Seniors : 7 conseils sur la polymédication

La polymédication est définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme la prise avec ou sans ordonnance de façon simultanée de quatre médicaments ou plus par personne. Le préfixe « poly » en grec ancien (πολυ) signifie « plusieurs ». La polymédication, fréquente chez les personnes âgées de plus de 65 ans, est parfois problématique avec notamment des problèmes d’adhérence. Cela signifie que les patients avec beaucoup de médicaments ne les prennent pas ou plus correctement. Une étude brésilienne publiée en décembre 2021 dans le journal Patient Preference and Adherence (DOI : 10.2147/PPA.S336524) réalisée sur 253 patients souffrant d’hypertension a montré qu’à chaque nouveau médicament rajouté à la thérapie hypotensive la probabilité de contrôler l’hypertension diminuait de 21,3%. Autrement dit, plus un patient recevait des médicaments hypotenseurs et moins sa tension était contrôlée. Découvrez 7 dangers et conseils pratiques liés à la polymédication.

1. Attention aux réactions en chaîne. Il est important d’éviter dans la mesure du possible de traiter un effet secondaire d’un médicament par un autre. Il peut s’en suivre une véritable réaction en chaîne. Les équipes médicales et de la pharmacie sont en général bien formées pour limiter le nombre de médicaments prescrits, grâce notamment à des logiciels informatiques.

2. Prenez vos médicaments et pas des autres. Il peut être tentant de prendre des médicaments appartenant à sa famille ou proches. Mais lorsqu’une personne a déjà plusieurs médicaments, le rajout d’un remède même en vente libre (sans ordonnance) comme un antidouleur peut s’avérer très problématique.

3. Attention aux interactions, elles sont parfois graves. C’est probablement le principal risque de la polymédication. Les interactions médicamenteuses peuvent parfois mener à l’hospitalisation ou au décès. C’est pourquoi, il est – si possible – très important de toujours vous rendre toujours dans la même pharmacie, qui dispose en général dans les pays industrialisés comme en Europe ou Amérique du Nord de logiciels spécialisés pour identifier automatiquement des interactions médicamenteuses. Il est aussi important de toujours informer le médecin de tous les médicaments pris, y compris des remèdes en ventre libre comme des vitamines. Elles peuvent perturber l’action ou l’absorption de médicaments. Lire notre dossier complet sur les interactions

4. Attention aux médicaments dits composés. Certains médicaments par exemple contre le rhume ou le refroidissement contiennent plusieurs molécules ou principes actifs. Il est donc important de bien identifier les molécules pour éviter de faire doublon. Un exemple bien connu est le paracétamol qu’on retrouve en association avec des molécules agissant contre le rhume (ex. pseudoephedrine ou phénylephrine). En cas de prise d’un tel produit il faudra éviter de consommer en même temps un médicament à base uniquement de paracétamol comme le Dafalgan. Une dose trop élevée de paracétamol peut mener à de très graves problèmes hépatiques, parfois mortels. Dans ce cas aussi, les équipes médicales et de la pharmacie peuvent apporter de précieux conseils.

5. Notez bien les noms des médicaments. Un peu dans la même logique que le conseil précédent, il faut faire attention qu’il n’y ait pas de doublon dans la polymédication. On peut imaginer dans le pire des cas (worst case) un médicament original prescrit par un médecin généraliste ou de famille et un générique par un autre médecin comme un spécialiste. En général, le pharmacien et son équipe peuvent identifier ce genre de doublon, à nouveau c’est très important de se rendre dans seulement une pharmacie pour un bon suivi médicamenteux et éviter le « tourisme » de pharmacies.

6. Plus il y a de médicaments et plus il y a de risques. Si un patient prend de nombreux médicaments, des risques d’erreur augmentent mathématiquement. En général, un semainier peut aider à limiter les risques de prise surtout pour la posologie. Un autre conseil est de demander au médecin ou pharmacien d’essayer de diminuer le nombre de remèdes pris par jour ou semaine, bien sûr dans la mesure du possible. 

7. Connaître les indications de chaque médicament. Il est conseillé que le patient connaisse l’indication ou l’utilisation – pour quelle maladie – de chaque médicament prescrit. Le médecin ou pharmacien devraient aussi se poser régulièrement la question de l’efficacité et tolérance de chaque médicament. 

Polymédication

Le 8 mai 2023. Par Xavier Gruffat (pharmacien). Sources : magazine Vida e Saúde (édition de mai 2023), Pharmawiki.ch. Crédit photo : Adobe Stock.

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 09.05.2023
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