Obésité

Dernière mise à jour le : 10 octobre 2024
Auteur du dossier : Xavier Gruffat, pharmacien
Révision médicale par : Dre Dominique Durrer, médecin


Bref résumé sur l’obésité

L’obésité est généralement définie comme un excès de masse corporelle. Un IMC (BMI en anglais) de 30 ou plus est la référence habituelle de l’obésité chez les adultes. Un IMC de 40 ou plus est considéré comme une obésité sévère. L’obésité infantile est cependant mesurée à l’aide de courbes de croissance et non pas avec l’aide de l’IMC. L’obésité est le principal facteur de risque d’au moins 25 maladies comme certains cancers comme le cancer du sein ou le diabète. L’obésité est aussi liée à plus de 200 problèmes de santé1.
Une alimentation plus saine, une activité physique accrue et des changements de comportement peuvent aider à perdre du poids. Les médicaments sur ordonnance et les procédures de perte de poids sont des options supplémentaires pour traiter l’obésité. 

Définition et symptômes

L’obésité est une maladie chronique complexe dont les causes sont multiples et qui entraîne un excès de graisse corporelle2 et, parfois, un mauvais état de santé. La graisse corporelle en elle-même n’est pas une maladie, mais lorsque le corps a trop de graisse supplémentaire, son fonctionnement peut s’en trouver modifié. Ces changements sont progressifs, peuvent s’aggraver avec le temps et avoir des effets néfastes sur la santé. L’obésité n’est pas seulement un problème esthétique. C’est un problème médical qui augmente le risque d’autres maladies et problèmes de santé, tels que les maladies cardiaques, le diabète, l’hypertension artérielle et certains cancers.

Définition de l’obésité selon l’OMS
Selon la définition actuelle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’obésité correspond à une « accumulation anormale ou excessive de masse grasse dans le tissu adipeux dans des proportions telles qu’elle altère la santé ». Il est donc clair que l’excès de masse grasse et sa relation à l’état de santé sont centraux. Toutefois, pour définir l’obésité, la classification la plus utilisée, notamment clinique, est l’indice de masse corporel (IMC), définit par le rapport du poids en kilos sur la taille en mètre au carré. 

IMC
Un IMC de 30 ou plus est la référence habituelle de l’obésité chez les adultes, comme définie par l’OMS3. Un IMC de 40 ou plus est considéré comme une obésité sévère. L’obésité infantile est par contre mesurée à l’aide de courbes de croissance et non pas avec l’aide de l’IMC. Un IMC compris entre 25,0 et 29,9 caractérise un surpoids (en anglais : overweight).

bmi-imc

Les trois types d’obésité
Il existe trois catégories générales d’obésité que les médecins ou prestataires de soins de santé utilisent pour évaluer les traitements qui conviennent le mieux à chaque personne. Il s’agit des classes suivantes :
– Obésité de classe I : IMC de 30 à <35 (kg/m²)
– Obésité de classe II : IMC de 35 à <40 (kg/m²)
– Obésité de classe III : IMC de 40 ou plus (kg/m²). Remarque : l’ “obésité morbide” est un terme dépassé pour désigner l’obésité de classe III.

Les limites de l’IMC :
– Pour la plupart des personnes, l’IMC fournit une estimation raisonnable de la graisse corporelle. Toutefois, l’IMC ne mesure pas directement la graisse corporelle, de sorte que certaines personnes, comme les athlètes avec une importante masse musculaire, peuvent avoir un IMC dans la catégorie de l’obésité même s’ils n’ont pas d’excès de graisse corporelle.
– L’IMC est un excellent indice dans le cadre des études épidémiologiques mais n’est pas très précis au niveau individuel. En effet, il ne donne pas d’indications très précises sur la composition corporelle et ne permet donc pas de différencier la masse grasse de la masse maigre. Pour se faire, il faudrait utiliser un appareil bio-impédance/mètre qui mesure la composition corporelle et qui nous donne la quantité de masse grasse et de masse maigre. Toutefois, lorsque l’on veut un appareil qui soit le plus précis possible, celui-ci est très coûteux et il n’est donc pas utilisé en pratique générale. 

