Les allergies alimentaires semblent avoir augmenté de manière spectaculaire au point d’atteindre des chiffres épidémiques1. Il faut, en effet, savoir qu’une seule bouchée d’un aliment auquel vous êtes allergique peut vous exposer de façon soudaine à des symptômes respiratoires, cutanés ou digestifs ou même mettre votre vie en danger. La meilleure façon de se protéger est donc d’éviter les risques. Dans des pays comme les États-Unis, les allergènes doivent être spécifiquement déclarés sur les étiquettes des ingrédients alimentaires afin de les identifier plus facilement et de réduire le risque d’ingestion. Plus de 90% des réactions allergiques peuvent être liées à ces aliments. Neuf aliments en particulier sont responsables de plus de 90% des réactions allergiques graves telles que l’anaphylaxie. Il s’agit du lait, des œufs, du poisson, des crustacés, des fruits à coque, des arachides, du blé, du soja et du sésame2. Chez les enfants, les aliments sont de loin la principale cause d’anaphylaxie (60%)3.
1. Le lait
L’allergie aux protéines du lait de vache est l’allergie alimentaire la plus courante chez les nourrissons et les jeunes enfants. Selon certaines estimations, entre 2 et 6% des enfants pourraient être allergiques au lait de vache4. Attention, en cas d’allergie au lait, tous les produits laitiers comme le beurre, le fromage ou les yaourts sont interdits. Heureusement que chez de nombreux enfants l’allergie au lait disparaît souvent en l’espace de quelques années.
À noter que l’allergie au lait est différente de l’intolérance au lactose et qu’elle est potentiellement beaucoup plus dangereuse. En effet, une allergie alimentaire déclenche une réaction excessive du système immunitaire. Ainsi, en cas de consommation de lait, la personne allergique peut présenter des symptômes pouvant être légers telles des éruptions cutanées et urticaire ou plus graves et même mortels comme un gonflement qui ferme les voies respiratoires. En revanche, l’intolérance au lactose est plus un problème digestif. Autrement dit, il manque à l’organisme une enzyme qui lui permet de digérer le lactose, c’est-à-dire le sucre contenu dans le lait et les produits laitiers. Cela peut entraîner des nausées, des gaz et des diarrhées lors de consommation de lait, mais cela ne met pas forcément la vie en danger.
2. Les œufs
Il peut être difficile d’éviter les œufs, car on peut les trouver dans beaucoup d’aliments. Du pain aux pâtes, en passant par les gaufres, les gâteaux et même certaines boissons, il faut se méfier de leur présence. Il peut cependant arriver que les personnes allergiques aux œufs puissent les tolérer lorsqu’ils sont incorporés dans un aliment comme un gâteau, par exemple. Le mieux est de consulter votre allergologue à ce sujet. Comme les allergies au lait, les allergies aux œufs sont plus fréquentes chez les enfants et disparaissent généralement avec le temps.
3. Les arachides
Cette allergie suscite davantage l’intérêt des chercheurs, car d’après des études, les réactions violentes aux arachides entraînent plus de visites aux urgences pour anaphylaxie induite par l’alimentation que pour tout autre aliment. Il s’agit de la troisième allergie alimentaire la plus fréquente chez les enfants et les adultes5. Environ un enfant sur cinq souffrant d’une allergie à l’arachide arrive à guérir en grandissant.
4. Les fruits à coque
Il faut préciser que les fruits à coque sont des fruits qui poussent sur les arbres. Parmi les fruits à coques les plus courants, nous pouvons citer les noix, les amandes, les noisettes, les noix de pécan, les noix de cajou. Cette allergie figure à la deuxième place des allergies les plus fréquentes liées à une visite aux urgences. Les allergies aux fruits à coque ont tendance à durer toute la vie même si un petit pourcentage d’enfants arrive à en guérir. Attention, les fruits à coque peuvent se retrouver dans des aliments assez inhabituels comme la sauce barbecue, par exemple, d’où l’intérêt de rester vigilant.
5. Les mollusques et crustacés (ex. crevettes)
Les allergies aux crustacés sont la principale allergie alimentaire chez les adultes et dans l’ensemble de la population. L’allergie peut concerner les crustacés tels que les crevettes, le crabe et le homard ou les mollusques comme les palourdes, les huîtres, les coquilles Saint-Jacques, les escargots et le poulpe. Au Brésil, un jeune influenceur de 27 ans meurt le 29 avril 2023 après avoir mangé des beignets de crevettes. De nombreuses personnes n’apprennent qu’elles sont allergiques aux crustacés qu’à l’âge adulte lors d’une première dégustation. Les allergies aux crustacés ont tendance à durer toute la vie.
6. Le poisson
Une personne allergique au poisson présente un grand risque d’être allergique à tous les poissons. En effet, la plupart des poissons à nageoires ont des protéines allergènes très similaires. De ce fait, si le thon, le saumon, le cabillaud et le poisson-chat provoquent le plus souvent des réactions allergiques, n’importe laquelle des près de 20 000 espèces de poissons existantes peut probablement faire de même. Tout comme pour les crustacés, c’est à l’âge adulte que la plupart des personnes apprennent qu’elles sont allergiques au poisson. À noter qu’il est tout à fait possible d’être allergique au poisson, mais pas aux crustacés.
