L’alcool n’est finalement pas bon pour la santé, même lorsqu’il est consommé en faible quantité. C’est la conclusion à laquelle est parvenue une analyse de nombreuses études différentes sur le lien entre la consommation d’alcool et la santé. Notons que des études antérieures avaient indiqué à plusieurs reprises que les personnes qui boivent peu d’alcool sont moins sujettes à certaines maladies que celles qui n’en boivent pas. Mais de tels résultats n’ont été obtenus que lorsque le groupe des non-buveurs et des anciens buveurs n’était pas bien délimité ou lorsque les sujets étaient relativement âgés, écrit un groupe dirigé par Tim Stockwell de l’Université canadienne de Victoria dans le Journal of Studies on Alcohol and Drugs (DOI : 10.15288/jsad.23-00283).
Pas de différence notable
Les hypothèses concernant les avantages de l’alcool pour la santé influencent considérablement les estimations de la charge globale de morbidité et les directives en matière de consommation d’alcool selon les auteurs de l’étude. Ils ont alors examiné pourquoi certaines études attribuaient des effets bénéfiques pour la santé à une consommation modérée d’alcool, alors que d’autres ne le faisaient pas. Ils ont considéré qu’une consommation modérée correspondait à une quantité inférieure ou égale à 25 grammes d’alcool par jour, ce qui équivaut à 0,25 litre de vin à 12% d’alcool ou à 0,6 litre de bière à 5% d’alcool. Selon des études, une consommation modérée d’alcool protégerait entre autres contre certaines formes de crises cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) ainsi que contre le diabète de type 2.
Tim Stockwell et ses collègues ont analysé 107 études à long terme sur le lien entre la consommation d’alcool et la mortalité. Plus de 4,8 millions de personnes y ont participé et plus de 420’000 décès ont été enregistrés au cours de ces études. L’équipe a considéré la mesure de la consommation d’alcool comme un critère important pour la qualité d’une étude. Ainsi, si elle était mesurée sur plus de 30 jours, les valeurs mesurées étaient plus significatives que si elles étaient mesurées sur une période plus courte. Il s’est avéré que dans les études de meilleure qualité, le risque de mortalité lié à une consommation modérée était identique à celui lié à l’abstinence, c’est-à-dire chez les anciens buveurs.
Les chercheurs ont également examiné la structure d’âge des participants à l’étude. Ils ont trouvé des différences frappantes en fonction de l’âge des sujets d’une cohorte au début de l’étude à long terme. Si une certaine valeur moyenne, la valeur médiane, se situait entre 56 et 78 ans, le risque de décès était nettement plus faible pour les buveurs modérés que pour les abstinents, moins de 14% sur l’ensemble des études. En revanche, lorsque l’âge médian de la cohorte était inférieur à 55 ans et que l’étude de chaque participant s’est poursuivie jusqu’à l’âge de 56 ans au moins, les risques de mortalité étaient quasiment identiques.
Pas de quantité d’alcool considérée comme « sûre »
Ces résultats ne peuvent être obtenus que si les équipes respectives étaient rigoureuses dans la définition de l’abstinence. Pour ce faire, elles devaient exclure du groupe des abstinents les personnes qui buvaient occasionnellement de l’alcool et celles qui en ont juste déjà bu. Ce n’était, en effet, pas le cas dans la plupart des études, car dans certains cas, les buveurs d’alcool modérés ont été comparés à d’anciens consommateurs qui avaient arrêté de boire pour des raisons de santé. C’est pour cela que les personnes qui continuent à boire semblent être en meilleure santé en comparaison selon Tim Stockwell.
Ainsi, la raison pour laquelle des études ont mis en évidence des avantages pour la santé d’une consommation modérée d’alcool réside dans des distorsions dues à des lacunes dans la conception des études. Les études de haute qualité n’ont pas démontré d’avantages pour la santé des consommateurs modérés. Les chercheurs précisent qu’aucune grande organisation de santé n’a jamais fixé de quantité d’alcool sans risque étant donné qu’il n’existe tout simplement pas de quantité d’alcool absolument « sûre ».
Autre étude négative de l’alcool
Une autre étude publiée en mai 2024 a montré que plus les gens boivent d’alcool – qu’il s’agisse de bière, de vin ou d’alcool fort – plus leur tension artérielle est élevée. Dans cette étude danoise, plus de 104’000 adultes ont subi un examen physique et ont répondu à des questions sur leurs habitudes de consommation d’alcool. Près des trois quarts ont déclaré boire plus d’un type d’alcool. La plupart d’entre eux buvaient entre 3 et 14 verres par semaine, et moins de 3% buvaient 35 verres ou plus par semaine. Mais la pression artérielle moyenne de ces grands buveurs était étonnamment plus élevée que celle des personnes qui ne buvaient qu’un ou deux verres par semaine : 11 et 7 points (mmHg) de plus pour le premier (systolique) et le deuxième (diastolique) chiffre de la pression artérielle, respectivement. Cette dernière étude a été publiée le 13 mai 2024 dans le journal scientifique The American Journal of Medicine (DOI : 10.1016/j.amjmed.2024.05.001).
Le 6 août 2024. Supervision finale : Xavier Gruffat (pharmacien). Source : Keystone-ATS (avec notre partenaire Pharmapro.ch, traduit de l’allemand), Copyrights images : Adobe Stock/© 2024 Pixabay