ADÉLAÏDE – Des chercheurs australiens ont constaté dans une nouvelle étude que la vitamine D est peu susceptible de protéger les personnes contre la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson, la maladie d’Alzheimer ou d’autres troubles cérébraux. Leur étude s’est basée sur un examen systématique de plus de 70 études précliniques et cliniques publiées par le passé. Creapharma.ch a pu interroger le professeur Hutchinson qui a contribué à cette étude.
Des études antérieures avaient révélé que les patients atteints d’une maladie neurodégénérative avaient tendance à avoir des taux de vitamine D inférieurs à ceux des membres en bonne santé de la population. Mais pour les scientifiques de l’Université d’Adélaïde qui ont mené cette étude, il n’y a pas de preuves convaincantes à l’appui que la vitamine D puisse agir comme agent protecteur du cerveau. Autrement dit, ce bas taux de vitamine D observé chez certains patients serait plus une conséquence que la cause de maladies neurodégénératives. Cette étude a été publiée le 10 juillet 2018 dans le journal scientifique Nutritional Neuroscience (DOI: 10.
Creapharma.ch a réalisé une interview avec le Prof. Hutchinson (photo) de l’Université d’Adélaïde pour mieux comprendre certains aspects.
Xavier Gruffat (Creapharma) – Si je vous comprends bien, votre étude montre qu’un bas taux de vitamine D chez des patients avec une maladies neurodégénératives (ex. Alzheimer) est la conséquence plutôt que la cause de ces maladies ?
Prof. Hutchinson – C’est notre hypothèse – c’est exact.
Une étude publiée en 2014 dans le journal scientifique Neurology (voici un communiqué de presse en anglais) de l’Université Exeter au Royaume-Uni a montré que le risque d’Alzheimer augmente de 69% chez les participants présentant une carence modérée en vitamine D et de 122 % chez les personnes souffrant d’une carence grave. Est-ce que votre étude explique ou montre une différence entre une carence moyenne ou grave de vitamine D et son impact sur la maladie d’Alzheimer ?
Nous pensons que l’exposition au soleil est bonne et qu’elle est évidemment associée à des élévations de vitamine D. Toutefois, si l’exposition au soleil est bonne pour la santé en raison du médiateur de l’effet qui est la vitamine D, alors la supplémentation orale par la vitamine D devrait être en mesure de remplacer l’absence de soleil, et profiter aux patients. C’est là que notre étude a identifié que la vitamine D par voie orale n’a pas les mêmes effets et que cette vitamine D est une conséquence de l’exposition au soleil, mais d’autres “facteurs induits par le soleil” peuvent être responsables des bénéfices cérébraux de l’exposition au soleil.
Justement, votre étude a-t-elle montré une différence possible dans l’apport en vitamine D, notamment entre les suppléments nutritionnels et l’exposition au soleil ? D’autres scientifiques ont affirmé que l’exposition au soleil était plus efficace contre les maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer ou la sclérose en plaques que la prise de compléments alimentaires.
Notre étude a montré que la supplémentation orale en vitamine D n’était pas en mesure de remplacer l’effet du soleil pour de multiples maladies neurodégénératives.
Parlant de la sclérose en plaques, une étude intéressante menée en Iran a montré qu’après la Révolution islamique, l’exposition de la peau au soleil est devenue beaucoup plus rare. Des chercheurs de l’Université d’Oxford, au Royaume-Uni, ont découvert en 2013 qu’entre 1989 et 2006, le nombre de cas de sclérose en plaques chez les femmes en Iran a augmenté de 800 %. Par conséquent, certains scientifiques ont étudié l’impact de la vitamine D dans le développement de la sclérose en plaques. Si je vous comprends bien, vous dites que le soleil (UV) pourrait avoir un impact mais la vitamine D ne serait qu’une conséquence et encore une fois pas la cause ?
C’est exact.
Source : Communiqué de presse. Interview réalisée par e-mail en anglais entre le 10 et 11 juillet 2018 par Xavier Gruffat – pharmacien (Creapharma.ch) et le Prof. Hutchinson . Référence étude : Nutritional Neuroscience (DOI: 10.
Interview originale publiée en anglais sur la version anglaise de Creapharma.ch – www.creapharma.com