DALLAS – Une communauté de bactéries pourrait envahir les parois de la vessie chez les femmes ménopausées et jouer un rôle dans l’apparition d’infections récurrentes des voies urinaires. Des recherches menées par l’University of Texas à Dallas et l’UT Southwestern Medical Center et publiées le 17 avril 2019 dans le Journal of Molecular Biology (DOI : 10.1016/j.jmb.2019.04.008) ont révélé que plusieurs espèces de bactéries résidaient à l’intérieur des tissus de la vessie des femmes en post ménopause et souffrant d’infection urinaire fréquente, comme les cystites.
Différentes bactéries dans le tissu vésical
Les premières analyses des biopsies des patientes souffrant d’infections récurrentes des voies urinaires attestent la présence de différentes bactéries dans le tissu vésical des femmes ménopausées. Les résultats de cette étude permettent de comprendre l’interaction existante entre ces agents pathogènes avec les tissus de la vessie de l’hôte en vue d’un traitement plus approprié de la maladie.
À la fois douloureuses et irritantes, les infections urinaires proviennent généralement de la bactérie Escherichia coli, une bactérie vivant normalement dans les intestins humains, mais qui se retrouvent parfois dans les voies urinaires, où elle n’est pas la bienvenue. Pour une raison anatomique, ces infections surviennent principalement chez les femmes et nécessitent un traitement avec des antibiotiques appropriés.
Des bactéries de plus en plus résistantes
Chez certaines femmes ménopausées, les infections urinaires deviennent chroniques. Face à cela, elles doivent prendre quotidiennement des antibiotiques de plus en plus puissants au fur et à mesure que les bactéries responsables de la maladie deviennent résistantes à un médicament.
Selon le Dr. Nicole De Nisco, professeure adjointe de sciences biologiques à l’UT Dallas et principale auteure de l’étude, les infections peuvent durer des dizaines d’années auprès des femmes âgées. Toujours selon sa déclaration, le dernier recours d’une patiente face à une telle maladie est l’enlèvement de la vessie.
Prise en charge parfois négligée chez les femmes plus âgées
Pour le Dr. Nicole De Nisco, les précédentes recherches épidémiologiques relatives aux infections urinaires ont concerné des femmes d’une vingtaine voire d’une trentaine d’années. Cette tranche d’âge est pour elle beaucoup plus précoce puisqu’elle ne correspond pas au début de la ménopause.
Elle avance qu’il s’agit d’une mauvaise orientation des études puisque les femmes plus âgées ont été ignorées alors qu’elles font partie de la population la plus affectée par cette maladie. Selon elle, cet oubli est à l’origine d’une prise en charge parfois négligée des problèmes liés à l’infection urinaire chronique.
Découverte d’une communauté de bactéries liée à des infections urinaires récurrentes
Afin d’étudier les mécanismes pathogènes et les réponses immunitaires liés aux infections urinaires récurrentes, le Dr. De Nisco et ses collègues ont analysé l’urine et les biopsies de 14 femmes ménopausées. Chacune d’entre elles a déjà subi une cystoscopie avec fulguration de la trigonite, une procédure visant à traiter les infections urinaires résistantes aux antibiotiques en retirant les tissus de la vessie ayant des inflammations.
Colonie de bactéries
Ils ont ainsi découvert qu’en plus des Escherichia coli attendus, d’autres bactéries comme le Klebsiella pneumoniae et Enterococcus faecalis ont été détectés à l’intérieur des échantillons d’urine prélevés. Les tissus de biopsies contenaient également en plus des Escherichia coli, des staphylococcus hominis et des Bacillus firmus.
Grâce à cette étude, les chercheurs ont compris qu’une colonie de bactéries a élu domicile à l’intérieur de la paroi de la vessie des personnes présentant un symptôme lié à des infections urinaires récurrentes. Cette découverte est une étape intéressante afin de mieux comprendre les mécanismes des infections et inflammations récurrentes chez les femmes en post ménopause permettant ainsi de mieux ajuster leur prise en charge.
Le 17 mai 2019. Par la rédaction de Creapharma.ch (supervision scientifique par Xavier Gruffat, pharmacien). Sources : Communiqué de presse de l’étude (en anglais). Référence : Journal of Molecular Biology (DOI : 10.1016/j.jmb.2019.04.008). Crédit photos : Adobe Stock