Distribution du tissu adipeux
La distribution du tissu adipeux est très importante pour définir le risque lié à l’obésité. En effet, l’accumulation de graisse au niveau abdominal ou viscéral est corrélée avec un risque élevé de complications cardiovasculaires et de diabète de type 2, entre autres. 
En revanche, l’accumulation de graisse dans les tissus sous-cutanés localisée précisément au niveau de la culotte de cheval, donc au niveau des fesses, des hanches et des cuisses, est plutôt protectrice et ne constitue absolument pas un risque pour la santé. 

Tour de taille
De nombreux médecins mesurent également le tour de taille d’une personne afin d’orienter les décisions thérapeutiques. Les problèmes de santé liés au poids sont plus fréquents chez les hommes dont le tour de taille est supérieur à 102 cm et chez les femmes dont le tour de taille est supérieur à 88 cm. 

Obésité : maladie complexe
L’obésité est une maladie chronique progressive multifactorielle et complexe. Déjà en 1997, l’OMS a déclaré que l’obésité était une maladie. En 2022, la même déclaration a été faite par la Commission Européenne. En Europe, le Portugal, l’Italie et Malte ont fait les mêmes déclarations. Il reste tout de même encore beaucoup de pays en Europe qui ne l’ont pas déclaré, car les assurances maladie ou systèmes de sécurité sociale sont frileuses, craignant une augmentation des coûts de la médecine alors qu’en traitant l’obésité ceux-ci diminueraient substantiellement. 

Journée mondiale :
La journée mondiale de lutte contre l’obésité est le 4 mars.

Epidémiologie

Epidémie :
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) considère l’obésité comme une épidémie4.

Obésité dans le monde :
– Selon une étude de février 2024 publiée dans la revue médicale britannique The Lancet (DOI : 10.1016/S0140-6736(23)02750-2), l’obésité touche désormais plus d’un milliard de personnes dans le monde, enfants et adolescents compris. Entre 1990 et 2022, le taux d’obésité dans la population a quadruplé parmi les enfants et les adolescents et doublé parmi les adultes, indique cette vaste étude effectuée avec la collaboration de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En se basant sur les données d’environ 220 millions de personnes dans plus de 190 pays, ces travaux suggèrent que quasiment 880 millions d’adultes vivaient en situation d’obésité en 2022 (504 millions de femmes et 374 millions d’hommes). Cette maladie touchait en 2022 près de 160 millions d’enfants et d’adolescents (94 millions de garçons et 65 millions de filles).
– Selon l’OMS3, en 2016 (derniers chiffres disponibles), plus de 650 millions de personnes étaient obèses dans le monde.

Taux d’obésité aux Etats-Unis :
L’obésité chez les adultes américains a été étudiée pour la dernière fois en 2017 et 2018. La prévalence de l’obésité était de 42,5 %, contre 30,5 % en 1999 et 20005. En 2023, on estimait à 100 millions le nombre d’Américains obèses6.

Taux d’obésité en France :
En France, environ 17% des adultes sont obèses selon des chiffres de 20237. En 1997, seulement 8,5% des adultes en France étaient obèses.
En France, près d’un adulte sur deux serait en surpoids8.

Décès provoqués par l’obésité :
Dans le monde, les maladies liées à l’obésité sont responsables pour plus de 4,7 millions de morts par année9.

Causes et facteurs de risque

L’obésité n’est pas que le résultat d’un déséquilibre entre les calories consommées et dépensées. Même si souvent l’obésité survient lorsqu’une personne absorbe plus de calories qu’elle n’en brûle en faisant de l’exercice et en pratiquant des activités quotidiennes habituelles2.
De nombreux facteurs contribuent à l’obésité, certains sont individuels. D’autres sont intégrés dans la structure de notre société, que ce soit au niveau national, local ou familial. Par exemple aux États-Unis et dans de nombreux pays dits industrialisés, le régime alimentaire de la plupart des gens est trop riche en calories, souvent issues de la restauration rapide (fast food) et des boissons hypercaloriques comme les sodas. La prévention de l’obésité exige de travailler consciemment contre ces multiples facteurs.

