Faire de l’exercice réduit le risque de mortalité due au manque ou à l’excès de sommeil (étude)

SOPHIA ANTIPOLIS (FRANCE) – Le manque ou au contraire l’excès de sommeil est associé à une espérance de vie plus courte, mais les scientifiques ont découvert que l’activité physique pourrait atténuer cet effet négatif. C’est le résultat d’une étude menée sur plus de 90’000 adultes et publiée le 30 mars 2023 dans le journal scientifique European Journal of Preventive Cardiology (DOI : 10.1093/eurjpc/zwad060).

Effets conjoints de l’activité physique et de la durée du sommeil

Faire de l’exercice réduit le risque de mortalité due au manque ou à l’excès de sommeil

Selon l’auteur de l’étude, le Dr Jihui Zhang, de l’hôpital cérébral affilié à l’université médicale de Guangzhou, en Chine, l’étude a montré que l’augmentation des niveaux d’activités physiques affaiblissait les risques de mortalité associés à une durée de sommeil trop courte ou trop longue.

Une activité physique suffisante et un sommeil sain contribuent ainsi tous deux à prolonger l’espérance de vie. Toutefois, la manière dont l’activité physique peut interagir avec la durée du sommeil pour promouvoir la santé n’est pas claire. La principale limite des études précédentes était l’utilisation d’une activité physique et d’un sommeil autodéclarés, ce qui est subjectif et peut être inexact. Au contraire, dans le cadre de cette étude, l’usage d’un accéléromètre pour enregistrer les mouvements a permis d’obtenir des estimations objectives et plus fiables de l’activité et de la durée du sommeil.

Cette étude est la première à examiner les effets conjoints de l’activité physique et de la durée du sommeil sur le risque de mortalité à l’aide de l’accéléromètre. L’étude a porté sur 92’221 adultes âgés de 40 à 73 ans de la cohorte UK Biobank (une banque de données britannique). Les participants ont porté un bracelet accéléromètre pendant une semaine entre 2013 et 2015.

Paramètres de l’étude

La durée du sommeil par nuit a été classée comme courte si moins de six heures, de normale entre six à huit heures ou de longue si plus de huit heures. Le volume total d’activité physique a été divisé en trois, soit faible, intermédiaire et élevé. L’activité physique modérée à vigoureuse a été classée comme conforme ou non aux lignes directrices de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les données relatives à la mortalité ont été recueillies à partir des registres de décès. Le premier critère pris en compte était le décès toutes causes confondues. Les critères d’évaluation secondaires étaient le décès dû à une maladie cardiovasculaire et le décès dû à un cancer.

L’âge moyen des participants était de 62 ans et 56% d’entre eux étaient des femmes. Au cours d’un suivi médian de sept ans, 3’080 participants sont décédés dont 1’074 d’une maladie cardiovasculaire et 1’871 d’un cancer.

Résultats

Les chercheurs ont examiné l’influence de l’activité physique sur l’impact du sommeil sur la mortalité, en s’intéressant d’abord au volume d’activité et ensuite à l’activité physique, modérée à vigoureuse. Les analyses ont été ajustées en fonction des facteurs susceptibles d’influencer la relation, notamment l’âge, le sexe, l’origine ethnique, la privation, le niveau d’éducation, la saison de mesure du sommeil, l’indice de masse corporelle, le régime alimentaire, le tabagisme, la consommation d’alcool et la profession.

En ce qui concerne le volume d’activité, chez les personnes ayant un faible niveau d’activité, un sommeil court et un sommeil long étaient associés respectivement à des risques accrus de 16% et 37% de décès toutes causes confondues. Chez les participants ayant un volume d’exercice intermédiaire, seul un sommeil court était préjudiciable, avec une probabilité accrue de 41% de décès toutes causes confondues. Chez les participants qui faisaient beaucoup d’exercices, la durée du sommeil n’était pas liée au risque de décès. En ce qui concerne les décès d’origine cardiovasculaire, les personnes dormant peu et faisant peu d’exercices physiques présentaient un risque accru de 69%, qui disparaissait lorsque le volume d’exercice passait à un niveau modéré ou élevé. En ce qui concerne les décès par cancer, les personnes dormant longtemps et pratiquant peu d’exercices physiques présentaient un risque accru de 21%, qui disparaissait lorsque le volume d’exercice passait à un niveau modéré ou élevé.

Des résultats similaires ont été obtenus pour l’activité physique modérée à vigoureuse. Chez les participants ne répondant pas aux recommandations de l’OMS, un sommeil court et un sommeil long étaient associés respectivement à un risque accru de 31% et 20% de décès toutes causes confondues. Ces risques ont disparu chez les participants qui respectaient les recommandations de l’OMS concernant l’activité physique. En ce qui concerne les décès d’origine cardiovasculaire, les personnes dormant peu et ne respectant pas les recommandations relatives à l’intensité de l’exercice physique présentaient un risque accru de 52%, qui disparaissait chez les personnes respectant les recommandations. En ce qui concerne les décès par cancer, les personnes dormant longtemps et ne respectant pas les recommandations présentaient un risque accru de 21%, qui disparaissait chez celles qui suivaient les recommandations de l’OMS.

Activité physique et sommeil suffisant : deux comportements à promouvoir

D’après les chercheurs, ces résultats suggèrent que les efforts de promotion de la santé ciblant à la fois l’activité physique et la durée du sommeil peuvent être plus efficaces au lieu de se concentrer sur un seul comportement en vue de prévenir ou retarder les décès prématurés chez les adultes d’âge moyen, plus âgés ou les personnes âgées. Dans un scénario idéal, les gens devraient toujours dormir et faire de l’activité physique en quantité suffisante, même si l’étude indique qu’une activité physique suffisante peut partiellement compenser les effets néfastes d’une nuit de sommeil insuffisante.

Faire de l’exercice réduit le risque de mortalité due au manque ou à l’excès de sommeil (étude)

Références & Sources :
European Journal of Preventive Cardiology (DOI : 10.1093/eurjpc/zwad060), communiqué de presse de l’étude en anglais (via EurekAlert).

Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Seheno Harinjato (rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies). Contrôle final : Xavier Gruffat (pharmacien).

Date de dernière mise à jour du dossier :
31.03.2023

Crédits photos :
Creapharma.ch, Adobe Stock, © 2023 Pixabay. Image d’illustration.

Crédit infographie : 
Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 31.03.2023
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