CHICAGO – La réduction des capillaires sanguins à l’arrière de l’œil pourrait être un nouveau moyen non invasif de diagnostiquer une déficience cognitive précoce, précurseur de la maladie d’Alzheimer chez les personnes qui perdent la mémoire, rapporte une étude publiée le 2 avril dans PLOS ONE (DOI : 10.1371/journal.pone.0214685).
Les scientifiques ont détecté ces changements vasculaires dans l’œil humain de façon non invasive, à l’aide d’une caméra infrarouge et sans avoir besoin de colorants ou de coûteux appareils d’IRM. L’arrière de l’œil est optiquement accessible à un nouveau type de technologie (angiographie TCO) qui permet de quantifier les changements capillaires dans les moindres détails et avec une résolution inégalée, faisant de l’œil un miroir idéal pour interpréter ce qui se passe dans le cerveau.
Un nouveau biomarqueur pour identifier les personnes à risque
« Une fois nos résultats validés, cette approche pourrait fournir un autre type de biomarqueur pour identifier les personnes à risque élevé d’évoluer vers la maladie d’Alzheimer », a déclaré le Dr Amani Fawzi, professeur d’ophtalmologie à l’École de médecine Feinberg de l’Université Northwestern. « Ces personnes peuvent alors être suivies de plus près et pourraient être des candidats de choix pour de nouveaux traitements visant à ralentir la progression de la maladie ou à prévenir l’apparition de la démence associée à la maladie d’Alzheimer. »
Les traitements contre la maladie d’Alzheimer sont plus efficaces s’ils sont entrepris avant que des lésions cérébrales et un déclin cognitif important ne surviennent, a ajouté le Prof. Fawzi, titulaire de la chaire d’ophtalmologie Cyrus Tang et Lee Jampol.
On sait que les patients atteints de la maladie d’Alzheimer ont une diminution du débit sanguin rétinien et de la densité des vaisseaux sanguins, mais on ne sait pas si ces changements sont également présents chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer au stade précoce ou d’une déficience cognitive légère qui présentent un risque accru de développer une démence.
Des essais multicentriques pourraient être mis en œuvre à l’aide de cette technologie simple. Des ensembles de données plus importants seront nécessaires pour valider le marqueur et trouver le meilleur algorithme et la meilleure combinaison de tests pour détecter les sujets à haut risque, a déclaré Sandra Weintraub, co-auteure et professeur de neurologie, de psychiatrie et de sciences du comportement à Feinberg.
Importance d’études à long terme
Le Prof. Weintraub et son équipe du Northwestern Mesulam Center for Cognitive Neurology and Alzheimer’s Disease ont recruté 32 participants dont les tests cognitifs correspondaient au type de déficience cognitive, à l’âge, au sexe et à la race des sujets qui ont été évalués comme étant cognitivement normaux pour leur âge. Tous les individus ont subi l’imagerie oculaire par angiographie TCO. Les données ont été analysées pour déterminer si les capillaires vasculaires à l’arrière de l’œil étaient différents entre les deux groupes d’individus.
L’équipe espère maintenant corréler ces résultats avec d’autres types de biomarqueurs de la maladie d’Alzheimer plus courants (mais aussi plus invasifs) et explorer les changements longitudinaux des paramètres de l’œil chez ces sujets.
« Idéalement, les résultats rétiniens seraient bien corrélés avec d’autres biomarqueurs du cerveau », a déclaré le Prof. Fawzi. « Les études à long terme sont également importantes pour voir si les capillaires rétiniens vont changer de façon plus spectaculaire chez ceux qui déclinent progressivement et développent la démence d’Alzheimer. »
Le 10 avril 2019. Par la rédaction de Creapharma.ch (supervision scientifique par Xavier Gruffat, pharmacien). Sources : Communiqué de presse de l’étude (en anglais). Référence : PLOS ONE (DOI : 10.1371/journal.pone.0214685). Crédit photos : Adobe Stock
Résumé
La réduction des capillaires sanguins constituerait une nouvelle façon de diagnostiquer les troubles cognitifs précoces qui peuvent se décliner progressivement et développer la démence d’Alzheimer. C’est ce que rapporte une étude publiée le 2 avril dans PLOS ONE (DOI : 10.1371/journal.pone.0214685). Les chercheurs ont eu recours à une nouvelle technologie, non invasive, permettant de quantifier les changements capillaires dans les moindres détails et offrant une résolution inégalée, faisant de l’œil un miroir idéal pour interpréter ce qui se passe dans le cerveau.