Les facteurs susceptibles d’augmenter la consommation de calories sont les suivants :
– Les aliments rapides et prêts à l’emploi. Dans les communautés et les familles où les aliments rapides et prêts à l’emploi hautement transformés sont des aliments de base, il est facile de consommer beaucoup de calories. Ces aliments sont riches en sucre et en graisse et pauvres en fibres et autres nutriments, ce qui peut vous donner encore plus faim. Leurs ingrédients favorisent l’apparition de comportements alimentaires addictifs. Dans certaines communautés, il s’agit parfois des seuls types d’aliments facilement disponibles, pour des raisons de coût et d’accès. Les Centers for Disease Control estiment que 40 % des ménages américains vivent à plus d’un kilomètre d’un détaillant d’aliments sains.
– Le sucre présent partout. L’industrie alimentaire n’est en général pas conçue pour préserver notre santé. Elle est conçue pour vendre des produits dont nous deviendrons dépendants et que nous voudrons acheter en plus grande quantité. Les sucreries et les boissons sucrées figurent en bonne place sur cette liste de produits, car elles n’ont aucune valeur nutritionnelle et contiennent beaucoup de calories. Mais même les aliments courants sont fortement additionnés de sucre afin de les rendre plus attrayants et de créer une dépendance. Cette pratique est si courante qu’elle a modifié nos attentes en matière de goût.
– Le marketing et la publicité. La publicité omniprésente vante les mérites des aliments transformés, des sucreries et des boissons sucrées, les produits dont nous avons le moins besoin mais que l’industrie a besoin que nous achetions le plus. La publicité fait passer ces produits pour des éléments normaux et nécessaires de la vie quotidienne. La publicité joue également un rôle important dans la vente d’alcool, qui ajoute beaucoup de calories vides.
– Les facteurs psychologiques. L’ennui, la solitude, l’anxiété et la dépression sont monnaie courante dans la société moderne et peuvent tous conduire à la suralimentation. Ils peuvent en particulier conduire à manger certains types d’aliments qui activent les centres du plaisir dans notre cerveau, des aliments qui ont tendance à être plus caloriques. Manger pour se sentir mieux est un instinct humain primaire. Nous avons évolué pour trouver de la nourriture, et l’évolution n’a pas rattrapé l’abondance de nourriture dont jouissent aujourd’hui les sociétés occidentales.
– Les hormones. Les hormones régulent nos signaux de faim et de satiété. De nombreux facteurs peuvent perturber ces processus de régulation, y compris des facteurs courants comme le stress et le manque de sommeil et des facteurs moins courants comme les variations génétiques. Les hormones peuvent amener à avoir envie de manger davantage, même si on n’a pas besoin de calories supplémentaires. Les hormones peuvent empêcher de savoir quand on a assez mangé.
– Certains médicaments. Les médicaments pour traiter d’autres maladies peuvent contribuer à la prise de poids. Les antidépresseurs, les stéroïdes (y compris corticostéroïdes), les médicaments contre les crises d’épilepsie, les médicaments contre le diabète et les bêta-bloquants en font partie2.

Les facteurs susceptibles de réduire le nombre de calories dépensées sont les suivants (dans ce cas le problème est qu’on a besoin de moins de calories par jour et par conséquent on devrait réduire aussi la consommation d’aliments et boissons caloriques) :
– La culture de l’écran (smartphone, TV, tablette). À mesure que le travail, les achats et la vie sociale se déplacent en ligne, nous passons de plus en plus de temps devant nos téléphones et nos ordinateurs. Les médias en continu et le “binge-watching” rendent possibles de longues heures de divertissement sédentaire.
– L’évolution de la main-d’œuvre. Avec l’automatisation et l’informatisation qui caractérisent les changements industriels, davantage de personnes travaillent aujourd’hui à un bureau plutôt que debout. Les heures de travail sont également plus longues.
– La fatigue. Les modes de vie sédentaires ont un effet boule de neige. Des études montrent que plus on reste assis, plus on se laisse aller et moins on est motivé. La position assise raidit le corps et contribue à l’apparition de douleurs qui découragent le mouvement. Elle est également source de stress général, ce qui accroît la fatigue.
– L’aménagement des quartiers. De nombreuses personnes ne disposent pas d’espaces locaux pour être actives, que ce soit pour des raisons d’accès ou de sécurité. Par exemple plus de la moitié des Américains ne vivent pas à moins d’un kilomètre d’un parc. Ils ne vivent pas forcément dans des quartiers où l’on peut marcher, et ils ne voient pas forcément d’autres membres de leur communauté être actifs au quotidien. Lorsqu’il n’y a pas d’option de transport public, la plupart des gens ne peuvent se déplacer qu’en voiture.
– Les tendances en matière de garde d’enfants. Les enfants passent moins de temps à jouer dehors qu’auparavant. Ils passent plus de temps dans des structures d’accueil fermées, qui ne disposent pas toujours de l’espace ou des installations nécessaires à l’activité physique. Cette situation s’explique en partie par des tendances culturelles qui considèrent qu’il n’est pas prudent pour les enfants de jouer dehors sans surveillance. Elle est également due à un accès insuffisant aux espaces publics et à un accès insuffisant à des services de garde d’enfants de qualité. De nombreuses structures d’accueil remplacent le jeu libre par la télévision.
– Le handicap. Les adultes et les enfants souffrant de handicaps physiques et de difficultés d’apprentissage sont les plus exposés au risque d’obésité. Les limitations physiques et le manque d’éducation spécialisée et de ressources adéquates peuvent y contribuer.

