ZURICH – Les passionnés du ballon rond ne sont pas les seuls à suivre de près les matchs de la Coupe du Monde de football de la FIFA qui se déroule actuellement au Qatar. Pour les supporters, le sentiment nationaliste s’éveille et les 90 minutes ou plus de suspens passent souvent trop vite. L’émotion est d’autant plus forte pendant les tirs au but où tout peut se jouer en quelques minutes, voire secondes. De nombreuses recherches montrent que pendant le Mondial, le risque d’infarctus du myocarde est en hausse, qu’est-ce qui pourrait expliquer un tel phénomène et comment prévenir les risques ?
Hausse des urgences cardiaques
Les manifestations sportives peuvent être à l’origine de crise cardiaque, mais les évènements comme la Coupe du Monde semblent exposer les supporters à un plus grand risque, notamment lorsque le match donne lieu à des tirs au but. Cette hausse est loin d’être un mythe si l’on se réfère au journal anglais British Medical Journal (doi : 10.1136/bmj.325.7378.1439) qui a publié en 2002 des chiffres inquiétants. En effet, suite au match opposant l’Argentine et l’Angleterre, en 1998, lors du 8ème de finale, une augmentation de 25% des personnes victimes de crise cardiaque a été enregistrée dans les hôpitaux anglais.
Une étude menée en France (lien article PDF ici), sous la houlette du professeur Maurice Giroud et qui portait sur 3’142 victimes, a aussi révélé en 2012 que les accidents vasculaires cérébraux (AVC) étaient en hausse pendant les matchs de football. De même, des chercheurs allemands ont suivi de près la Coupe du Monde de 2006 qui s’est déroulée en Allemagne et ont constaté que le nombre d’admissions pour infarctus s’est accru, en particulier lors du match qui a opposé l’Allemagne à l’Argentine en quart de finale, un match départagé à l’issue de tirs au but. Selon cette étude, les supporteurs étaient exposés à 3 fois plus de risque d’infarctus du myocarde lorsque l’équipe allemande était sur le terrain (doi : 10.1056/NEJMoa0707427).
Les matchs : un simple facteur de risque ?
Selon les analystes, les cas d’infarctus du myocarde observés pendant les Coupes du Monde surviennent la plupart du temps chez des personnes à risque, c’est-à-dire qui sont déjà atteintes de maladies cardiaques. Les diabétiques, les personnes présentant un problème d’hypertension artérielle, d’hypercholestérolémie ou les fumeurs sont les plus fragiles. Le match constitue ainsi un facteur de stress, en plus, qui favorise le déclenchement de la crise cardiaque, d’autant plus que les passionnés vivent chaque instant de manière intense.
La prudence est de mise pour les cœurs fragiles
Pour mieux profiter de ce Mondial 2022, il est conseillé de faire attention, d’éviter le stress émotionnel et de ne pas trop crier ou s’enflammer devant la télé ou sur les stades. De plus, les matchs offrent un moment convivial de rencontre et les supporters peuvent tomber dans l’excès en consommant plus d’alcool, de tabac ou d’aliments gras, ce qui augmente la pression artérielle et les risques d’infarctus. Si l’un de ces symptômes se présente, il est essentiel d’être vigilant : douleur à la poitrine, essoufflement ou problème respiratoire (lire : symptômes infarctus du myocarde). En cas de problème, il est conseillé d’appeler directement les urgences dont le numéro devra toujours être laissé à portée de main. Attention donc à la colère et au stress qui amplifient les risques, contrairement aux victoires qui sont des sources de bien-être et de plaisir grâce à la sécrétion de dopamine par l’organisme !
Article mis à jour le 10 décembre 2022. Par la rédaction de Creapharma.ch (contrôle scientifique : Xavier Gruffat, pharmacien). Crédits photos : Fotolia.com.