PITTSBURGH – Lorsque la saison grippale atteint son pic au milieu de l’hiver, des dizaines de milliers de cas de grippe et des centaines de décès peuvent probablement être évités aux Etats-Unis si les personnes âgées attendent jusqu’en octobre plutôt qu’en août pour se faire vacciner, c’est ce que révèle une analyse de l’École de médecine de l’University of Pittsburgh, publiée le 14 mars 2019 dans l’American Journal of Preventive Medicine (DOI : 10.1016/j.amepre.2018.11.015).
La protection offerte par le vaccin antigrippal diminue au fur et à mesure que la saison progresse, comme l’a démontré une étude précédente, ce qui indique qu’attendre plus près du début de la saison grippale peut assurer une meilleure immunité. Cependant, si la saison grippale arrive tôt ou si la vaccination tardive incite à ne pas faire son vaccin antigrippal, cette recommandation perd son intérêt, selon cette nouvelle étude.
En août ou en octobre ?
« Il y a une controverse dans le milieu de la santé publique sur la question de savoir si la vaccination contre la grippe devrait avoir lieu dès que le vaccin sera disponible en août ou s’il vaut mieux attendre plus tard à l’automne », a déclaré Kenneth J. Smith, M.D., M.S., professeur principal en médecine et en sciences cliniques à la Division of General Internal Medicine, à Pitt. « Ce que nous avons découvert, c’est qu’il s’agit d’une question d’équilibre, mais si un clinicien croit qu’un patient reviendra se faire vacciner à l’automne, alors notre analyse montre qu’il est préférable qu’il lui recommande d’attendre ».
Taux de vaccination précoce élevé
Le Prof. Smith et ses coauteurs ont utilisé des modèles informatiques pour comparer une période de vaccination “comprimée” qui commence en octobre. Au statu quo, cette période commence généralement en août pour les personnes âgées de 65 ans ou plus. Ils se sont concentrés sur les personnes âgées parce que la diminution de l’efficacité des vaccins constitue davantage une menace pour les personnes âgées dont le système immunitaire n’est généralement pas aussi efficace que celui des personnes plus jeunes pour se défendre contre les infections. Les adultes plus âgés ont également des taux de vaccination précoce plus élevés que les jeunes adultes.
Comparaison de 3 scénarios
À partir des données des saisons grippales 2013-2014 et 2014-2015, les chercheurs ont estimé le nombre de cas, d’hospitalisations et de décès pour les scénarios de vaccination comprimés et de vaccination selon le statu quo si la saison grippale avait culminé en décembre, février ou avril – respectivement tôt, à une période normale ou tard. Le ” pic ” désigne la période où le plus grand nombre de personnes sont malades cette saison-là.
258 vies épargnées pour la saison normale et tardive
Selon les projections pour la saison grippale normale et tardive, la vaccination comprimée a permis de sauver jusqu’à 258 vies et d’éviter jusqu’à 22’ 062 cas de grippe, comparativement au calendrier de vaccination selon le statu quo.
Une centaine de vie en danger si la saison arrive plus tôt
Mais si la saison grippale culminait tôt, comme c’est le cas pour environ une saison sur quatre, le modèle prévoyait que des dizaines, voire des centaines de personnes âgées mourraient parce qu’elles n’auraient pas été vaccinées à temps.
De plus, l’équipe a constaté que si plus de 5,5 % des personnes âgées qui reportent la vaccination ne se font finalement pas vacciné contre la grippe, la vaccination comprimée sera un échec et permettra de prévenir moins de cas de grippe que la vaccination statu quo.
A quel moment faut-il vacciner les patients ?
Le Prof. Smith indique que ces résultats peuvent aider les cliniciens à déterminer quand offrir à leurs patients l’immunisation contre la grippe – si les patients ont plusieurs rendez-vous chaque année et seront au bureau à l’automne ou s’ils sont dans une collectivité de personnes âgées où l’immunisation contre la grippe est offerte, il est alors préférable d’attendre. Mais si un patient ne vient que pour un examen annuel et qu’il est peu probable qu’il se fasse vacciner contre la grippe à l’automne, ou si le fait d’offrir des vaccins pendant une période comprimée exerce une pression écrasante sur la clinique, alors il vaut mieux se faire vacciner quand cela est pratique – même si c’est en août.
« Dans tous les scénarios, le simple fait de se faire vacciner est le meilleur moyen d’éviter la grippe », a-t-il déclaré. « Si le choix est de se faire vacciner contre la grippe plus tôt ou de ne pas se faire vacciner du tout, il vaut mieux se faire vacciner plus tôt ».
Le 15 mars 2019, Sources : communiqué de presse de l’étude en français – Références : American Journal of Preventive Medicine (DOI : 10.1016/j.amepre.2018.11.015). Crédits photos : Adobe Stock