KUOPIO (FINLANDE) – Ni le cholestérol alimentaire, ni la consommation d’œufs n’entraîne un risque élevé d’AVC. Des recherches menées par l’University of Eastern Finland publiées le 20 mai 2019 dans l’American Journal of Clinical Nutrition (DOI : 10.1093/ajcn/nqz066) révèlent qu’aucune relation sur le risque élevé d’AVC avec la prise de cholestérol alimentaire et d’œufs n’a pu être établi, même auprès des porteurs du phénotype APOE4, qui sont largement présents auprès de la population finlandaise.
Des études contradictoires
Les résultats des précédentes recherches sur la relation entre l’apport alimentaire en cholestérol ou en œufs avec le risque accru d’AVC ont été contradictoires. Si certaines études affirment l’existence d’un lien entre l’apport élevé en cholestérol et le risque d’AVC, d’autres réfutent et avancent le contraire. Ces derniers affirment même que la consommation d’œufs qui sont riches en cholestérol tend à réduire le risque d’AVC.
Si pour la majorité des personnes, le cholestérol alimentaire n’a pas d’influence significative sur le taux de cholestérol sérique, tel n’est pas le cas pour les porteurs du phénotype 4 de l’apolipoprotéine E. En effet, pour cette population, la présence de cholestérol dans les aliments fait varier le taux de cholestérol sérique d’une manière importante. En Finlande, pour cause héréditaire, un tiers de la population est porteur du phénotype APOE4. Malgré ce taux de prévalence élevé en APOE4, aucune donnée n’est actuellement disponible entre un apport élevé en cholestérol et le risque d’AVC auprès de ce groupe de population.
Quel risque chez une population à forte prévalence en APOE4 ?
Au début de l’étude Kuopio Ischaemic Heart Disease Risk Factor Study, KIHD, réalisée entre 1984 et 1989 à l’University of Eastern en Finlande, les habitudes alimentaires de 1’950 hommes âgés de 42 à 60 ans sans diagnostic de base d’une maladie cardiovasculaire ont été évaluées. Les données phénotypiques de l’APOE de 1’015 personnes participant à l’étude ont été disponibles. Sur la population totale, 32% étaient porteurs de phénotype APOE4.
Pendant le suivi qui s’est étalé sur une période de 21 ans, 217 personnes ayant fait l’objet de l’étude ont reçu un diagnostic d’AVC. L’analyse des résultats montre que ni la consommation d’œufs ni celle de cholestérol alimentaire n’a d’impact sur le risque d’AVC, même auprès d’une population à forte prévalence en APOE4.
Manque de prise en compte d’une maladie cardiovasculaire prééxistante
Les résultats de cette recherche suggèrent que la consommation d’œufs au quotidien et de cholestérol d’une façon modéré n’influe pas sur le risque d’AVC, même auprès d’une population prédisposée à avoir une incidence importante du cholestérol alimentaire sur le taux du cholestérol sérique. Dans le groupe témoin, les participants ont un apport moyen quotidien de cholestérol alimentaire de 520 mg et consommaient un œuf par jour en moyenne, soit environ 200 mg de cholestérol. Au cours de l’étude, le quart du cholestérol consommé par jour provenait des œufs.
Malgré un résultat probant, il est difficile de généraliser l’étude puisqu’au-delà de ce seuil, aucune donnée n’est encore disponible. De plus, cette recherche est affaiblie par la non prise en compte d’une maladie cardiovasculaire prééxistante auprès de la population cible. Par ailleurs, le nombre total de cette population s’avère particulièrement faible, il est ainsi nécessaire de vérifier les résultats pour un groupe plus large tout en incluant les personnes ayant déjà une maladie cardiovasculaire prééxistante. Jusqu’à preuve du contraire, ces derniers sont encore invités à limiter dans leur alimentation la consommation de cholestérol et d’œufs.
Le 23 mai 2019. Par la rédaction de Creapharma.ch (supervision scientifique par Xavier Gruffat, pharmacien). Sources : Communiqué de presse de l’étude (en anglais). Référence : American Journal of Clinical Nutrition (DOI : 10.1093/ajcn/nqz066). Crédit photos : Adobe Stock
Une autre étude sur les oeufs publiée en 2019 va dans la même direction :