7. Le blé
L’allergie au blé fait partie des allergies alimentaires les plus fréquentes chez les jeunes enfants, mais elle présente l’avantage de disparaître avec l’âge. Le blé entre dans la composition d’un grand nombre d’aliments, ce qui nécessite une plus grande vigilance.
Tout comme pour le lait, l’allergie au blé est différente de la maladie cœliaque et de l’intolérance au gluten, également appelée sensibilité au gluten non cœliaque (SGNC). La maladie cœliaque est une maladie auto-immune dans laquelle le système immunitaire attaque la muqueuse de l’intestin grêle après l’ingestion de gluten, chez une personne génétiquement sensible. Dans la sensibilité au gluten non cœliaque (SGNC), des personnes qui ne présentent pas les marqueurs sanguins, tissulaires, et génétiques de la maladie cœliaque ont des symptômes qui apparaissent peu de temps après l’ingestion de gluten et qui disparaissent suite au retrait du gluten de l’alimentation6. Quant à l’allergie au blé, il s’agit d’une réaction allergique immédiate aux composants du blé. Comme pour les autres allergènes alimentaires, le traitement de l’allergie au blé consiste à l’éviter strictement. De nos jours, il existe beaucoup de produits qui peuvent se substituer au blé comme l’amarante, le maïs, l’avoine, le quinoa ou le seigle, ce qui n’était pas le cas il y a une dizaine d’années.
8. Le soja
Les allergies au soja sont plus fréquentes pendant l’enfance et vont souvent de pair avec d’autres allergies alimentaires, en particulier les arachides. Une étude a montré que 88% des enfants souffrant d’une allergie au soja étaient également allergiques aux arachides, les deux étant des légumineuses7. Il peut être plus difficile d’éviter le soja, étant donné qu’il se retrouve souvent dans les aliments transformés. Mais de nombreuses personnes allergiques au soja arrivent quand même à tolérer les produits contenant de la lécithine de soja.
9. Le sésame
Le sésame constitue l’une des principales causes d’anaphylaxie d’origine alimentaire dans le monde. C’est pour cette raison qu’il est considéré comme un allergène majeur. Les personnes allergiques ne doivent pas seulement éviter les aliments contenant des graines de sésame qui sont faciles à repérer, mais doivent aussi être vigilantes avant de consommer des aliments préparés. En effet, le sésame peut être utilisé sous de nombreuses formes, notamment dans la farine, l’huile, la pâte et le sel. Aux États-Unis, il existe depuis 2023 des lois qui exigent que la présence de sésame soit clairement indiquée sur les étiquettes des produits alimentaires.
Références & Sources :
– Journal of Allergy and Clinical Immunology (DOI : 10.1016/j.jaci.2015.03.048)
– Journal of Allergy and Clinical Immunology : The natural history of soy allergy (DOI : 10.1016/j.jaci.2009.12.994)
– Cleveland Clinic
– Italian Journal of Pediatrics (DOI : 10.1186/1824-7288-36-5)
– Pediatric Allergy and Immunology (DOI : 10.1111/pai.12908)
– Psychomedia.qc.ca
Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Seheno Harinjato (rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies).
Date de dernière mise à jour du dossier :
12.05.2023 (mise à jour 31.05.2023).
Crédits photos :
Creapharma.ch, Adobe Stock, © 2023 Pixabay. Image d’illustration.
Crédit infographie :
Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).
Références scientifiques et bibliographie :
- étude publiée en 2015 dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology (DOI : 10.1016/j.jaci.2015.03.048), site accédé par Creapharma.ch le 11 mai 2023 et le lien marchait à cette date
- article publié le 04 mai 2023 par Cleveland Clinic, site accédé par Creapharma.ch le 11 mai 2023 et le lien marchait à cette date
- Article du journal édité par l’Université de Bâle (Suisse) : [email protected] (version française), Anaphylaxie et choc anaphylactique, édition no 10 de 2023, version du 31 mai 2023
- étude publiée en 2010 par la revue Italian Journal of Pediatrics (DOI : 10.1186/1824-7288-36-5), site accédé par Creapharma.ch le 12 mai 2023 et le lien marchait à cette date
- résultats publiés en 2018 dans le journal Pediatric Allergy and Immunology (DOI : 10.1111/pai.12908), site accédé par Creapharma.ch le 12 mai 2023 et le lien marchait à cette date
- article publié le 12 février 2017 sur le site Psychomedia.qc.ca, site accédé par Creapharma.ch le 12 mai 2023 et le lien marchait à cette date
- étude publiée en 2010 dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology : The natural history of soy allergy (DOI : 10.1016/j.jaci.2009.12.994), site accédé par Creapharma.ch le 12 mai 2023 et le lien marchait à cette date