D’autres causes ou facteurs de risque de l’obésité peuvent être :
– La grossesse. La prise de poids est fréquente pendant la grossesse. Certaines femmes ont du mal à perdre ce poids après la naissance du bébé. Cette prise de poids peut contribuer au développement de l’obésité chez les femmes.
– L’arrêt du tabac. L’arrêt du tabac (cigarette) est souvent associé à une prise de poids. Pour certains, cela peut entraîner une prise de poids suffisante pour être qualifiée d’obésité. Souvent, cela se produit lorsque les personnes utilisent la nourriture pour faire face au sevrage tabagique. Toutefois, à long terme, l’arrêt du tabac reste plus bénéfique pour la santé que le fait de continuer à fumer.
– Le manque de sommeil. Le manque ou l’excès de sommeil peut entraîner des modifications hormonales qui augmentent l’appétit.
– Le stress. De nombreux facteurs externes qui affectent l’humeur et le bien-être peuvent contribuer à l’obésité, comme on l’a déjà vu dans ce dossier. Les gens recherchent souvent des aliments plus riches en calories lorsqu’ils sont confrontés à des situations stressantes.
– Le microbiome. Les bactéries intestinales sont affectées par ce qu’on mange et peuvent contribuer à la prise de poids ou à la difficulté à perdre du poids.
– La génétique (hérédité) et l’épigénétique. Plusieurs gènes associés à l’obésité ont été identifiés, mail leur présence ne suffit à pas à expliquer le développement de la maladie4. Les facteurs environnementaux semblent jouer un rôle passablement plus important que les facteurs héréditaires. 
L’épigénétique est une discipline qui établit un lien entre les facteurs environnementaux et les schémas de changement génétique, par exemple entre les changements rapides des habitudes alimentaires et le phénotype observé de l’obésité. La méthylation de l’ADN (ADNm), élément clé de l’épigénétique, pourrait être le mécanisme reliant l’obésité et les manifestations cliniques.

Complications

Les personnes souffrant d’obésité sont plus susceptibles de développer un certain nombre de problèmes de santé potentiellement graves :
Maladies cardiaques et accidents vasculaires cérébraux (AVC). L’obésité rend l’organisme plus susceptible de souffrir d’hypertension artérielle et d’un taux de cholestérol anormal, qui sont des facteurs de risque de maladies cardiaques et d’AVC.
Diabète de type 2. L’obésité peut affecter la façon dont l’organisme utilise l’insuline pour contrôler le taux de sucre dans le sang. Cela augmente le risque de résistance à l’insuline et de diabète. Le surpoids et l’obésité sont responsables d’environ 80% des cas de diabète de type 24.
– Certains cancers. L’obésité peut augmenter le risque de cancer de l’utérus, du col de l’utérus, de l’endomètre, de l’ovaire, du sein, du côlon (cancer colorectal – Lire davantage ci-dessous), du rectum, de l’œsophage, du foie, de la vésicule biliaire, du pancréas, du rein et de la prostate.
Cancer du côlon (colorectal) – étude de 2023
Selon des estimations de 2023, les personnes en surpoids important (obésité) ont environ un tiers de risque en plus de développer un cancer du côlon (appelé aussi cancer colorectal, en anglais colorectal cancer) que les personnes de poids normal10. Selon une étude publiée en avril 2023 dans JAMA (DOI : 10.1001/jamanetworkopen.2023.9556), les participants qui étaient obèses huit et dix ans avant le diagnostic du cancer du côlon étaient deux fois plus susceptibles de développer un cancer de l’intestin que les personnes de poids normal. Les chercheurs ont trouvé une autre tendance : un nombre remarquable de participants à l’étude touchés par le cancer du côlon avaient perdu du poids involontairement avant le diagnostic. Une perte de poids de deux kilos ou plus dans les deux ans précédant le diagnostic était sept fois et demie plus fréquente chez les personnes atteintes de cancer que chez celles du groupe de contrôle. Selon les chercheurs, pendant cette période, le cancer est déjà présent, mais ne s’est pas encore manifesté par des symptômes.
Troubles rénaux et goutte. L’obésité augmente le risque de souffrir d’insuffisance rénale ainsi que de goutte.
– Problèmes digestifs. L’obésité augmente la probabilité de développer des brûlures d’estomac, des maladies de la vésicule biliaire et des problèmes hépatiques.
Apnée du sommeil. Les personnes obèses sont plus susceptibles de souffrir d’apnée du sommeil, un trouble potentiellement grave qui se traduit par des arrêts et des redémarrages répétés de la respiration pendant le sommeil.
Arthrose. L’obésité augmente la pression exercée sur les articulations portantes et favorise l’inflammation dans l’organisme. Ces facteurs peuvent entraîner des complications telles que l’arthrose.
– Symptômes graves de Covid-19. L’obésité augmente le risque de développer des symptômes graves de la Covid-19. Les personnes qui présentent des cas graves de Covid-19 peuvent avoir besoin d’un traitement dans des unités de soins intensifs, voire d’une assistance mécanique pour respirer.

