ans et plus qui avaient signalé des épisodes de maladie du cœur (comme des crises cardiaques ou des accidents vasculaires cérébraux), des changements dans la fonction rénale, une déficience cognitive, une détérioration de la qualité de vie ou un décès. Les chercheurs ont également cherché à savoir si les déficiences des fonctions cognitives ou physiques avaient un effet sur le contrôle intensif de la tension artérielle.
L’analyse a porté sur 1’167 participants. La plupart avaient environ 84 ans, et environ 3 % avaient 90 ans ou plus. Leur tension artérielle systolique de base était d’environ 142 mmHg. La plupart des participants avaient au moins trois problèmes de santé chroniques. Plus de la moitié prenaient au moins cinq médicaments et environ 27 % avaient des antécédents de maladie cardiaque.
Les participants ont été répartis au hasard dans l’un des deux groupes. Un groupe a reçu un traitement ” intensif ” visant à abaisser sa tension artérielle à moins de 120 mmHg. L’autre groupe a reçu un traitement visant à abaisser sa tension artérielle à moins de 140 mmHg.
Risque moins élevé de maladies cardiaques, de déficience cognitive et de décès
Les personnes qui ont reçu un traitement visant à abaisser leur tension artérielle à moins de 120 mmHg présentaient un risque moins élevé d’événements liés aux maladies du cœur, ainsi qu’un risque moins élevé de déficience cognitive légère et de décès, toutes causes confondues. Toutefois, les personnes de ce groupe ont également été exposées à un risque accru de déclin léger mais significatif de la fonction rénale ainsi qu’à des hospitalisations pour des lésions rénales de courte durée (dont la plupart des personnes se sont remises). La tentative d’abaisser la tension artérielle systolique à moins de 120 mmHg n’a pas augmenté le risque de chutes causant des blessures. Cela est important, car les chutes augmentent le risque de décès chez les personnes âgées et l’hypotension artérielle peut entraîner des chutes.
Bien que le taux de développement de la démence ait été similaire dans les deux groupes, les participants du groupe ayant une tension artérielle systolique élevée de 120 mmHg étaient 28 % moins susceptibles de développer une déficience cognitive légère.
Les chercheurs ont également signalé que les personnes dont les fonctions cognitives (mémoire, réflexion et prise de décisions) étaient meilleures au début de l’étude étaient celles qui bénéficiaient le plus d’un contrôle intensif de la tension artérielle. Elles ont également connu moins de maladies cardiaques et moins de décès. Ce même avantage n’a pas été observé chez les participants dont la fonction cognitive était moins bonne au début de l’étude. Cependant, il n’y avait pas de preuves solides que le contrôle intensif de la tension artérielle avait un effet néfaste sur le taux de mortalité ou le développement de maladies cardiaques chez les participants dont la fonction cognitive était plus faible.
Risque accru de déclin de la fonction rénale
Les chercheurs ont conclu que, chez les adultes âgés de 80 ans ou plus, le contrôle intensif de la tension artérielle systolique à moins de 120 mmHg réduit le risque de crise cardiaque, d’accident vasculaire cérébral, de décès et de déficience cognitive légère, mais augmente le risque de déclin de la fonction rénale. Les avantages liés au risque de maladie cardiaque et de décès étaient plus élevés chez les personnes dont la performance cognitive était plus élevée au début de l’essai.
Résumé
Un contrôle intensif de la tension artérielle systolique à moins de 120 mmHg chez les adultes, âgés de 80 ans ou plus, réduit le risque de crise cardiaque, d’accident vasculaire cérébral, de décès et de déficience cognitive légère. C’est ce qu’ a montré une étude publiée le 6 janvier 2020 dans le Journal of the American Geriatrics Society (DOI : 10.1111/jgs.16272). Les résultats de la recherche ont aussi montré que ce contrôle augmenterait le risque de déclin de la fonction rénale.
Le 10 janvier 2020. Par la rédaction de Creapharma.ch (supervision scientifique par Xavier Gruffat, pharmacien). Sources : Communiqué de presse de l’étude (en anglais). Référence : Journal of the American Geriatrics Society (DOI : 10.1111/jgs.16272). Crédit photos : Adobe Stock