BETHESDA (MARYLAND, USA) – Les femmes âgées de 55 ans et moins courent un risque presque deux fois plus élevé de réhospitalisation dans l’année qui suit immédiatement une crise cardiaque (infarctus du myocarde) que les hommes du même âge. Les taux plus élevés de facteurs de risque tels que l’obésité, l’insuffisance cardiaque et la dépression chez les femmes ont très probablement contribué à cette disparité. C’est ce que révèle une étude, financée par le NIH américain, et publiée le 1er mai 2023 dans le Journal of the American College of Cardiology (DOI : 10.1016/j.jacc.2023.03.383).
Des facteurs de risque non cardiaques
Les résultats suggèrent la nécessité d’un suivi médical plus étroit des quelque 40’000 Américaines âgées de 18 à 55 ans qui subissent chaque année une crise cardiaque après leur sortie de l’hôpital, et d’une meilleure compréhension des raisons qui expliquent les différences de résultats. Harlan M. Krumholz, M.D., cardiologue et professeur de médecine à la Yale School of Medicine, New Haven, Connecticut, auteur correspondant de l’étude, explique que les chercheurs ont montré pour la première fois que les réhospitalisations après une crise cardiaque chez les femmes âgées de 55 ans et moins s’accompagnent de certains facteurs non cardiaques, tels que la dépression et le faible revenu. Ces facteurs semblent plus fréquents chez les femmes que chez les hommes et sont associés à des résultats plus défavorables.
L’étude révèle ainsi la nécessité d’accorder une plus grande attention à ces facteurs de risque non cardiaques chez les jeunes femmes afin de concevoir de meilleures interventions cliniques et d’améliorer les résultats après la sortie de l’hôpital à la suite d’une crise cardiaque. Une étude plus approfondie de ces facteurs de risque pourrait permettre aux médecins et à leurs patients de se concentrer sur les moyens d’améliorer la santé des femmes après leur sortie de l’hôpital.
Analyse des données de l’étude VIRGO
Les chercheurs savent depuis un certain temps que les femmes âgées de 55 ans ou moins ont un risque de décès à l’hôpital d’environ deux fois plus élevé que les hommes du même âge, à la suite d’une crise cardiaque. Cependant, on ne savait pas si les femmes couraient également un risque plus élevé de complications cardiovasculaires et non cardiovasculaires un an après avoir quitté l’hôpital.
Pour en savoir plus, les chercheurs ont analysé les données de l’étude VIRGO (Variation in Recovery : Role of Gender on Outcomes of Young AMI Patients) du NHLBI, qui examine un large éventail de facteurs de risque liés aux résultats chez les femmes et les hommes ayant subi une crise cardiaque. L’étude a porté sur 2’979 patients – 2’007 femmes et 972 hommes – dans 103 hôpitaux américains. Les participants étaient âgés en moyenne de 48 ans et appartenaient à des populations ethniques et raciales diverses.
L’analyse a montré que près de 30% de ces patients ont été réhospitalisés dans l’année qui a suivi leur première sortie de l’hôpital à la suite d’une crise cardiaque. La plupart de ces réhospitalisations ont atteint un pic au cours du premier mois suivant la sortie de l’hôpital, puis ont lentement diminué au cours des mois suivants. Les chercheurs ont constaté que le risque de réhospitalisation était presque deux fois plus élevé chez les femmes (1,65 fois plus) que chez les hommes.
Résultats
Pour les hommes comme pour les femmes, les complications coronariennes (crises cardiaques et angines de poitrine liées à l’obstruction d’un vaisseau sanguin) étaient la principale cause de réhospitalisation. Cependant, le taux de complications coronariennes chez les femmes était près de 1,5 fois supérieur à celui des hommes, en grande partie à cause de facteurs de risque tels que l’obésité et le diabète.
Les plus grandes disparités entre les sexes se sont manifestées dans les réhospitalisations non cardiaques, qui étaient plus de deux fois plus élevées (ou 2,10 fois plus élevées) chez les femmes que chez les hommes. Il s’agit d’hospitalisations dues à des événements non liés à une maladie cardiaque ou à un accident vasculaire cérébral, tels que des problèmes digestifs, une dépression, des hémorragies et une pneumonie.
Les raisons de ces taux non cardiaques plus élevés ne sont pas claires, mais les chercheurs ont constaté qu’un pourcentage plus élevé de femmes que d’hommes avaient tendance à s’identifier comme étant à faible revenu (48% contre 31%) et avaient des antécédents de dépression plus importants (49% contre 24%). Bien que le faible revenu ne soit pas une mesure médicale, il est souvent associé à un mauvais état de santé en raison d’un accès limité aux soins de santé. On sait que le risque de dépression augmente après une crise cardiaque et qu’il peut être un facteur de risque pour des taux d’hospitalisation plus élevés, en partie à cause du sous-traitement de la maladie chez les femmes. Cependant, d’autres études seront nécessaires pour explorer plus avant la manière dont ces facteurs affectent les hospitalisations disparates après une crise cardiaque.
Selon Gina S. Wei, M.D., MPH, directrice associée de la division des sciences cardiovasculaires du NHLBI et conseillère scientifique principale du NHLBI pour la santé des femmes, les recherches futures sur les facteurs de risque non cardiaques après la sortie de l’hôpital à la suite d’une crise cardiaque pourraient conduire à l’élaboration de stratégies ciblées susceptibles de réduire cet écart d’équité.
Références & Sources :
Basé sur un communiqué de presse de l’étude en anglais (via EurekAlert).
– National Heart, Lung, and Blood Institute (NHLBI)
– VIRGO (Variation in Recovery : Role of Gender on Outcomes of Young AMI Patients) (NHLBI)
– Yale School of Medicine, New Haven, Connecticut
– DOI : 10.1016/j.jacc.2023.03.383
Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Seheno Harinjato (rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies).
Date de dernière mise à jour du dossier :
03.05.2023
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