Complications psychologiques – Stigmatisation 
– La stigmatisation de l’obésité est très délétère pour les patients qui y sont exposés. On entend par stigmatisation du poids les attitudes et croyances négatives concernant le poids qui s’expriment sous la forme de stéréotypes, je préjugés et de traitements injustes à l’égard des personnes en surpoids ou obèses. La stigmatisation de l’obésité est partout, dans la population générale, dans les médias et réseaux sociaux, à l’école, dans la famille, les amis ou chez les professionnels de la santé. La stigmatisation provient du fait que dans l’inconscient collectif, la personne qui souffre d’obésité est responsable de son état. Elle mangerait trop ou ne ferait pas assez d’exercice physique. Or, cette simplification n’est pas correcte. Comme on l’a vu, il y a plus d’une centaine de variables qui influencent la prise de poids, des facteurs génétiques, biologiques, physiologiques, hormonaux, etc. 
– La confrontation répétée à des paroles ou des évènements stigmatisants peut mener à l’apparition d’une stigmatisation internalisée. En effet, une étiquette de “déviant” est d’abord attribuée à un individu par d’autres personnes en cours d’interactions sociales. La personne se trouve ensuite réduite à son étiquette (le stigmate) et ses autres qualités, son histoire, sa personnalité s’effacent derrière la caractéristique stigmatisante (c’est un “gros”, un “handicapé”, etc.). Cette étiquette va alors justifier une série de discriminations sociales (effet objectif). Le stigmatisé finit par intérioriser la dévalorisation (effet subjectif). Le piège se referme sur la personne lorsque le stigmatisé  trouve normal d’être considéré de la sorte, lorsqu’il considère comme légitimes les traitements discriminatoires qu’il subit. Il passe de victime à coupable : il est responsable de sa situation. 
– La stigmatisation internalisée a des conséquences dramatiques pour le patient. Un effondrement de l’estime de soi, de l’image de soi, de l’affirmation de soi, de la qualité de vie et de l’isolement social. Mais aussi une dépression, des idées suicidaires voire un suicide. Lorsqu’un médecin est à l’origine de cette stigmatisation, le patient ne poursuivra pas son suivi médical et sera admis aux urgences en cas de nécessité, ce qui sera dangereux pour sa santé. De plus, on note une augmentation des troubles du comportement alimentaire et une diminution de l’activité physique, ce qui va engendrer une augmentation du degré d’obésité et une aggravation des complications cardio-métaboliques. 
– Enfin, cette stigmatisation internalisée doit être traitée car des études ont prouvé qu’elle pouvait provoquer l’échec de la prise en charge et du traitement de l’obésité. 

