Une nouvelle ligne directrice sur la pression sanguine pourrait prévenir 3 millions de maladies cardiovasculaires en 10 ans

Une nouvelle ligne directrice sur la pression sanguine pourrait prévenir 3 millions de maladies cardiovasculaires en 10 ansSALT LAKE CITY – En 2017, l’American College of Cardiology et l’American Heart Association avaient publié de nouvelles lignes directrices (guidelines) concernant la pression sanguine. Ces directives préconisaient un seuil d’hypertension plus bas, à 130/80 mm Hg au lieu du 140/90 mm Hg habituel. Une nouvelle étude montre que l’atteinte et le maintien de ce seuil défini en 2017 pourraient prévenir plus de 3 millions de maladies cardiovasculaires en dix ans aux Etats-Unis. Les résultats de cette étude réalisée par une équipe de l’University of Utah Health ont été publiés dans le journal Circulation le 19 novembre 2018.
Selon l’auteur principal de l’étude, Adam Bress, professeur adjoint en sciences de la santé des populations à l’University of Utah Health. « Le traitement de l’hypertension artérielle constitue pour la santé publique une occasion majeure de protéger la santé et la qualité de vie de dizaines de millions d’Américains. Atteindre cette pression sanguine inférieure sera ainsi un défi ».

Diminution de 3,3 millions des maladies cardiovasculaires

Le prof. Bress et son équipe voulaient explorer l’impact de l’atteinte et du maintien des recommandations de ces lignes directrices moins élevées sur le public par rapport au niveau de tension artérielle et aux traitements antérieurs. Les chercheurs ont aussi évalué la capacité des patients à atteindre et à maintenir les recommandations antérieures.

L’équipe a émis une hypothèse sur le nombre de maladies cardiovasculaires évitées chez les adultes d’âge moyen en se basant sur les objectifs de tension artérielle des lignes directrices de 2017 (< 130/80 mm Hg), des lignes directrices du septième comité national mixte (< 140/90 mm Hg) et du huitième comité national mixte (140/90 mg Hg) pour les patients de moins de 60 ans et 150/90 mm Hg pour ceux de plus de 60 ans).

Leur analyse prévoit une diminution de 3,3 millions des maladies cardiovasculaires après l’atteinte et le maintien des objectifs de tension artérielle de 2017 par rapport aux niveaux actuels de tension artérielle. Ils ont également constaté que l’atteinte et le maintien des objectifs de tension artérielle recommandés par le JNC7 et le JNC8 permettraient d’éviter respectivement 2,6 et 1,6 million de maladies cardiovasculaires.

Exploitation de bases de données contemporaines

Les prévisions établies dans cette étude ont été formulées à l’aide de plusieurs bases de données contemporaines fondées sur la population. L’ensemble de données NHANES est une enquête nationale représentative de la population adulte américaine et fournit la taille de la population des groupes de traitement de l’hypertension en fonction des niveaux de tension artérielle et des maladies chroniques. La base de données REGARDS offre une source de données sur le risque de maladies cardiovasculaires mortelles et non mortelles. Une méta-analyse récente de 42 essais cliniques randomisés sur l’abaissement de la tension artérielle, comprenant plus de 140’000 participants, donne des prévisions de réduction du risque de maladies cardiovasculaires fondées sur l’atteinte et le maintien de différents objectifs de traitement de la tension artérielle.

La majorité des cas de maladie cardiovasculaire évités sont identifiés chez les personnes dont la tension artérielle est actuellement supérieure à 140/90 mm Hg. Les modèles supposaient que les patients avaient atteint et maintenu leurs objectifs de tension artérielle au cours de la simulation.

Plus d’économies sur la durée du traitement

Des études antérieures révèlent que l’investissement initial mobilisé pour le traitement d’un plus grand nombre d’adultes atteints d’hypertension procure à la fois des bénéfices pour la santé et des économies de coûts sur la durée du traitement. Mais le changement n’est pas toujours facile.

Changement difficile

« Un changement dans les directives cliniques de longue date pourrait perturber les patients et les fournisseurs de soins qui sont habitués aux modèles de pratique clinique qui intègrent les lignes directrices antérieures », a déclaré Andrew Moran, M.D., M.P.H., professeur agrégé de médecine au Columbia University Irving Medical Center et auteur principal du présent article. « Il est important de projeter et de quantifier l’éventail des avantages et des risques potentiels attendus si nous apportons ces changements fondamentaux à la manière dont les fournisseurs de soins de santé exercent leur métier ».

Le traitement d’un plus grand nombre de patients afin d’atteindre des objectifs d’hypotension artérielle présente aussi des risques. Le prof. Bress note que les médicaments ont souvent des effets secondaires qu’il convient de surveiller et gérer.

Effets secondaires mineurs et transitoires

« Le nombre d’effets indésirables liés aux médicaments était à peu près équivalent au nombre de maladies cardiovasculaires évitées », a déclaré le prof. Moran. Il ajoute que : « Les effets secondaires ont tendance à être mineurs et transitoires comparés aux maladies cardiovasculaires évitées pouvant entraîner de graves problèmes de santé à vie et qui peuvent même être mortelles ».

Les résultats sont fondés sur une base de données qui n’est pas représentative de la diversité du pays, y compris des informations concernant uniquement les patients blancs et noirs âgés d’au moins 45 ans. Elle ne tient pas compte non plus directement des changements futurs de la tension artérielle ou de l’évolution des antihypertenseurs dans le temps.

« Une discussion et une prise de décision partagée entre le prestataire et le patient sur les avantages et les risques d’augmenter la dose d’un médicament ou d’ajouter un nouveau médicament pour atteindre un objectif plus bas sont importants », d’après le prof. Bress. « Les avantages de réduire le risque de crise cardiaque, d’accident vasculaire cérébral et d’insuffisance cardiaque sont clairs et peuvent souvent l’emporter sur le risque d’effets secondaires mineurs et transitoires ».

Le 23 novembre 2018. Par la rédaction de Creapharma.ch (supervision scientifique par Xavier Gruffat, pharmacien). Sources : Communiqué de presse de l’étude (en anglais). Référence : Circulation. Crédit photo : Adobe Stock

Inscrivez-vous à notre newsletter (gratuit)     Lire aussi :
Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 27.11.2018
Publicité