Médicaments contre l’obésité : tirazépatide et le sémaglutide ont des effets différents (étude)

Les injections pour perdre du poids permettent de réduire durablement le poids corporel lors d’obésité. Une nouvelle étude a montré qu’il existe toutefois des différences entre les deux principaux médicaments pour perdre du poids en ce qui concerne l’effet sur les kilos en trop. Mais d’autres caractéristiques importantes ne sont pas claires.

Une étude comparative confirme que la substance active tirazépatide (Mounjaro®) permet d’atteindre une perte de poids plus importante que le sémaglutide (Wegovy®). Le risque d’effets secondaires des deux substances est comparable, rapporte une équipe de recherche dans le journal spécialisé JAMA Internal Medicine (DOI : 10.1001/jamainternmed.2024.2525) le 8 juillet 2024. L’analyse ne permet toutefois pas de tirer des conclusions sur les conséquences à long terme ni sur la réalisation d’objectifs importants tels que la réduction du risque d’infarctus du myocarde.

Utilisé depuis longtemps contre le diabète

Les deux molécules sont utilisées depuis longtemps pour le traitement du diabète de type 2 et, depuis 2023 en tout cas dans certains pays, également pour les personnes en surpoids ou obèses sans diabète.

Les chercheurs rassemblés autour de Nicholas Stucky de l’entreprise américaine Truveta à Bellevue dans l’État de Washington, spécialisée dans l’analyse des données de santé électroniques, ont utilisé les données de plus de 18’000 adultes en surpoids ou obèses qui ont été traités avec du sémaglutide ou du tirazépatide aux Etats-Unis. Leur âge moyen était de 52 ans et leur poids moyen au début du traitement était de 110 kilos.

Effets secondaires similaires

Les scientifiques ont enregistré si une perte de poids d’au moins 5, 10 ou 15% avait été atteinte et comment le poids avait évolué après 3, 6 et 12 mois de traitement. Les patients qui ont reçu du tirazépatide ont atteint une perte de poids nettement plus fréquente. De plus, les changements de poids étaient en moyenne plus importants chez eux.

Les résultats confirment les indications d’études antérieures, comme l’expliquent les chercheurs. Quelques données en détail : près de 82% des hommes et des femmes traités avec le tirazépatide ont atteint une perte de poids de 5% ou plus, contre environ 67% avec le sémaglutide. Une réduction de 15% ou plus a été atteinte par environ 42% (tirazépatide) et 18% (sémaglutide).

Le taux de problèmes gastro-intestinaux tels que les nausées, la diarrhée et la constipation comme effets secondaires était similaire dans les deux groupes. L’étude a également confirmé que les personnes en surpoids sans diabète de type 2 perdent en moyenne plus de poids que les patients ayant reçu ce diagnostic.

“Les raisons de ce phénomène ne sont pas claires”, expliquent les chercheurs. Une cause possible serait une motivation différente pour perdre du poids, liée au fait de s’attaquer à des changements plus nécessaires comme une alimentation différente et plus d’exercice. En d’autres termes, les personnes qui veulent perdre leurs kilos s’engagent peut-être plus que les personnes pour qui les médicaments ne sont qu’une partie du traitement régulier du diabète.

Abandon très fréquent

L’équipe de Stucky tient à préciser que l’étude porte sur le traitement avec des médicaments autorisés pour le traitement du diabète de type 2. “Des études futures sont nécessaires pour comparer les versions autorisées pour la réduction du poids”. Des analyses sont également nécessaires pour savoir dans quelle mesure les substances actives réduisent les problèmes cardiovasculaires et les autres conséquences de l’obésité.

Un détail frappant est également mentionné : pour plus de la moitié des hommes et des femmes inclus, le traitement s’est terminé parce que le patient l’a interrompu. La proportion diffère peu entre le tirazépatide et le sémaglutide. Les chercheurs expliquent que la raison n’a pas été enregistrée. Les effets secondaires indésirables, les coûts élevés du traitement à payer soi-même ou les goulots d’étranglement dans la disponibilité des préparations sont, entre autres, possibles.

Le taux élevé d’abandon est surtout préoccupant parce que plusieurs études ont montré que l’effet yo-yo se produit alors : le poids augmente à nouveau considérablement après l’arrêt. Pour un effet durable, les substances actives doivent donc être utilisées quasiment toute la vie – et les conséquences à long terme ne sont pas encore claires.

Moins de sensation de faim

Le tirazépatide et le sémaglutide font partie des agonistes des récepteurs GLP-1 (et aussi du GIP pour le tirazépatide), ils sont désormais bien connus du grand public en tant qu’aide à la perte de poids. Notamment parce que des célébrités américaines et globales les utilisent à cet effet. Les molécules imitent l’effet de l’hormone GLP-1 produite par le corps. Dans le cerveau, elles donnent l’impulsion d’être rassasié. Les sensations de faim sont réduites, les fringales sont moins fréquentes et moins fortes, la préférence pour les aliments particulièrement gras disparaît.

Le Wegovy® est disponible en Suisse depuis novembre 2023 ; il a déjà été autorisé auparavant mais contre le diabète sous le nom d’Ozempic®. Les patients ne reçoivent le médicament que dans le cadre des indications définies par Swissmedic et sous surveillance médicale. Les conditions sont donc une obésité avec un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30 ou un IMC de 27 à 30 avec au moins une maladie concomitante liée au surpoids. Le Mounjaro® est autorisé à cet effet aux Etats-Unis et dans l’UE depuis la fin de l’année dernière contre l’obésité, en Suisse il l’est contre le diabète selon nos informations (en savoir plus ici).

Le 8 juillet 2024. Par Xavier Gruffat. Adaptation du texte allemand (via Keystone-ATS), de notre partenaire Pharmapro.ch.

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 08.07.2024
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