Traitements

Un profil de santé complet déterminera le plan de traitement individuel de chaque patient. Le prestataire de soins de santé (ex. médecin) tentera d’abord de soigner les problèmes de santé les plus urgents, avant de proposer un plan de perte de poids à plus long terme. Parfois, il peut recommander des changements rapides pour obtenir un effet immédiat, comme changer de médicaments. Le plan de traitement global sera plus progressif et fera probablement intervenir de nombreux facteurs. Des études ont montré à plusieurs reprises que les programmes intenses, fondés sur le travail d’équipe et prévoyant une communication fréquente et personnelle entre le prestataire de soins et le patient sont les plus efficaces pour aider les gens à perdre du poids et à ne pas le reprendre.
Lire aussi : Traitement de l’obésité selon une médecin spécialiste du sujet : Dre Dominique Durrer

Le traitement de l’obésité peut inclure :

Changements de régime
Les changements alimentaires à apporter pour perdre du poids sont propres à chacun. Certaines personnes peuvent bénéficier d’une réduction de la taille des portions ou des collations entre les repas. Pour d’autres, il s’agit davantage de changer ce qu’elles mangent que les quantités qu’elles consomment. Presque tout le monde peut tirer profit d’une alimentation à base de plus de végétaux. Les fruits, les légumes, les céréales complètes et les légumineuses sont généralement moins gras et plus riches en fibres et en micronutriments. Ils sont plus nutritifs et peuvent permettre de se sentir plus rassasié et plus satisfait après avoir consommé moins de calories.

Plus d’activité (exercice physique)
Tout le monde a entendu dire que l’alimentation et l’exercice sont tous deux importants pour la perte et le maintien du poids. Le simple fait de marcher à un rythme modéré est l’un des types d’exercice les plus efficaces pour perdre du poids. Les professionnels de la santé suggèrent de marcher 30 minutes, cinq jours par semaine. Une promenade quotidienne à l’heure du déjeuner ou avant ou après le travail peut faire une réelle différence.

Thérapies comportementales
Les conseils, les groupes de soutien et les méthodes telles que la thérapie cognitivo-comportementale peuvent avoir un rôle à jouer dans la perte de poids. Ces méthodes peuvent aider à se reconnecter avec le cerveau pour favoriser les changements positifs. Elles peuvent également aider à gérer le stress et à traiter les facteurs émotionnels et psychologiques qui peuvent jouer en votre défaveur. Le poids et les efforts de perte de poids nous affectent à de nombreux niveaux, il peut donc être utile de bénéficier d’un soutien tant sur le plan humain que sur le plan pratique.

Médicaments (contre l’obésité)
Le médecin ou autre prestataire de soins peut recommander des médicaments à utiliser en association avec d’autres traitements. Les médicaments ne sont pas la seule solution pour perdre du poids, mais ils peuvent aider à aborder le problème sous un autre angle. Par exemple, les coupe-faim peuvent intercepter certaines des voies cérébrales qui affectent votre faim.
Certaines molécules (médicaments) souvent utilisées contre la perte de poids (en gras celles les plus efficaces) sont :
Orlistat (Xenical® et génériques). Ce médicament réduit l’absorption des graisses dans l’intestin.
Liraglutide (Saxenda®). Ce médicament pris sous forme d’injection réduit l’appétit et ralentit la digestion.
Sémaglutide (Wegovy® et Ozempic®). Ce médicament pris sous forme d’injection réduit l’appétit et ralentit la digestion. Le Wegovy® peut mener à une perte de poids comprise entre 15 et 18%11. L’Ozempic® est prescrit contre le diabète avec ou sans obésité. 
D’autres molécules (médicaments) notamment utilisées aux Etats-Unis pour traiter l’obésité sont :
Tirzépatide (Mounjaro®, Zepbound®). Le tirzépatide est un antidiabétique appartenant au groupe des agonistes doubles des récepteurs GIP et GLP-1, indiqué pour le traitement du diabète de type 2 et contre l’obésité (dans certains pays comme la Suisse ou les Etats-Unis).
– Phentermine. Un médicament qui diminue l’appétit. Son utilisation était approuvée en 2022 aux Etats-Unis pour une durée de trois mois à la fois.
– Benzphetamine. Ce médicament diminue l’appétit.
– Diéthylpropion. Ce médicament diminue l’appétit.
– Phendimétrazine. Ce médicament diminue l’appétit.
– Bupropion-naltrexone (nom de marque aux Etats-Unis : Contrave). Ce médicament peut réduire les fringales et la consommation de nourriture.
– Cellulose et acide citrique. Ce médicament donne une sensation de satiété.
– Lisdexamfetamine dimesylate. Ce médicament aide à gérer les symptômes de l’hyperphagie boulimique.
– Phentermine-topiramate (nome de marque aux Etats-Unis : Qsymia). La phentermine, médicament amaigrissant, et le topiramate, anticonvulsivant, agissent ensemble pour supprimer l’appétit et favoriser la sensation de satiété12.

Chirurgie de l’obésité (bariatrique)
Lors d’IMC supérieur ou égal à 40, la chirurgie de l’obésité ou bariatrique peut être une bonne option. La chirurgie est une solution sérieuse mais très efficace pour perdre du poids de manière significative et à long terme. Elle consiste à modifier la biologie plutôt que l’esprit ou les habitudes. Toutes les interventions de chirurgie bariatrique modifient le système digestif d’une manière ou d’une autre. Elles limitent le nombre de calories absorbée. Elles modifient également les facteurs hormonaux du système digestif qui affectent le métabolisme et la faim. Plus d’informations sur la chirurgie de l’obésité

Prise en charge globale de l’obésité : 
Lire aussi : Traitement de l’obésité selon une médecin spécialiste du sujet : Dre Dominique Durrer

Prévention – Bons conseils

– Essayez d’adopter un régime adapté avec peu de calories. Limitez la nourriture grasse et riche en sucre rapide (fast-food) ainsi que les boissons sucrées également riches en sucre rapide comme les sodas. Essayez de boire de l’eau de préférence.

– L’alcool est aussi très calorique. Faites attention à ne pas en boire trop régulièrement, en particulier les alcools forts et la bière (relativement calorique avec le malt).

– Essayez de bien connaître la teneur en calorie de chaque aliment.

– Pratiquez régulièrement une activité physique. Les professionnels de la santé suggèrent de marcher 30 minutes, cinq jours par semaine.

– Cultivez le bien-être général. Réduisez votre temps d’écran, sortez et allez vous promener. Gérez votre stress et essayez de dormir suffisamment pour contrôler votre taux d’hormones. Concentrez-vous sur les changements positifs et les activités saines plutôt que sur l’impact de vos efforts sur votre poids.

News :
Perte de poids : comment fonctionnent l’Ozempic® et le Wegovy® ?

Crédits photos et infographie :
Adobe Stock, Pharmanetis Sàrl

Historique de la révision médicale du dossier, auteurs et correcteurs :
– 10.10.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien – révision rubrique Traitements)
– 02.10.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien – révision générale)
– 02.03.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien – révision rubrique Bref résumé)
– 02.03.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien – révision rubrique Epidémiologie – obésité dans le monde)
– 08.02.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien – révision rubrique Traitements)
– 01.05.2023 (par Dre Dominique Durrer, médecin – révision médicale complète du dossier)

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Magazine anglais The Economist, édition papier du 6 avril 2024
  2. SANJEEV NANDA (M.D.), Mayo Clinic a-z Health Guide, WHAT YOU NEED TO KNOW ABOUT SIGNS, SYMPTOMS, DIAGNOSIS & TREATMENT, 2nd edition, Rochester, Mayo Clinic Press, 2023.
  3. Article en français de l’OMS, Obésité et surpoids, datant du 20 août 2020, accédé par Creapharma.ch le 2 avril 2023
  4. PLUSIEURS AUTEURS, Le Larousse Médical, Paris, Larousse, 2012
  5. Article de la Cleveland Clinic (Health Library), Obesity, datant du 13 juin 2022, site accédé par Creapharma.ch le 2 avril 2023 et le lien marchait à cette date
  6. The Economist, 30 septembre 2023
  7. Magazine L’Express, édition papier du 2 mars 2023, et le journal Le Figaro du 11 septembre 2023
  8. Le Figaro, édition du 11 septembre 2023
  9. O Estado de S.Paulo (Brésil), 26 novembre 2022
  10. Agence de presse suisse Keystone-ATS, avec notre partenaire Pharmapro.ch qui est client de l’agence. Le 4 mai 2023
  11. The Wall Street Journal, édition du 28 mars 2023
  12. Newsletter de la Mayo Clinic, Mayo Clinic Health Letter, page 3, édition extra de février 2024 parlant notamment des médicaments contre le surpoids et l’obésité

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 22.10.2024
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